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18 mois pour faire front : la Coalition “Ocean Rise & Resilience” face au défi d’un Océan qui se réchauffe

Par Christian Estrosi, Maire de Nice, Président de la Métropole Nice Côte d’Azur, Président délégué de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur

L’Océan est malade de l’humanité ; et si nous ne faisons rien, nous le paierons bientôt très cher. Le Giec a prévenu, l’Océan se réchauffe, progressivement, mais inexorablement, avec des conséquences en cascade : montée des eaux, acidification et désoxygénation des eaux, ravages dans la biodiversité marine, événements climatiques extrêmes comme la tempête Ciarán et l’ouragan Otis qui ont ravagé l’Europe et Acapulco, au Mexique, le mois dernier.

D’ici 2100, ce sont plus de 600 millions de personnes à travers les continents qui pourraient vivre sur des terres exposées à des inondations chroniques ; et ce chiffre dépasse le milliard dans les scénarios plus pessimistes.

Le constat est sombre, mais ce n’est pas le moment de baisser les bras, bien au contraire.

Il est d’abord urgent que les États s’entendent sur un accord international. Trop longtemps, la communauté internationale n’a pas vu que l’Océan était une bombe climatique à retardement ; et il n’a pas eu son sommet fondateur comme celui de la Terre à Rio, son protocole de Kyoto, ni ses accords de Paris. Arriver à un tel accord, négocié et signé par les plus de 110 États concernés, c’est justement l’objectif de la Conférence des Nations unies sur l’Océan, organisée à Nice par l’ONU, avec la France et le Costa-Rica, en juin 2025. Il est grand temps.

Mais pour avancer sur ces grands sujets planétaires, il n’y a pas forcément besoin d’avoir tous les États réunis. D’autres voies sont possibles, comme la coopération directe, pratique, entre les territoires et les villes du monde entier. Permettre aux hommes et femmes de terrain d’échanger, c’est tout l’esprit de la Coalition « Ocean Rise & Resilience », que le Président de la République m’a demandé de constituer et d’animer, afin qu’elle se réunisse pour la première fois en marge de la Conférence de Nice.

Nous avons donc 18 mois pour rassembler les villes et régions côtières et les petits États insulaires, qui sont les premiers concernés et les premiers à pouvoir agir et qui ont – je parle d’expérience comme Maire de Nice – énormément à se dire.

La coopération scientifique est une priorité. Il y a beaucoup à faire, dans tous les domaines : catastrophes naturelles et leur prévention, biodiversité marine, pollutions, fonctionnement des courants marins, circulation des eaux. L’Océan reste profondément méconnu – on a mieux cartographié la surface de la lune que le fond des mers ! – et il parait illusoire d’espérer guérir l’Océan sans le connaître.

Il s’agit également de favoriser les coopérations directes, en échangeant savoir-faire, outils, retours d’expérience. Il y a, à travers le monde, des trésors que l’on ne soupçonne pas et cette Coalition est l’occasion d’organiser un véritable tour du monde des possibles.

Il y a enfin la question du financement. Tout cela va coûter cher ; et pour beaucoup, l’effort financier est hors de portée. Il est essentiel d’organiser une solidarité de moyens entre les pays les plus riches et les autres. Pourquoi, par exemple, ne pas penser un mécanisme qui permette de mettre en commun des ressources publiques et privées pour aider les villes et régions à financer leurs efforts d’adaptation ?

À l’heure où les Nations unies peuvent sembler en difficulté, on peut se réjouir que le multilatéralisme, sous l’impulsion notamment du Président Macron, s’enrichisse de cette nouvelle dimension. Cela ne peut qu’accélérer notre réaction collective ; et c’est aussi une manière d’entretenir la flamme de la coopération internationale, si nécessaire, si incontournable. En cela, c’est doublement une bonne nouvelle.

Il faut le dire franchement : les villes côtières vont devoir se défendre, ou être abandonnées. Travailler ensemble, se dire ce qui fonctionne ou pas est une urgence, et à mon sens la seule voie possible. C’est en tous cas celle que j’entends poursuivre avec cette Coalition « Ocean Rise & Resilience »

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