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Electricité : pas de blackout cet hiver

Selon le gestionnaire du réseau de transport d’électricité (RTE), les risques de coupures cet hiver sont faibles.

“Une meilleure disponibilité des moyens de production, des niveaux élevés pour les stocks hydraulique et gazier, et des échanges fluides au niveau européen”. Voilà des nouvelles rassurantes de RTE, le gestionnaire du réseau de transport d’électricité qui devraient nous assurer un hiver plus apaisé. « On est beaucoup plus serein que l’hiver dernier » reconnaît même Xavier Piechaczyk, président du directoire de RTE devant les journalistes début novembre. A la veille de l’entrée dans l’hiver, particuliers, entreprises et politiques redoutaient alors des coupures électriques. Les chiffres donnés par RTE nous laissent bon espoir d’y échapper.

Contrairement aux cassandres de l’hiver dernier, le pire avait été évité en 2022 grâce aux efforts de tout le monde. En bons petits soldats, les Français, particuliers et entreprises, avaient su réduire leur consommation autour de 9 % (hors effet météo). En complément des imports d’électricité, cette baisse inédite des consommations s’était maintenue au printemps et à l’été. Dans ses perspectives pour l’hiver 2023-2024, RTE a choisi d’être d’un optimisme « raisonnable » en maintenant une hypothèse centrale de consommation identique aux niveaux observés l’an dernier, dans un contexte où les prix de l’électricité demeurent élevés et avec le lancement d’un second plan gouvernemental de sobriété. Une option confirmée par les relevés de consommation des Français qui montrent une baisse qui se situait en septembre à -8 % par rapport aux consommations d’avant crise (-5 % en septembre 2022). « L’hiver 2022-2023 a montré que la mobilisation des Français, des entreprises, des collectivités et acteurs publics avait un véritable impact sur la consommation d’électricité. Même si le risque zéro n’existe pas, la situation se présente mieux » a confirmé Xavier Piechaczyk.

Sans compter qu’en 2023, « tous les déterminants de la sécurité d’approvisionnement en électricité ont évolué dans un sens favorable » se réjouit RTE qui cite la disponibilité du parc nucléaire qui « pourrait atteindre un maximum de 50 GW en janvier 2024 (soit 6 GW de plus qu’en janvier 2023) ». Les perspectives de production nucléaire sont comprises entre 300 et 330 TWh en 2023, contre 279 TWh en 2022. Malgré une sécheresse qui a touché la France début 2023, le niveau de remplissage des stocks hydrauliques se situe aujourd’hui au-dessus des moyennes historiques poursuit le gestionnaire. Côté énergies renouvelables (EnR), la poursuite de leur développement « contribuera activement à la sécurité d’approvisionnement cet hiver ». Les parcs éoliens en mer de Saint-Brieuc et Fécamp devraient également entrer en service progressivement au cours de l’hiver (pour une puissance installée de 1 GW) en complément du parc de Saint-Nazaire en fonctionnement depuis novembre 2022. Quant à l’approvisionnement en gaz, il ne constitue pas aujourd’hui un facteur de risque majeur. Enfin, les deux dernières centrales au charbon (Cordemais et Saint-Avold) seront disponibles cet hiver et leur sollicitation devrait rester très limitée et bien en deçà du plafond encadrant leur durée de fonctionnement.

Au final, si le début de l’hiver s’annonce plutôt bien, des inquiétudes subsistent toutefois sur les mois de janvier et février. « Les incertitudes portent essentiellement sur les conditions météorologiques (vague de froid, vent faible) ainsi que sur le maintien des niveaux bas de consommation en France et Europe, et sur la disponibilité effective des réacteurs nucléaires » avance prudemment RTE.

Et si la situation empirait, le gestionnaire pourrait mettre en œuvre l’offre d’effacement souscrite par des particuliers et des entreprises qui leur donne la possibilité de diminuer leur consommation sur demande et de reporter certains usages pour alléger le réseau électrique. Ceux qui y ont souscrit pourraient pendant deux à quatre heures voir leur accès à l’électricité réduit.

Quoiqu’il en soit, les Français pourront toujours compter sur l’indicateur EcoWatt qui permet de moduler ou déplacer sa consommation au meilleur moment pour un système électrique encore plus décarboné. Dans sa nouvelle version, EcoWatt affiche désormais les heures durant lesquelles la France peut couvrir toute sa consommation à partir d’une production nationale d’électricité totalement décarbonée (nucléaire, hydraulique, éolien, solaire). « Ces heures particulièrement favorables à la consommation sont plus fréquentes la nuit et l’après-midi du printemps à l’automne, mais interviennent aussi l’hiver pendant les périodes de températures clémentes, de forte production renouvelable ou les week-ends » indique RTE. 


Une consommation de gaz en baisse en France
Entre le 1er août et le 5 novembre 2023, la consommation française de gaz a baissé de 27,7 % par rapport à la même période en 2018. En neutralisant les effets climatiques, on observe une baisse de 22,2 % indique GRTgaz. « Cette baisse de la consommation brute est la résultante d’une diminution de la consommation de gaz de l’ensemble des secteurs » explique le gestionnaire du réseau. La consommation de gaz des industriels raccordés au réseau de transport est en baisse de 25,7 % en lien avec leur sobriété. Pour les distributions publiques, la baisse de 25,8 % des consommations brutes est liée à la fois à un climat plus clément qu’en 2018-2019 et à des efforts de sobriété des consommateurs. Enfin, la combinaison d’une disponibilité des centrales nucléaires revenue dans les niveaux observés en 2015-2019, d’une production des énergies renouvelables importante et de la sobriété des consommateurs d’électricité, a entrainé une baisse significative de la sollicitation des centrales à gaz (- 41,3 %) par rapport à l’année de référence 2018-19.

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