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Quels sont les bâtiments énergivores ?

La consommation d’énergie a baissé d’une année sur l’autre dans la plupart des secteurs indique l’entreprise Deepki spécialisée dans l’étude de la performance énergétique des bâtiments.

Quelle est la consommation énergétique de l’immobilier selon les secteurs ? Pour la deuxième année, Deepki a présenté les résultats de son ESG Index 2023 qui mesure la performance ESG du secteur immobilier à l’aide de données réelles. L’index donne la valeur de la consommation d’énergie et des émissions de CO2 pour la moyenne des bâtiments, les 30 % les plus performants et les 15 % les plus performants pour différentes typologies du secteur de l’immobilier commercial en France, au Royaume-Uni, en Allemagne, au Benelux, en Italie et en Espagne, ainsi que dans l’ensemble de l’Europe, définissant ainsi les investissements durables selon la Taxonomie Européenne. Les résultats de cette édition 2023 démontrent que la performance ESG de l’immobilier commercial en Europe varie fortement d’une année à l’autre en fonction de la typologie des bâtiments : « les logements, les bureaux, la santé et les commerces ont vu leur consommation d’énergie finale baisser, contrairement aux hôtels, dont la consommation a augmenté, tandis que celle de la logistique est restée stable » expliquent Vincent Bryant et Emmanuel Blanchet, co-fondateurs de Deepki.

Sur les cinq secteurs analysés en Europe, « l’hôtellerie est le seul à connaître une augmentation de la consommation d’énergie finale ». « Cela peut être attribué à une augmentation du taux d’occupation, alors que l’industrie hôtelière se remet de l’impact du Covid-19, ce qui reflète une évolution en termes d’utilisation qui n’est pas nécessairement liée à la recherche d’efficacité énergétique ». Les hôtels de luxe sont les principaux contributeurs à la consommation de ce secteur, en raison de la nature des services offerts. « Les propriétaires doivent donc trouver de nouvelles solutions moins énergivores pour maintenir le même niveau de service » poursuit Vincent Bryant. En termes d’émissions de carbone, les secteurs de l’hôtellerie et de la santé sont les plus importants en Europe, avec 39 kgCO2eq/m2 chacun. A l’inverse, le secteur de la logistique est celui qui consomme le moins d’énergie en Europe.

Pour la France, la tendance générale est à la baisse, « grâce notamment à un climat plus doux en 2022 ». « La France fait plutôt partie des très bons élèves. À bien des égards, elle fait partie des meilleurs, des pays le plus avancés en matière d’efforts faits pour réduire l’empreinte environnementale et climatique de l’immobilier ». Une bonne performance qui s’explique, selon Vincent Bryant, par le cadre réglementaire « très contraignant » mis en œuvre en France, « preuve, selon lui, des ambitions beaucoup plus grandes en France qu’en Allemagne ou qu’en Espagne ».

Comme ailleurs en Europe, les hôtels affichent une hausse significative de la consommation qui ne correspond pas à l’évolution attendue compte tenu du climat observé mais « cela semble cohérent avec la reprise de l’activité dans le secteur après la pandémie » juge Emmanuel Blanchet. « C’est par ailleurs dans le secteur du logement que la baisse est la plus importante » observe-t-il. Pour les co-fondateurs de l’index, il pourrait s’avérer qu’il s’agisse du secteur où la combinaison des effets du climat et des coûts de l’énergie est la plus forte. « Grâce à une électricité à faible teneur en carbone, la France a des émissions de CO2 parmi les plus faibles de ses pays voisins » concluent-ils.

Mais attention, prend soin d’avertir Vincent Bryant, « être en avance ne signifie pas que l’on puisse se reposer sur nos lauriers ». « Nous sommes très, très loin d’atteindre les objectifs de 2050. On constate des efforts d’intensification faits par tous les acteurs du secteur immobilier, mais on ne va pas assez vite ». Pour atteindre ces objectifs, il serait nécessaire de mettre l’accent sur l’embauche de salariés qualifiés dans la rénovation/construction énergétique, dont le nombre est estimé à 300 000. Des emplois qualifiés mais également des matériaux de haute qualité et contrôlés. « La production d’équipements de pointe comme les pompes à chaleur et les panneaux solaires doit être relocalisée. Il est impossible de construire un bâtiment vert si on doit attendre douze mois pour un équipement clé » ajoute Vincent Bryant. 

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