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SNCF : la concurrence sur les rails

Implanté depuis le mois de juillet en France, le transporteur espagnol Renfe s’est dit satisfait de ses premières semaines d’exploitation.

Le bilan est prometteur. Au mois d’août, après un mois d’exploitation de ses deux lignes françaises (Barcelone-Lyon et Madrid-Marseille), le transporteur ferroviaire espagnol Renfe a annoncé avoir vendu plus de 100 000 billets, soit environ 3 000 billets vendus par jour et un taux d’occupation qui dépasse les 80 %. Après Trenitalia qui roule sur le tronçon Paris/Lyon depuis 2021, Renfe est le deuxième opérateur ferroviaire étranger à venir s’implanter en France depuis l’ouverture à la concurrence en 2019. Pour se lancer Renfe a proposé des billets à des prix attractifs (9 euros entre deux villes et 29 euros pour un billet Barcelone-Lyon ou Madrid-Marseille), ce qui explique en partie l’engouement suscité. Une tarification spéciale et avantageuse qui devrait prendre fin en octobre. Les liaisons ouvertes par l’Espagnol permettent aussi aux voyageurs de s’arrêter dans des villes moins souvent desservies par la SNCF comme Aix-en-Provence, Montpellier, Narbonne, Perpignan, et la liste ne devrait pas s’arrêter en si bon chemin assure-t-on du côté de la Renfe. « Après ce bon démarrage, Renfe commencera à opérer quotidiennement sur la ligne Lyon le 1er septembre et sur la ligne Marseille le 1er octobre » a indiqué la compagnie espagnole dans un communiqué.

Ce nouveau concurrent peut-il faire de l’ombre à la SNCF ? Rien n’est moins sûr. Pour plusieurs raisons. D’abord, sur les 100 000 billets annoncés par le transporteur espagnol, seuls 43 000 ont été utilisés pour voyager réellement. Ensuite, les prix de lancement particulièrement attractifs ne devaient pas permettre à l’opérateur de s’enrichir. Enfin, la SNCF ne se dit pas particulièrement inquiète de ce nouvel arrivant, les lignes ouvertes à la concurrence étant peu ou pas utilisées par la SNCF et pas particulièrement fréquentées. Si cette concurrence peut tirer les prix vers le bas, la vraie différence peut se faire sur la qualité de service, avec un confort et des facilités plus grandes offertes par la Renfe. A noter surtout, qu’un nouvel arrivant est aussi et surtout pour les voyageurs, l’opportunité d’avoir un plus grand nombre de sièges disponibles, d’autant plus que depuis le Covid, la SNCF a eu tendance à réduire son offre. « Si vous regardez dans les pays étrangers qui se sont ouverts à la concurrence, le pays où il y a le plus de concurrence, c’est l’Italie. Et même dans ce pays où il y a beaucoup de concurrence, l’opérateur historique reste largement majoritaire. Donc oui, il va y avoir une ouverture progressive, mais ça donne plutôt l’impression qu’il y a de la place pour tout le monde. Même s’il ne faut pas se voiler la face : si le service est de bonne qualité et les prix moins chers, il y aura tout de même pour la SNCF une petite concurrence, une obligation de faire attention à ses prix, à ses services. Mais ce n’est pas non plus la panique » précise l’économiste spécialisée dans le ferroviaire Patricia Perennes.

A noter enfin que cette ouverture à la concurrence n’en est encore qu’à ses débuts. Avec déjà un million de voyageurs sur ses lignes Paris-Milan et Paris-Lyon, Trenitalia a d’ores et déjà indiqué que la France était une priorité (+10 % de son trafic en 2022). Londres pourrait être la prochaine ligne soumise à concurrence. 


Créer un Pass Rail en France ?
Le chef de l’Etat s’est dit favorable à créer un pass rail sur le modèle existant en Allemagne. Pour 49 euros à l’année, les Allemands peuvent voyager librement sur toutes les lignes de transport en commun locaux (métro, tram, bus) ou régionaux (trains), à l’exception des LGV. Emmanuel Macron a demandé « au ministre des Transports (Clément Beaune, ndlr) de lancer avec toutes les régions qui sont prêtes à le faire le même dispositif ». Depuis la loi de décentralisation des transports initiée en 2000, les régions (TER) et les collectivités locales (transports urbains) sont libres d’en fixer la tarification des transports. Ni l’Etat, ni la SNCF ne peuvent imposer « un tarif unique ». Il semble donc bien difficile de mettre tout le monde d’accord sur un tarif commun. « Le président de la République a souvent de très bonnes idées, mais il faut surtout qu’il arrête d’avoir des idées avec le pognon des collectivités locales » s’est emporté sur franceinfo Franck Dhersin, le vice-président de la région des Hauts-de-France en charge des mobilités. Clément Beaune espère un lancement du Pass Rail pour l’été 2024.

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