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Sénat : Rien ne bouge ou presque

Les élections sénatoriales confirment la stabilité des équilibres au palais du Luxembourg. La droite et le centre dominent, la gauche se renforce, la majorité présidentielle est à la peine et le RN de retour.

Dimanche 24 septembre, 79 000 grands électeurs étaient appelés à renouveler 170 sénateurs sur 348. 95 sénateurs sortants ont été réélus confirmant la stabilité de la chambre haute du parlement dominée par la droite et ses alliés du centre (53 élus vs 54 en 2020). « Le Sénat continuera à être ce contre-pouvoir indispensable à la démocratie » s’est félicité le président de l’institution, Gérard Larcher lui-même réélu à Rambouillet pour un sixième mandat. La droite compte 135 sièges contre 145 la mandature précédente. Pour le patron des sénateurs LR, Bruno Retailleau (Vendée) ces résultats de sont les fruits de la « reconnaissance » du travail réalisé par le Sénat « sur une ligne d’une opposition d’intérêt général, ni pavlovienne, ni complaisante ».

A gauche, les socialistes (65 élus) confortent leur place du deuxième groupe parlementaire sénatorial avec 64 sièges ce qui est loin de déplaire à leur chef de file au palais du Luxembourg, Patrick Kanner réélu dans le Nord qui peut être satisfait des accords conclus localement dans une quinzaine de départements avec les communistes, dont 75 % des sièges étaient renouvelables (17 élus vs 15 en 2020) et les écologistes (16 contre 12). « Symboliquement, c’est important » s’est réjoui le socialiste. A Paris, la liste d’union de gauche à Paris avec le PS, le PCF et EELV remporte huit des douze sièges de la capitale. Chez les communistes, on peut noter l’arrivée de Ian Brossat, le porte-parole du PCF et chez les écologistes l’eurodéputé Yannick Jadot, ancien candidat à l’élection présidentielle élu à Paris. « La France est particulièrement en retard et n’applique pas le droit européen [… ] Je veux être au Sénat pour porter tout le projet écologiste [… ] faire en sorte que la France soit à la hauteur du défi écologiste » a-t-il prévenu. Signalons également l’élection de Mathilde Ollivier, nouvelle sénatrice EELV représentant les Français établis hors de France qui devient à 29 ans la benjamine du Sénat.

Dénonçant la « vieille gauche », le parti de Jean-Luc Mélenchon, qui avait pourtant présenté des candidats un peu partout n’obtient aucun élu au Sénat dont il souhaite, rappelons-le la disparition. « Le refus de l’union autour de la Nupes a coûté à la gauche près de 10 sièges » a déploré dans un communiqué, LFI.

Au soir de cette élection, la majorité présidentielle faisait grise mine notamment après la défaite symbolique de la secrétaire d’Etat à la citoyenneté, Sonia Backès, seule ministre du gouvernement Borne en lice, battue en Nouvelle -Calédonie par l’indépendantiste Robert Xowie. L’ancienne ministre Brigitte Bourguignon déjà battue aux législatives a été encore une fois battue aux sénatoriales dans le Pas-de-Calais. Julien Bargeton, porte-parole du groupe a été battu à Paris tandis que Xavier Iacovelli a sauvé son siège dans les Hauts-de-Seine. La majorité présidentielle - groupe RDPI au Sénat, présidé par François Patriat (Côte d’Or) - est tombée à 17 membres (contre 24 précédemment). La majorité présidentielle paye ici son manque d’ancrage territorial.

A noter une réelle poussée des soutiens d’Edouard Philippe du parti Horizons regroupés sous l’étiquette Les Indépendants au Sénat placés sous la présidence de Claude Malhuret. 13 en 2020, Les Indépendants sont aujourd’hui 18. Une belle progression saluée par leur président. « Ca prouve que la stratégie d’implantation territoriale, (…) ce qui est vraiment la marque de fabrique d’Horizons, se révèle payante » a déclaré Claude Malhuret tout sourire le soir des résultats.

Enfin, cette élection sénatoriale signe le retour du rassemblement national au palais du Luxembourg depuis le départ chez Reconquête de Stéphane Ravier, ex-RN. Le parti de Marine Le Pen obtient trois sièges : Christopher Szczurek dans le Pas-de-Calais, Joshua Hochart dans le Nord et Aymeric Durox en Seine-et-Marne.

Le troisième tour des sénatoriales se tiendra le 2 octobre prochain avec l’élection au plateau, (l’équivalent du perchoir) au Sénat. Sans surprise, Gérard Larcher devrait être réélu.

Les membres du bureau seront ensuite élus et les commissions permanentes constituées. La première séance du Sénat renouvelé se tiendra le 10 octobre. 

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