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“La République est bonne fille mais elle doit cesser de rémunérer ses violeurs !”

Entretien avec Nicolas Lacroix, Président (LR) du conseil départemental de Haute-Marne, Vice-président du Comité des Maires et des élus Les Républicains

Nicolas Lacroix, le président du Conseil départemental de Haute-Marne préconise de sanctionner les parents des mineurs délinquants en suspendant les aides sociales.

Vous êtes le président d’un département rural. Etes-vous concernés par les émeutes ?

Nous ne pensions pas l’être, et pourtant nous avons subi comme dans de nombreux autres territoires la sauvagerie d’une minorité. A Saint-Dizier, un bus a été brûlé, des commerces ont été détruits et pillés, le bureau de poste a été saccagé et des menaces ont été faites à l’encontre de nos écoles et nos collèges. Aucun territoire n’est épargné. Plus encore, chacun doit se sentir concerné, parce que c’est la République qui est visée, à travers les attaques contre nos institutions et nos élus, en particulier celle du Maire de L’Haÿ-les-Roses à qui je veux apporter à nouveau tout mon soutien.

Selon vous que faut-il faire pour sanctionner et tenter de mettre fin à l’impunité ?

C’est d’abord un travail profond qu’il faut engager rapidement. Notre pays a perdu le sens de l’autorité. Et nous le voyons avec le profil de ces « émeutiers » : ils sont jeunes, parfois et souvent même mineurs. Ils n’ont aujourd’hui plus de limite et la responsabilité des parents doit clairement être posée. Je propose donc quelque chose qui va dans ce sens : pour les mineurs, dans les sanctions pénales prévues par le code de justice des mineurs, les peines doivent pouvoir être assorties de mesures sanctionnant les parents en suspendant les aides sociales durant toute la période de mise à l’épreuve de leur enfant et plus en cas de récidive.

L’idée de suspendre ou de supprimer les allocations a déjà fait l’objet d’une réflexion qui n’a jamais abouti. En quoi cela pourrait-il changer aujourd’hui ? N’y a-t-il pas un risque de pénaliser des parents isolés déjà démunis ?

Il faut sur ce sujet comme sur d’autres faire confiance aux élus locaux. Nous connaissons nos habitants et nous savons distinguer d’un côté la mère de famille qui, travaillant de nuit ou le soir, est dépassée et ne peut être présente pour empêcher que ses enfants sortent et, de l’autre côté, des parents qui une fois rentrés, parce qu’ils veulent regarder leur feuilleton tranquillement, laissent leurs enfants revenir avec douze paires de Nike et les félicitent. C’est ce que je demande : changer la loi pour laisser la liberté aux élus locaux de mettre en œuvre la mesure de suspension des aides sociales.

Faudra-t-il en passer une loi et quelles pourraient en être les grandes lignes ?

Aujourd’hui, nous pouvons suspendre certaines aides sociales comme le RSA quand il y a une fraude ou un manque d’assiduité de la part du bénéficiaire dans les convocations qu’il doit honorer. C’est le principe des droits et des devoirs. La loi peut donc prévoir la suspension des aides sociales quand il y a un problème de comportement. La République est bonne fille mais elle doit cesser de rémunérer ses violeurs ! L’idée, c’est aussi celle du casseur-payeur : les cotisations payées par nos commerçants et nos entrepreneurs, et plus généralement les impôts et taxes payés par nos citoyens pour les aides sociales ne doivent plus servir à aider ceux qui détruisent notre pays. Nous ne pouvons plus l’accepter ni le comprendre. Il est insupportable que des gens qui s’en prennent à notre pays et à notre République bénéficient de sa solidarité. 

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