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L’absentéisme en entreprise en hausse

Les arrêts de travail ont touché 44 % des Français en 2022. Tous les secteurs et toutes les tranches d’âge sont touchés observe l’assureur AXA.

“L’année 2022 enregistre un nouveau record concernant l’absentéisme. Cette forte hausse est étroitement liée à une flambée des arrêts de travail de courte durée” énonce Yves Hérault, Directeur Data AXA Santé & Collectives en présentant les derniers chiffres de l’observatoire de l’assureur AXA*.

En 2022, 44 % des salariés se sont absentés au moins une fois dans l’année, « soit près d’un salarié sur deux ! Un record ! » souligne l’assureur qui rappelle qu’en 2019, 1 salarié sur 3 s’arrêtait au moins un fois (30 %).

Dans le détail, on note une forte hausse des arrêts de courte durée, en particulier sur le 1er trimestre 2022. « Les arrêts de travail compris entre 4 et 7 jours ont flambé ». Une augmentation qui « peut potentiellement être liée aux vagues épidémiques liées à Omicron qui ont affecté une grande partie des entreprises » juge AXA. Mais pas seulement. Le baromètre montre que les troubles psychologiques sont la première cause d’arrêts de travail de longue durée : ils représentent 22,2 % des arrêts survenus en 2022. « Ce phénomène est d’autant plus inquiétant qu’il touche de plus en plus de jeunes salariés ». Et si les troubles musculo-squelettiques avaient enregistré un léger recul en 2021, ils sont repartis à la hausse en 2022. Ce qui peut s’expliquer par la reprise d’activité mais aussi par le télétravail qui entraîne parfois plus de sédentarité ou de mauvaises postures compte tenu des habitudes de travail différentes et des équipements utilisés par le salarié à son domicile.

Autre constat du baromètre, celui de l’âge des absents : toutes les tranches d’âge ont été concernées par l’absentéisme même si les plus jeunes ont été encore plus touchés par le phénomène. Le taux d’absentéisme a ainsi progressé de plus de 50 % chez les moins de 30 ans entre 2019 et 2022. L’explication avancée par l’assureur est celle de « la large réouverture des lieux de convivialité » qui aurait « sans doute contribué à favoriser la propagation des virus dans cette tranche d’âge de la population ». À titre de comparaison, la progression a été de 34,3 % chez les 45-50 ans. Et si la hausse est plus modérée chez les séniors, elle est toutefois portée par un allongement de la durée moyenne des arrêts. Pour les seniors (de plus de 60 ans), la durée moyenne observée (42,6 jours) est deux fois plus élevée que celle constatée sur l’ensemble de la population (18 jours).

Tous les secteurs sont également touchés par la tendance haussière de l’absentéisme. Le commerce principalement alimentaire reste le secteur le plus touché (6,8 % contre une moyenne de 4,5 %). A noter que le recours au télétravail, variable selon les secteurs, peut également avoir un impact sur l’absentéisme. En 2022, l’absentéisme des cadres a connu une hausse significative (+ 41 %).

Pourtant, cette population continue de moins s’absenter que les non-cadres (2,3 % versus 5,4 %) précise AXA. Les salariés des grandes entreprises se sont arrêtés plus fréquemment que dans les plus petites dans lesquelles, il est certainement plus difficile de pouvoir s’arrêter sans mettre l’entreprise en difficulté.

Pour une entreprise, le coût de l’absentéisme est loin d’être neutre : perte de productivité, détérioration de la qualité de service, stress supplémentaire pour les salariés devant remplacer les absents, répercussions sur le climat social… « Les coûts directs sont les plus visibles et représentent en moyenne sur notre portefeuille 4,4 % de la masse salariale » note l’assureur qui ajoute que « cette charge, importante pour les entreprises, est en hausse constante de plus de 29 % depuis 2019 ».

Avec l’aide de l’intelligence artificielle, AXA a pu développer des modèles de projection lui permettant d’avancer quelques hypothèses concernant le taux d’absentéisme et le pourcentage de salariés absents en 2023. Il estime le taux d’absentéisme entre 3,75 % et 4,40 % (vs 4,5 % pour 2022 et 3,2 % pour 2019). Si les perspectives pour 2023 sont en légère baisse par rapport à 2022, « nous n’anticipons pas un retour à la normale pré-Covid » avec même un pourcentage de salariés absents au moins un jour qui s’établirait entre 35 % et 42 %. « Cette photographie détaillée est un signal d’alarme » indique Patrick Cohen, directeur général d’AXA France. Comme solutions envisagées pour lutter contre l’absentéisme, AXA suggère d’« augmenter les bilans de santé », de « réguler le télétravail pour éviter une sédentarité ou une connexion trop importante » ou encore de « former les salariés aux premiers secours en santé mentale »


*Datascope, l’Observatoire de l’absentéisme – Bilan 2022 – Perspectives 2023

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