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Halte à la mise à mort de notre élevage bovin

Par Jean Baptiste Moreau, ancien député de la Creuse, Paysan et consultant indépendant chez RPP groupe

Lundi 22 mai, la Cour des comptes a rendu un rapport qui, dans ses conclusions, préconise la réduction du nombre de bovins, afin de réduire nos émissions de gaz à effet de serre.

Ce rapport est un scandale et interpelle non seulement parce que la Cour se situe en dehors de son champ de compétence, mais aussi parce qu’elle y multiplie les contre-vérités : les 4 milliards d’euros versés selon elle via la PAC pour le secteur de l’élevage ne sont en réalité que 600 millions d’euros d’aides directes, la différence correspondant aux aides à la surface, qui seraient versées même si l’élevage disparaissait demain.

Les propositions et les constats relèvent davantage de l’opinion. De la même manière qu’un scientifique ne peut pas présenter son opinion personnelle comme un fait scientifique, la cour ne peut présenter son opinion comme un fait objectif. Malheureusement, force est de constater que les deux pullulent sur nos plateaux TV quand il s’agit de parler agriculture.

La Cour des comptes surfe sur une mode « politico-médiatique » anti-viande. Dans les commentaires émerge un gloubi boulga mélangeant les modes d’élevage des bovins, en général extensifs, et les modes d’élevages des mono gastriques (porc et volailles) en général intensifs, et faisant des amalgames pour rentrer dans la « pensée mainstream » : « la viande ce n’est pas bien, nous en consommons trop ». Notons par ailleurs, que notre consommation de viande réelle reste bien en deçà des recommandations du PNNS (320gr vs 500gr).

L’élevage bovin est le plus vertueux environnementalement. Il entretient les paysages et les prairies qui sont les plus efficaces pour absorber le carbone. Sans élevage, pas de prairie. Elle sera remplacée soit par de la friche (risques d’incendie etc.) soit par des terres cultivées qui libèreront beaucoup plus de GES que les vaches qui y étaient présentes. L’élevage bovin est aussi le plus fragile économiquement. Les autres types d’élevage sont plus résilients, commercialisant de la viande pas chère demandée par le consommateur.

Tout ce qui s’achète, si notre agriculture ne le produit pas, sera importé (produit avec des impacts environnementaux et sanitaires non maitrisés). Ce n’est ni le politique ni la cour des comptes qui impose au citoyen ce qu’il consomme.

Nous avons déjà démantelé nos filières énergétiques en écoutant ces faux prophètes développant des opinions appuyées sur du vent, ne recommençons pas avec notre alimentation. 

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