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Périphérique : le tour de piste de la mairie de Paris

Après les Jeux olympiques, la mairie de Paris veut pérenniser la voie réservée du périphérique et la réserver au covoiturage, aux taxis et aux transports en commun tout en y limitant la vitesse.

Le périphérique parisien qui fête son cinquantenaire cette année est une obsession de la mairie de Paris qui depuis de nombreuses années cherche à en faire autre chose que ce seul boulevard circulaire régulièrement embouteillé et vecteur de pollution. Pour lui donner un nouvel élan et lui trouver un avenir, les services d’Anne Hidalgo sont en constante négociation avec les communes limitrophes et la Région Île-de-France. 2024 pourraient être pour le périphérique ce moment du renouveau tant attendu. En effet pour les Jeux Olympiques et paralympiques de Paris 2024, la Ville de Paris et l’Etat se sont en effet engagés à mettre en œuvre des voies olympiques prioritaires sur le boulevard périphérique et les autoroutes franciliennes. Cela concerne les trois quarts du périphérique, une partie de l’A1, en Seine-Saint-Denis et de l’A13 dans les Hauts-de-Seine et les Yvelines. « Ce réseau permettra, pendant la durée des Jeux, d’assurer les déplacements des athlètes et de la famille olympique et paralympique entre les villages, les hôtels et les sites de compétition afin de garantir un service de transport sûr et efficace » explique la mairie de Paris qui veut toutefois profiter de l’événement sportif pour aller plus loin et pérenniser cette voie réservée. Le débat est lancé. Une consultation en ligne a été mise en place pour interroger les Franciliens et autres usagers du boulevard circulaire.

Selon la volonté de la mairie de Paris, après les Jeux, cette voie, la file de gauche dans les deux sens, serait alors dédiée au covoiturage, aux transports en commun, aux taxis, aux véhicules de police et secours. « Ces ayant droits représentent, au total, environ 20 % du trafic sur le boulevard périphérique. Cette proportion correspond à la limite permettant de garantir l’efficience de la voie dédiée » explique la Direction de la Voirie et des Déplacements de Paris. Cette voie se distinguerait par sa signalétique particulière, des losanges blancs lumineux et ne serait activée qu’entre 6h30 et 11 heures puis entre 15h30 et 20 heures – question qui est soumise à débat. Son activation le week-end est encore en réflexion et soumise à l’avis des usagers. « Les événements particuliers, et notamment les accidents, seront pris en considération pour désactiver le dispositif par tronçon » assure encore la mairie. Le respect de cette nouvelle réglementation serait assuré par caméras. Des totems surmontés de caméras auront pour fonction de distinguer les catégories de véhicules (taxis ou autobus par exemple), de compter les passagers à l’avant comme à l’arrière, et de lire les plaques minéralogiques avant et arrière. Le système propose à un agent assermenté d’observer et de vérifier les véhicules potentiellement en infraction avant de sanctionner les infractions avérées par une amende de 135 e. « Ce système est appelé la vidéo-verbalisation par ordinateur (VAO) ». Le coût de cette installation (signalétique et vidéo) sera pris en charge à hauteur de 18,7 millions d’euros par la société Solideo, l’établissement public chargé des infrastructures olympiques, et par Paris à hauteur de 5 millions d’euros pour le tronçon situé au sud entre la porte de Bercy et la porte de Sèvres, non concerné par les JOP.

Au-delà des horaires, la question de la vitesse est aussi posée. « L’une des possibilités, c’est qu’à l’activation des voies réservées, on passe l’ensemble du périphérique à 50 km/h » a reconnu François Wouts, le directeur de la voirie de la Ville de Paris, lors de la réunion de lancement de la consultation en ligne, « et ceci afin de limiter le risque d’accident lié à un trop grand écart de vitesse avec les voies de droite, notamment en cas de changement de file ».

Pour la mairie, « cette voie vise à favoriser un changement dans le comportement des citoyens. L’objectif est de promouvoir le covoiturage au quotidien, en offrant un gain de temps à ceux qui n’utilisent pas leur voiture seul mais à deux ou a plus ». Rappelons juste que sur les 1,2 million de voitures qui fréquentent chaque jour le périphérique, 82 % ne comptent qu’une seule personne à bord !

Cette voie dédiée, c’est également « un enjeu de santé publique » note David Belliard, l’adjoint écologiste chargé des mobilités et des transports qui rappelle que « 500 000 personnes habitent aux abords du périphérique et sont affectés par la pollution de l’air et les nuisances sonores ». La mairie « ne cherche pas à réduire le nombre de personnes déplacées, mais à réduire le nombre de véhicules utilisés pour les déplacer » a finalement conclu David Belliard.

La mairie rendra sa décision au cours de l’été après avoir analysé les réponses de la consultation en ligne pour une application pour la partie sud (entre les portes de Bercy et Sèvres) à la mi-2025. 

Quelques repères sur le boulevard périphérique
• 35 km de long
• Environ 50 % sont des trajets domicile/travail. Environ 30 % sont liés à des loisirs (achats, services) et environ 20 % sont des trajets professionnels
• Environ 1,5 million de déplacements par jour
• Environ 80 % des déplacements ont pour origine ou destination Paris et la Petite Couronne
• 21 communes et 4 départements limitrophes au Boulevard périphérique
• Environ 80 % en moyenne des voitures ne comptent qu’une seule personne à bord
• Trajet moyen : 7,5 km
• 55 portes, dont 34 se connectant au boulevard périphérique
• Vitesse médiane : environ 50 km/h en journée (entre 30 km/h et 45 km/h en heure de pointe)
Sources : Institut de sondage MV2 et bureau de recherche 6-t (septembre-octobre 2020)

 


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