Or le phénomène de violence aux élus vient d’atteindre un nouveau sommet au cours de l’année passée : 2 265 faits de violence ont été recensés en 2022, contre 1 720 en 2021. Ces chiffres disent quelque chose de la violence verbale et physique dont sont victimes nos élus. Cette situation n’est pas tolérable.
Les élus sont des citoyens au service du collectif, qui ont choisi de consacrer leur temps personnel aux autres. Est-ce là la récompense que la société veut leur accorder ? Je ne peux le croire. Notre société a besoin d’un choc civique pour endiguer la situation !
Pour la démocratie d’abord ; pour que les droits et les libertés de chacun, mais notamment des élus, soient respectés et que toute agression soit rapidement et sévèrement punie. Cela vaut pour les menaces verbales, les dégradations de permanences ou de lieux publics, comme pour les violences directes ou indirectes.
Pour la société ensuite ; pour que le ciment de notre nation continue de lier les Français entre eux. Les élus sont les garants du dialogue national et du lien entre le peuple et le pouvoir. Si ce lien est rompu, le pouvoir n’aura plus l’assise nécessaire pour gouverner ; tandis que le peuple, sans écoute et sans relais, ne pourra que se révolter.
Pour lutter contre ce phénomène, mon action suit un cap clair : réinstituer le respect et la noblesse du métier d’élu. Je suis à l’écoute des élus au quotidien, dans mon ministère comme sur le terrain. C’est pourquoi, j’appelle chacun des lecteurs de cette tribune à donner un peu de son temps pour les soutenir dans leur action, en rejoignant une « réserve » citoyenne locale, afin d’apporter son expertise. Que vous soyez avocat, maçon ou retraité de l’enseignement. Il faut former les rangs citoyens autour de nos élus. Ils ont besoin de vous !
Pour lutter contre ce phénomène, j’ai également pris la décision, avec mes collègues Gérald Darmanin et Eric Dupond-Moretti, de renforcer les sanctions pour ce type d’infraction. Nous serons sans pitié et condamnerons avec fermeté les fauteurs de trouble et les ennemis de la République.
Enfin, nous avons créé une nouvelle structure pour analyser, prévenir et lutter contre ces agressions. L’objectif est double : d’une part, apporter une réponse coordonnée avec l’ensemble des acteurs concernés (police, gendarmerie, parquet, préfectures, etc.), et d’autre part, améliorer notre connaissance sur le phénomène.
La prise de conscience sur les atteintes et violences faites aux élus doit être collective. Nous sommes proche de franchir un point de non-retour. Rien ne peut légitimer ces faits et le désaccord, s’il existe, doit s’exprimer dans les urnes, lors des élections. Si nous ne produisons pas un choc civique, la société de demain aura perdu quelque chose d’intime et de profond. Le sens de l’élection, du vote, de la représentation politique. Notre modèle est en jeu. A nous d’être aux côtés de nos élus pour le préserver. ■