La diagonale du vide. Le mot fait peur tout comme l’idée à tel point que l’on préfère aujourd’hui parler de « diagonale des faibles densités ». En 1947 le géographe Jean-François Gravier allait jusqu’à parler de « désert français ». Mais derrière le concept, se cache une réalité. La « diagonale du vide » c’est cette large bande du territoire français allant de la Meuse aux Landes où les densités de population sont relativement faibles par rapport au reste de la France. Rappelons que la densité moyenne est en France de 106 habitants au km2 (20 545 hab./km2 pour Paris) et on parle de faible densité démographique lorsqu’il y a moins de 30 habitants au kilomètre carré. Si au fil du temps, cette bande a pu légèrement fluctuer, elle reste aujourd’hui assez identique à ses origines et traverse la France de la Meuse aux Landes. Comme explications à la formation de cette bande, les géographes donnent celles de l’exode rural du XIXème siècle et du XXème siècle et au phénomène de concentration (métropolisation) des populations dans les grandes métropoles depuis le milieu du XXème siècle. L’industrialisation a poussé les Français à quitter les campagnes pour trouver de nouvelles opportunités en ville. Dans ces zones désertées, le taux de décès est souvent supérieur à celui des naissances et les départs plus nombreux que les arrivées. A noter encore que selon la cartographie établie par le démographe Hervé Le Bras, cette diagonale se retrouve dans la forte mobilisation du mouvement des Gilets jaunes en 2018 et 2019. Une carte diffusée sur Internet sur le site de partage des connaissances nommé Zeste de savoir permet de visualiser d’après les données de l’Insee, ces zones non seulement totalement vides d’habitants qui sont sans surprise, les zones montagneuses d’altitude et difficiles d’accès : Alpes, Pyrénées, Corse, Vosges, Jura, Massif central, Cévennes ; mais aussi les zones moins densément peuplées comme la forêt landaise ou une partie du Grand Est. ■