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L’énergie atomique de Maud Bregeon

Maud Bregeon, députée Renaissance des Hauts-de-Seine, rapporteure du projet de loi sur le nucléaire était l’invitée de l’Association des Journalistes parlementaires le 15 mars. L’occasion pour elle de défendre sa vision du nucléaire alors que le projet de loi est en discussion à l’Assemblée.

“Il est temps de ne pas avoir le nucléaire honteux”. La petite phrase de Maud Bregeon prononcée début mars demandait une explication. Devant l’Association des journalistes parlementaires, en plein débat sur le projet de loi d’accélération du nucléaire, la députée Renaissance a rappelé que cela se comprenait au regard d’un constat assez simple : en trois ans, la part des Français favorables à l’énergie nucléaire a doublé, passant de 30 à 60 % environ. Pourquoi ce revirement ? « Parce que tout le monde a compris que la souveraineté énergétique ce n’était pas seulement un concept mais du concret comme lorsque les Russes arrêtent de nous livrer du gaz ou quand il y a des défaillances sur le réseau » a-t-elle ainsi justifié. Mais au-delà de l’opinion publique, l’urgence climatique s’impose aussi naturellement dans le débat. Avec le nucléaire, ajoute encore l’ancienne ingénieure nucléaire chez EDF, « nous avons là un moyen de production en capacité de produire beaucoup sans émettre de CO2 et avec des coûts de production qui sont bien moins importants que dans d’autres secteurs ».

Le projet de loi, texte au départ relativement technique s’est peu à peu politisé avec les ajouts du Sénat et du gouvernement. Il en est ainsi avec l’objectif de réduction à 50 % de la part de l’énergie nucléaire dans le mix électrique français d’ici à 2035 que l’Assemblée nationale a supprimé le 13 mars au soir à l’instar du Sénat. Pour Maud Bregeon, ce « verrou » introduit dans la loi en 2015 sous la présidence Hollande n’a pas lieu d’être. « Face à l’urgence climatique, on ne trouve aucun sens à se mettre des limites, pour le renouvelable ou pour le nucléaire. Si limites il doit y avoir, il faut que cela soit fait pour les énergies fossiles. Ce serait certes compliqué mais cohérent d’un point de vue climatique » estime la députée.

Autre sujet à faire débat dans le projet de loi, la fusion de l’Autorité de Sûreté nucléaire (ASN) et de l’Institut de Radioprotection et de Sûreté (IRSN). Plusieurs parlementaires se sont inquiétés des conséquences de ce rapprochement en matière de sûreté et d’indépendance. Là encore, Maud Bregeon ne voit dans cette fusion que des conséquences « positives ». Le projet de loi permet à l’IRSN placé sous la tutelle conjointe du ministre de la Transition écologique, du ministre des Armées, et des ministres chargés de la Transition énergétique, de la Recherche et de la Santé d’intégrer l’ASN, autorité indépendante. « On aura plus qu’une seule autorité, indépendante » souligne la députée qui note encore que le changement de paradigme avec la prolongation du parc existant et la construction de nouveaux réacteurs nécessite « un niveau de fluidité le plus avancé possible » comme cela existe dans d’autres pays, notamment aux Etats-Unis. La députée s’est cependant montrée plus « irritée » par les critiques émises sur la sûreté. « L’ASN a toujours démontré que la culture de sûreté (demande d’arrêt, contrôle renforcé sur site) primait sur tout le reste y compris lorsque l’on avait des difficultés de production comme cet hiver. L’ASN a préféré prendre le risque d’avoir des délestages plutôt que de rogner sur la sûreté » assure-t-elle.

Interrogée sur la « logique » du calendrier et de l’ordre de présentation au Parlement des textes « énergie » - renouvelable d’abord, nucléaire ensuite et enfin discussion sur la loi de programmation sur les énergies -, Maud Bregeon démontre que commencer par la loi de programmation qui exige de longs échanges, de multiples consultations et qui ne serait arrivé en discussion qu’en milieu d’année aurait retardé les prises de décisions. « Si on avait fait cela, le texte nucléaire n’aurait pu être débattu qu’à la fin de l’année prochaine, ce qui nous aurait fait perdre un an pour la construction d’un nouveau parc ».

Sûreté, traitement des déchets, gestion de l’eau… « toutes ces interrogations, légitimes, sont prises en compte depuis longtemps. Personne n’a prétendu que l’énergie nucléaire était une énergie parfaite mais enfin quand on regarde ce qui s’est passé dans les pays qui ont fait le choix de sortir du nucléaire en utilisant du gaz ou du charbon, à un moment donné il est utile de se poser la question des risques et des opportunités, des avantages et des inconvénients. Dans cet équilibre, l’énergie nucléaire l’emporte sur l’énergie fossile » a fini par conclure la députée. 

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