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Un parent sur deux publie des photos de ses enfants sur les réseaux sociaux

Selon une étude de l’Observatoire de la parentalité et de l’éducation numérique, les parents sont nombreux à exposer leurs enfants sur les réseaux sociaux.

Les chiffres sont éloquents et montrent que le phénomène est en plein essor constate Thomas Rohmer, président de l’Open. L’enquête* révèle en effet que 53 % des parents interrogés reconnaissent avoir déjà partagé des photos et des vidéos de leurs enfants sur les réseaux sociaux. 43 % d’entre eux ont même commencé dès la naissance de l’enfant et 91 % ont commencé entre ses 0 et 5 ans. Mais surtout, 3 % des parents diffusant des photos/vidéos de leurs enfants se déclarent « influenceurs » (1). Si le rythme de publication varie, il reste très élevé : 85 % des parents influenceurs publient des photos/vidéos de leur(s) enfant(s) au moins une fois par semaine dont 38 % au moins une fois par jour. Ce sont principalement Facebook (70 %). Instagram et TikTok (pour les parents âgés de 18 à 35 ans) qui sont privilégiés par les parents influenceurs pour la diffusion des images et vidéos des enfants. Très vite, il est apparu aux parents influenceurs que leur progéniture pouvait rapport er gros. Pour 47 % de ces parents influenceurs, cette activité est même devenue leur principale source de revenu : 70 % d’entre eux affirment gagner jusqu’à 5 000 euros par mois, 1 % entre 10 000 et 50 000 euros et 4 % plus de 50 000 euros. 49 % des parents influenceurs reçoivent ou ont déjà reçu des cadeaux. Parmi eux, 62 % en reçoivent au moins toutes les 2 semaines et 25 % une à plusieurs fois par semaine. 77 % des parents influenceurs ont au moins un partenariat en cours, 36 % en ont plusieurs. L’argent gagné vient principalement de la publicité sur les vidéos (52 %), d’une affiliation (24 %), de la vente de services (23 %), du sponsoring et égérie de marque (19 %), d’un partenariat avec une marque (19 %), des abonnements à des contenus privés (18 %) et de la vente de produits via un e-shop (17 %). Interrogés, les parents-influenceurs déclarent à 66 % utiliser cette rémunération pour leurs enfants, 60 % pour les besoins de la famille (courses alimentaires et fournitures scolaires) et 36 % pour eux-mêmes. « L’irruption de cette question monétaire dans la relation parents-enfant soulève de nombreuses questions. On peut craindre que ces enfants soient projetés très jeunes dans un univers mercantile. Ils peuvent aussi grandir avec le sentiment qu’ils n’ont pas vraiment le choix car cette activité est devenue essentielle à l’économie de la famille. C’est une pression qui peut être lourde à porter » prévient, inquiet Thomas Rohmer.

A cette question financière s’ajoute celle de l’utilisation du temps libre des enfants. Réaliser et gérer les contenus peut prendre du temps reconnaissent les parents-influenceurs qui s’apparente à un boulot à plein temps. 60 % d’entre eux expliquent que chaque contenu nécessite près d’une heure de préparation. Six sur 10 déclarent d’ailleurs avoir besoin de tourner de deux à 10 prises avant de publier sur les réseaux sociaux. Ils sont 58 % à être bien obligés d’admettre que ce temps de publication empiète sur le temps de repos des enfants. Plus de la moitié des parents reconnaissent ne pas avoir obtenu le consentement de l’enfant avant de publier du contenu sur lui et 70 % à ne pas avoir fixé de fréquence maximum de diffusion des vidéos ou de photos de l’enfant. Au final, « 67 % des répondants se doutent qu’il existe un encadrement légal pour la diffusion de photos/vidéos de leur(s) enfant(s)… » souligne Open qui s’inquiète alors des effets délétères de cette « tyrannie de l’image » dans la construction de l’enfant (besoin de like, intimité, réputation, harcèlement). 


*Etude de l’Observatoire de la parentalité et de l’éducation numérique (Open) réalisée par l’entreprise Potloc, via un questionnaire sur les réseaux sociaux du 9 au 21 novembre 2022 sur un échantillon de 1 273 personnes, dont 1 000 parents français d’enfant(s) de moins de 16 ans et 273 parents français influenceurs d’enfant(s) de moins de 16 ans.

(1) Parents déclarant avoir déjà bénéficié d’avantages en lien avec cette activité (cadeaux, promotions, rémunération).

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