Le ministre délégué du commerce extérieur Olivier Becht n’a pas pu faire autrement que de reconnaître que le déficit commercial de la France est « extrêmement important » et « dans la continuité des années précédentes » tant les chiffres révélés en conférence de presse le 7 février dernier ne sont pas très bons. Ils montrent un déficit qui a presque doublé par rapport à 2021 et s’établit en 2022 à 164 milliards d’euros – il était de 84,7 milliards d’euros en 2021. « Une dégradation de 78 Mde sur un an, imputable quasi exclusivement (à 86 %) à la facture énergétique » justifie le ministère qui s’est empressé d’ajouter que « la situation est similaire chez nos principaux partenaires européens : ceux qui dégageaient un excédent l’ont vu fortement se réduire, ceux qui étaient en déficit l’ont vu s’aggraver ».
Sans surprise, c’est donc bien le contexte mondial dégradé avec « l’invasion russe de l’Ukraine, la persistance des tensions sur les chaînes d’approvisionnement, la flambée des cours des matières premières, la hausse de l’inflation et la remontée des taux d’intérêt » qui a plombé le commerce mondial et français.
« Nous avons été obligés d’importer de l’électricité pour compenser le fait que de nombreux réacteurs nucléaires étaient en maintenance. Et le choc de la guerre en Ukraine a produit une envolée des prix du gaz et du pétrole, qui ont pu voir leurs prix multipliés par deux ou trois ». En 2022, en effet, les prix de l’énergie à l’importation ont été multipliés par 2,1 par rapport à 2021, sous l’effet de la hausse des prix des approvisionnements énergétiques et de la dépréciation de l’euro face au dollar. « En conséquence, la facture énergétique a plus que doublé. Les importations de gaz ont augmenté de 248 % à 59 Mde, celles de pétrole brut de 99 % à 33 Mde, celles de produits pétroliers de 60 % à 38 Mde » explique le ministère. Pour le ministre délégué, « la France paye lourdement la facture énergétique ». En 2022, la facture énergétique française s’est élevée à 115 milliards d’euros.
Mais au milieu de ce marasme commercial le ministre délégué, a réussi à trouver des « signes positifs » du côté des services. « La reprise de nos échanges de services s’est accélérée » remarque Olivier Becht, ce qui lui permet d’atteindre l’excédent record de +50 Mde, après celui de +36 Mde en 2021, grâce au tourisme (+ 14 Mde), aux bonnes performances des entreprises de transports (+25 Mde) et aux services financiers (+9 Mde). « Une dynamique des échanges de biens en valeur qui dépassent désormais leur niveau d’avant-crise sanitaire (+18 % pour les exports et +29 % pour les imports par rapport à 2021) » se félicite le ministère. Plusieurs secteurs participent à ces bons résultats : Les produits agricoles (+37 %) ; l’automobile (97 % du niveau de 2019) mais aussi l’aéronautique à + 23,5 Mde ; les parfums, cosmétiques en progression de 2 Mde à +15 Mde ; les boissons à +16 Mde et le secteur pharmaceutique à +3 Mde.
Finalement pour Olivier Becht, la France dispose de suffisamment d’atouts – « un tissu exportateur dynamique avec plus de 144 400 entreprises exportatrices au troisième trimestre 2022 ; une première place du podium de l’attractivité en Europe pour le nombre de projets d’investissements étrangers ; une réindustrialisation en œuvre depuis 5 ans, intensifiée par le plan France 2030 » - pour pouvoir rebondir. « Nous avons les moyens d’améliorer notre balance commerciale en gagnant la bataille de nos PME à l’export, en maintenant notre attractivité, en nous appuyant sur la réindustrialisation de notre économie. Ces efforts structurels sont essentiels. Car au-delà du simple redressement de notre commerce extérieur, ce qui est en jeu, c’est notre croissance, notre influence dans le monde, et notre capacité à résister, et à faire résister les entreprises françaises, aux tumultes que nous traversons » a-t-il conclu. ■