La filière de la vigne et du vin, représentée par Vin & Société et le Comité National des Interprofessions des Vins (CNIV), fait aujourd’hui le constat d’une crise profonde liée à un phénomène de baisse structurelle de la consommation de vin depuis plusieurs décennies.
Il nous faut réagir collectivement, et ce dès maintenant. Si nous ne faisons rien, ce qui s’annonce, ce sont des arrachages de vignes à grande échelle, la fermeture de milliers d’exploitations avec 100 000 à 150 000 emplois directement menacés dans les 10 prochaines années, une perte de richesse sur nos territoires, la perte de savoir-faire bimillénaires, etc.
La filière appelle au sursaut pour que le vin conserve sa place sur nos tables et dans notre société. Des pistes existent qui exigent de partir à la reconquête de consommateurs pour qui l’univers du vin paraît complexe.
1ère demande forte : face à l’activisme des « anti-vins », minoritaires mais très mobilisés, nous devons arrêter de stigmatiser le vin. Il nous faut combattre l’excès et non le viticulteur et le vin. À l’heure où la modération est désormais un fait de société, avec plus de 9 Français sur 10 qui ne boivent pas tous les jours et 8 sur 10 qui boivent moins de deux verres par jour, nous nous opposons fermement à la trajectoire vers l’abstinence voulue par certains.
Nous devons deuxièmement revivifier l’image du vin et sa valeur plaisir dans une société qui change, en nous rapprochant de nos consommateurs. En matière de qualité, la filière a entrepris un travail considérable et nos vins n’ont peut-être jamais été aussi bons qu’aujourd’hui. Trop longtemps peut-être, nous nous sommes adressés à nos clients avertis, connaisseurs des enjeux de terroirs, cépages, etc. Mais pour tous ceux – et ils sont de plus en plus nombreux – qui n’ont jamais vu de vin sur la table familiale, qui n’ont jamais été initiés par les générations précédentes, ni bénéficié d’une forme de transmission culturelle, ce discours peut paraître abscons. Nous devons sans doute travailler à simplifier notre produit et son univers, pour les rendre plus accessibles.
Il faut aussi sortir de l’autocensure pour que nous assumions collectivement la fierté que nous avons à faire du vin. La loi Evin nous a conduit à surveiller notre langage et faire preuve d’une prudence parfois exagérée dans notre communication. Que l’on pense aux nombreuses émissions culinaires diffusées à la télévision, aucune ou presque ne parle de vin, alors que ce sont pourtant de formidables outils de mise en valeur des produits et des métiers, et ce tout en participant à lutter contre la malbouffe.
Ces différentes pistes ont toutes pour vocation d’aider à élargir l’assiette des consommateurs de vin, pour que ce dernier conserve sa place sur nos tables et dans notre société, avec modération mais sans stigmatisation. ■