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L’amendement “château de Versailles” retoqué

Les sénateurs ont refusé l’amendement présenté par François Patriat visant à prolonger le mandat de Catherine Pégard à la tête du Château de Versailles.

Catherine Pégard, directrice de l’établissement public du château de Versailles et du domaine national de Versailles attendait beaucoup de l’amendement débattu au Sénat le 25 janvier dernier. Son avenir professionnel à la tête du château en dépendait. Peine perdue. Frappée par la limite d’âge, cela fait maintenant deux ans que l’ancienne journaliste, 68 ans, n’occupe plus le poste que par intérim. Une position inconfortable et juridiquement intenable à laquelle le gouvernement cherche à remédier depuis un moment déjà. En décembre 2022, un projet de décret avait été soumis au Conseil d’Etat qui l’avait retoqué en raison d’un risque de nullité pour « détournement de pouvoir ». Début de la polémique. Pour l’exécutif - Emmanuel Macron - qui souhaiterait voir Catherine Pégard rester en poste au moins jusqu’en 2024, il a fallu trouver la parade. Pourquoi ne pas essayer le « cavalier législatif » (un amendement dépourvu de lien suffisant avec le projet de loi en discussion) ? Porté par François Patriat, président du groupe des sénateurs macronistes, l’amendement au projet de loi sur les JO 2024 aurait permis à Catherine Pégard de rester en poste le temps d’organiser les épreuves olympiques d’équitation et de pentathlon moderne qui se dérouleront dans l’enceinte du domaine. L’amendement était soutenu par la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, avec « un grand oui, en lettres capitales » qui se réjouissait de voir Catherine Pégard qui connaît « les moindres recoins » du Château être maintenue. Mais voilà, le Sénat n’a visiblement pas apprécié la manœuvre, téléguidée dit-on depuis Matignon. La séance fut houleuse. « Ce n’est plus un projet de loi, c’est un concours équestre » lançait, sarcastique, le communiste Pierre Ouzoulias tandis que sa collègue socialiste, Sylvie Robert dénonçait « le fait du prince ». « Renvoyer une responsabilité du gouvernement au Parlement n’est pas correct » ajouta-t-elle agacée. « Quand on veut promouvoir la République exemplaire, on ne propose pas des amendements comme ça ! » a acquiescé Michel Savin (LR, Isère). « Dans la discussion générale, j’ai manifesté l’hostilité du groupe Union centriste à la méthode employée. Au fondement de la démocratie, il y a le respect de la règle, même quand elle n’arrange pas » a enchéri Arnaud de Belenet (UC, Seine-et-Marne). Si le centriste Philippe Folliot a timidement défendu l’amendement au nom de « l’efficacité », face à la bronca et sous la pression du président de la commission de la culture, Laurent Lafon (UC, Val-de-Marne) qui a demandé son retrait, l’amendement n’a pas fait un pli. François Patriat a accepté de le retirer précisant toutefois que « Versailles est un objet hors du commun qui ne se dirige pas du jour au lendemain ». A bon entendeur. Sorti par la porte au Sénat, Il y a fort à parier que l’amendement fera un retour par la fenêtre à l’Assemblée. 

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