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Pression migratoire maximale aux frontières de l’UE

En 2022, plus de 330 000 entrées illégales ont été détectées aux frontières de l’Union européenne indique Frontex.

Avec plus de 330 000 franchissements irréguliers comptabilisés en 2022, l’Union européenne est confrontée à un niveau jamais égalé depuis 2016. L’augmentation est même de 64 % par rapport à 2021 souligne dans un communiqué daté de janvier Frontex, l’agence européenne en charge de la surveillance des frontières. « Après le creux induit par la pandémie de 2020, c’était la deuxième année consécutive avec une forte augmentation du nombre d’entrées irrégulières » précise le rapport qui souligne par ailleurs que la route des Balkans occidentaux représente près de la moitié (45 %) du total des passages avec 145 600 entrées irrégulières, soit une hausse de 136 % par rapport à l’année précédente. Il s’agit du plus grand nombre de passages signalés sur cette route depuis 2015 et d’environ la moitié de toutes les entrées irrégulières signalées en 2022. Frontex ajoute que si les Syriens (94 000), les Afghans et les Tunisiens représentent 47 % des détections en 2022, « des nationalités qui étaient auparavant peu nombreuses sur cette route ont également été signalées, comme les Tunisiens, les Indiens et les Burundais ». C’est ensuite en Méditerranée centrale que l’on compte le plus de franchissements irréguliers (102 529, +51 %). Essentiellement des Egyptiens, les Tunisiens et des Bangladais.

La route de la Méditerranée orientale a été empruntée en 2022 par environ 42 800 passages frontaliers irréguliers, essentiellement des Syriens, des Afghans et des Nigérians. Les chiffres ont à peu près doublé par rapport à 2022, mais sont restés inférieurs à la moitié des chiffres de 2019.

Sur les autres itinéraires, la route de la Méditerranée occidentale a connu une diminution de la pression migratoire en 2022 avec environ un cinquième de détections en moins que l’année précédente. Alors que 80 % des migrants irréguliers viennent des pays d’Afrique du Nord-Ouest, certaines nationalités d’Afrique subsaharienne ont enregistré des augmentations importantes, tout comme les Syriens. Sur la route de l’Afrique de l’Ouest, on dénombrait 15 460 arrivées en 2022, soit 31 % de moins qu’en 2021. Plus des deux tiers des migrants détectés provenaient du Maroc et de divers pays subsahariens. Dans la Manche, plus de 71 000 franchissements irréguliers des frontières ont été détectés à la sortie, qu’il s’agisse de tentatives ou de franchissements réussis. Frontex note que « plus de 50 nationalités différentes ont été enregistrées dans la Manche, la plupart originaires du Moyen-Orient, d’Albanie et de la Corne de l’Afrique ».

Sur les 330 000 entrées irrégulières, les femmes représentent moins d’un cas sur dix. La part des mineurs signalés à légèrement diminué pour atteindre 9 % de toutes les détections complète Frontex.

A noter encore que les chiffres de Frontex ne tiennent pas compte des 13 millions de réfugiés ukrainiens comptabilisés entre février et la fin de l’année 2022 aux frontières extérieures de l’Union européenne. Enfin, depuis le 1er janvier, la Croatie a rejoint l’espace Schengen, ce qui ne va évidemment pas faciliter la tâche de Frontex qui va devoir contrôler 1 200 kilomètres de frontière, sans parler des côtes.

En 2022, Frontex a mené une vingtaine d’opérations aux frontières extérieures de l’UE et au-delà et déployé en moyenne 2 000 officiers permanents. Est-ce suffisant ? Si la question des moyens se pose, celle des missions dévolues à Frontex aussi comme nous l’expliquait son ancien directeur Fabrice Leggeri (Revue Parlementaire n°1013). « L’espace Schengen, ce n’est pas une politique d’asile et d’immigration et ça n’a pas vocation à l’être. [… ] L’agence Frontex n’est que l’agence qui aide les Etats à organiser cette coopération policière aux frontières extérieures. Frontex ne peut pas définir de politique migratoire. Ce n’est pas à l’agence de décider de qui doit entrer ou non, de prendre ses libertés avec le droit de l’asile et de l’immigration ou même de l’inventer. Aujourd’hui, certains ont fait de Frontex le mouton noir parce que l’Union est incapable de s’entendre sur une politique migratoire commune, et que l’on voudrait que Frontex palie ce manque. C’est injuste »

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