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Les dérives sectaires et le complotisme dans le viseur de l’exécutif

La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) a publié son rapport d’activité pour l’année 2021. Face à la hausse des signalements, le gouvernement annonce la tenue début 2023 des premières assises des dérives sectaires et de complotisme.

L’enseignement principal du rapport annuel 2020-2021 est « l’augmentation continue, d’une année sur l’autre, du nombre des signalements à la Miviludes » : plus de 33 % entre 2020 et 2021, plus de 44 % entre 2018 et 2021 et plus de 86 % entre 2015 et 2021. Les 4 020 signalements comptabilisés pour l’année 2021 représentent un record. Ces chiffres alarment d’autant plus les pouvoirs publics « qu’ils ne constituent que la seule part visible d’un phénomène plus large » se désole le ministère de l’Intérieur. Pour les autorités, il ne fait aucun doute que les mouvements sectaires ont proliférés avec la crise sanitaire qui a « constitué un terreau fertile ». « Marquée par plusieurs confinements et des situations économiques et sociales difficiles, cette période a favorisé l’émergence de discours exploitant l’isolement » jugent les autorités.

Sur les 4 020 signalement comptabilisés en 2021, environ 20 % concernent le champ de la santé, soit 744 dossiers dont 70 % relèvent de pratiques de thérapies non conventionnelles (520 dossiers). 10 % des saisines concernent des mineurs, directement ou indirectement (soit 396 dossiers). « Enfin, constate le ministère, presque 4 % des saisines concernent le complotisme et le mouvement antivax (soit 148 dossiers) ». Ces saisines ont déjà donné lieu à une vingtaine de signalements au Procureur de la République au titre de l’article 40 du code de procédure pénale.

Le rapport note la permanence des « multinationales de la spiritualité » que sont la scientologie et les témoins de Jéhovah. Ces organismes – bien identifiés par les institutions – continuent de faire l’objet de nombreux signalements.

Le rapport souligne une évolution générale du phénomène sectaire, mettant en exergue la multiplication de petites structures dans les domaines de la santé, du bien-être et de l’alimentation. Les thérapies non conventionnelles se sont développées dans le cadre de la crise sanitaire et portent un risque important en matière de santé publique.

Le rapport constate aussi la multiplication des « gourous 2.0 ». Il s’agit de manipulateurs isolés et autonomes qui propagent leur doctrine sur les réseaux sociaux. Ces nouvelles touchent fortement les plus jeunes – notamment les mineurs, très vulnérables – qui sont d’importants utilisateurs des réseaux sociaux.

Inquiet, le gouvernement a annoncé que se tiendraient au début de l’année 2023, les premières assises des dérives sectaires et du complotisme qui « réuniront les services de l’Etat, des responsables politiques, des scientifiques, des experts ainsi que les associations engagées dans la lutte contre les dérives sectaires et le complotisme » a indiqué Sonia Backès, Secrétaire d’Etat chargée de la Citoyenneté. Cet événement poursuivra trois objectifs : Sensibiliser l’opinion publique aux dérives sectaires ; créer des modalités de coopération renouvelées favorisant l’identification et le signalement des dérives sectaires et élaborer un plan d’action pluriannuel permettant d’adapter notre organisation ainsi que notre arsenal juridique à l’évolution du phénomène. « La problématique des dérives sectaires, en plus d’être un sujet qui me touche personnellement (sa mère est Scientologue, Ndlr), représente un danger majeur de séparatisme et de santé publique. Le rapport de la Miviludes nous montre que le phénomène sectaire s’accroît en France et se renforce par la modification de sa structure. La réponse de l’Etat se doit de changer d’échelle si nous voulons proposer des solutions efficaces. J’entends donc adapter l’action de l’Etat, au sortir des assises des dérives sectaires et du complotisme, afin de pouvoir bénéficier de tous les outils nécessaires pour combattre efficacement ce fléau » a expliqué Sonia Backès. 


Pour consulter le rapport de la Miviludes : https://www.miviludes.interieur.gouv.fr

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