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Objectif décarbonation

Le Chef de l’Etat réunissait le 9 novembre dernier à l’Elysée les représentants des 50 sites les plus polluants de France. Emmanuel Macron a annoncé une enveloppe de 10 milliards d’euros pour les entreprises qui baisseront significativement leurs émissions de CO2.

Tout juste venait-il d’atterrir à Paris à son retour de la conférence mondiale sur le climat (COP27) à Charm el-Cheikh en Egypte que le Chef de l’Etat recevait à l’Elysée les représentants des 50 sites les plus polluants de France. Dans la salle des fêtes du Palais de l’Elysée, on pouvait reconnaitre les dirigeants de grandes entreprises cimentières, chimiques, sucrière, pétrolières… 50 sites qui représentent à eux seuls, 30 000 emplois, et la moitié des émissions de gaz à effet de serre de l’industrie, soit 10 % des émissions du pays.

A ces dirigeants, Emmanuel Macron a expliqué vouloir diminuer par deux les émissions de gaz à effet de serre de ces sites en dix ans sans opposer écologie et industrialisation du pays. « Je serai quand même paradoxal de venir ici vous expliquer que la solution pour le climat ce serait de faire l’inverse de ce qu’on a fait en matière économique ou industrielle durant les dernières années. Je crois au contraire à une cohérence, il faut simplement la tenir » a expliqué à son auditoire le président de la République. « Il y a un modèle français de réussite, a-t-il poursuivi. Nous avons un avenir si nous savons tenir ensemble trois grands objectifs : le climat, l’industrialisation et la souveraineté ». Et « la décarbonation de notre industrie, c’est un des éléments qui doit nous permettre de continuer à créer de l’emploi industriel, consolider les grands champions, permettre de créer davantage de startups, d’accompagner les changements d’usage, de renforcer notre souveraineté, mais en baissant nos émissions » a encore souligné le Chef de l’Etat.

Pour atteindre ces objectifs, Emmanuel Macron mise sur la planification qui doit se faire par « technologies ». Mais cette planification a insisté le président « n’est pas une étatisation mais une stratégie nationale pour aller vite et donner de la visibilité ». Emmanuel Macron a alors évoqué plusieurs technologies et pistes qui ne demandent qu’à être encouragées comme l’hydrogène, la captation et la réutilisation du carbone, le développement de la biomasse en remplacement du gaz, l’électrification des ports, la connexion avec le ferroviaire et avec le fluvial…

Pour inciter sans forcer les entreprises à emprunter la voie de la décarbonation, le Chef de l’Etat joue sur les moyens alloués. « Nous allons consacrer 5 milliards d’euros, issus du plan France 2030 pour décarboner notre industrie ». Quatre milliards viseront « les grands projets de décarbonation profonde », un milliard est également prévu pour les sites plus petits et les start-up et 200 millions seront affectés à la recherche. Cette enveloppe de 5 milliards doit sur le papier permettre de réduire les émissions de CO2 de 10 millions de tonnes par an. Mais « si vous doublez vos efforts et si on arrive à passer au fonds des 10 millions de tonnes de CO2 évités à 20 millions instruits, nous doublerons les moyens consacrés à cet enjeu et passerons l’enveloppe de 5 à 10 milliards d’euros d’accompagnement public » a promis Emmanuel Macron aux dirigeants réunis à l’Elysée.

Pour autant, cette enveloppe peut paraître bien faible par rapport aux 370 milliards de dollars de l’Inflation Reduction Act (IRA) américain, un vaste plan de subvention des industries pour inciter à la décarbonation. Face à ce risque induit de délocalisations, Emmanuel Macron a estimé que « ce n’est pas conforme aux règles de l’OMC, et ça n’est pas amical ». Comme promis, le sujet a été abordé avec le président américain lors de sa visite d’Etat à Washington début décembre. Sans résultat tangible. Prudent, et par anticipation, le Chef de l’Etat avait alors appelé à « un réveil européen » pour que les vingt-sept se dotent d’un Buy European Act qui permettrait de privilégier l’industrie locale.

Pour finir, le président de la République a appelé les 50 dirigeants à signer pour chacun des sites, « dans un délai de 6 mois », « un contrat de transition écologique précisant quand et comment nous allons réduire ensemble nos émissions. Et je dis ensemble parce que pour moi, ce contrat devra préciser les choix des technologies retenues, les investissements prévus, les aides que nous mettrons en place »

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