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“Tu vas la fermer !”

Lors de la niche parlementaire LFI du 25 novembre devait être discuté un texte visant à réintégrer les soignants suspendus. En minorité, les députés Renaissance ont joué l’obstruction pour empêcher une adoption probable du texte. Ambiance.

Une séance houleuse. La proposition de loi défendue par la députée Insoumise Caroline Fiat visant la réintégration du personnel des établissements de santé non vaccinés contre le Covid-19 semblait ce soir-là réunir la majorité, le groupe Renaissance ayant déserté les bancs de l’hémicycle lessivé par des discussions interminables. Et le rejet d’amendements de suppression d’Eric Alauzet (RE) et Philippe Juvin (LR) laissait entendre à la majorité présidentielle qu’était… en minorité sur ce sujet. « On n’est pas assez nombreux, on va se faire laminer » rouspétait alors de sa place un élu fidèle au poste. L’alerte est aussitôt lancée par le président par intérim du groupe Renaissance, Sylvain Maillard pour rameuter les troupes. Visiblement en vain. Aussi pour éviter l’adoption d’un texte qu’ils réprouvent, les députés Renaissance n’ont que d’autre choix que de jouer la montre pour tenir jusqu’à minuit, heure limite de la séance. Profitant alors d’une suspension, les députés macronistes reviennent avec près de 200 amendements à examiner. On débat de longues minutes d’un mot qui doit en remplacer un autre : « au sein » par « à l’intérieur de », « ponctuelle » par « épisodique », « personnes chargées » par « personnels chargés »… L’exercice est connu et le temps défile. La victoire pourrait échapper à une opposition un peu trop sûre d’elle. La tension monte. Les invectives s’enchaînent déclenchant des suspensions de séance à répétition. L’exaspération est à son comble. Les députés Insoumis s’emportent contre « une obstruction insupportable ». Le président du groupe LR, Olivier Marleix dénonce à son tour « un spectacle consternant et grave pour la démocratie ». Mais rien n’y fait, sur les bancs des ministres on lance aussi l’offensive en déposant plusieurs amendements. « Que le gouvernement fasse le jeu de l’obstruction, c’est inadmissible. Ici c’est l’Assemblée nationale, ce sont les députés qui font la loi » s’étrangle dans un tweet Caroline Fiat. L’heure avance. Les esprits s’échauffent. Le député de Guadeloupe Olivier Serva (groupe LOT) qui défend la proposition de loi au micro est sans cesse interrompu. N’en pouvant plus, il finit par lâcher un tonitruant « tu vas la fermer ! », ce qui lui vaut réprimande et rappel au règlement. En face, les cris d’indignation de la majorité présidentielle provoquent une énième suspension de séance. Venu en renfort, le porte-parole du gouvernement évoque alors un « niveau de tension jamais vu en douze ans au Parlement ». Il est 23h56 quand épuisée et agacée, quand la vice-présidente d’l’Assemblée, Naïma Moutchou lève la séance. Le texte n’a pas été voté et encore moins adopté. 

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