Print this page

“Faire la lumière sur la situation énergétique de notre pays et sur les choix politiques et technologiques qui y ont mené”

Entretien avec Antoine Armand, Député (RE, Haute-Savoie), Rapporteur de la commission d’enquête visant à établir les raisons de la perte de souveraineté et d’indépendance énergétique de la France

Dans quel état d’esprit abordez-vous cette commission d’enquête ?

Je me réjouis de sa création et je l’aborde avec le sentiment d’une grande responsabilité : celle de faire la lumière sur la situation énergétique de notre pays et sur les choix politiques et technologiques qui y ont mené. Nous le devons à la représentation nationale et à l’ensemble de nos compatriotes qui s’interrogent beaucoup, en particulier face aux flots d’inexactitudes et de fausses informations qui circulent sur le nucléaire par exemple.

Sur quels points allez-vous porter le fer et qu’attendez-vous de ses travaux ?

Je n’ai qu’une seule exigence, celle de la lucidité. Nous avons besoin de regarder les faits, c’est-à-dire les décisions effectivement prises ces dernières décennies en matière énergétique. Cela implique de laisser ses a priori idéologiques à la porte de la Commission et de ne pas faire d’anachronisme : on ne peut pas faire comme si les décideurs des années 2000 avaient agi en connaissant le contexte actuel post-Covid et géopolitique.

Dans l’objet sous-jacent de cette commission, la fermeture de Fessenheim va faire l’objet de toutes les attentions tout comme les quinquennats de François Hollande et d’Emmanuel Macron qui semblent tout particulièrement ciblés. Qu’en pensez-vous ? N’avez-vous pas peur d’un manque d’impartialité ?

En tant que rapporteur, je mènerai les travaux et je garantirai l’impartialité de chaque mot écrit dans ces travaux. Pour moi, la fermeture de Fessenheim (qui a déjà fait l’objet de nombreux travaux, y compris parlementaires), ne sera ni un tabou, ni un totem. La question de l’indépendance énergétique est bien plus large.

Pour la première fois, un ancien chef de l’Etat – Nicolas Sarkozy - a accepté de répondre présent à la convocation d’une commission d’enquête. Qu’est-ce que cela implique ? Cela pourrait-il faire jurisprudence ?

Les commissions d’enquête parlementaires ne peuvent pas convoquer les anciens présidents de la République, mais ceux-ci peuvent souhaiter répondre à leurs questions. Je me réjouis qu’un ancien chef de l’Etat accepte de venir livrer son éclairage devant notre commission.

Il est intéressant de constater que nous nous poserons ces questions en amont de l’examen de lois énergétiques majeures. Nous présenterons d’ailleurs le résultat de nos travaux en avril 2023 ce qui devrait correspondre à la période d’examen de la toute première Loi de programmation sur l’énergie et le climat (LPEC) dont l’adoption doit intervenir avant le 1er juillet 2023. Elle déterminera notamment les grands objectifs de la Programmation pluriannuelle de l’énergie pour la période 2024-2033 (PPE) et d’autres stratégies climatiques françaises. Les débats que nous aurons notamment sur le mix énergétique français, sur la consommation énergétique du pays et sur les énergies renouvelables seront donc à suivre avec attention ! 

Lire également :

Energie : le programme de travail de la commission d’enquête “souveraineté et indépendance énergétique de la France”

2312 K2_VIEWS