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A la table des ministres

A l’Elysée, une nouvelle table du conseil des ministres a été installée. « Medulla », c’est son nom, est le fruit d’un concours organisé par le Mobilier national.

Au Palais de l’Elysée, les travaux et aménagements ne cessent pas depuis l’arrivée dans les murs du couple Macron. Salle des fêtes, salons, bureaux et même cuisine, du sol au plafond, le Palais présidentiel qui fête ses 300 ans connaît de nombreuses évolutions. Si la moquette a été changée ici, des rideaux ajoutés là, les réseaux informatiques et d’électricité modernisés, des meubles plus contemporains ont aussi fait leur apparition. Ce n’est certes pas nouveaux, les présidents Pompidou et Mitterrand avaient déjà osé bousculer les codes sous leur septennat respectif. Mais avec l’installation de « Medulla », on parle aujourd’hui d’un meuble ô combien symbolique, la table autour de laquelle se retrouve chaque semaine le gouvernement et le Chef de l’Etat. Mais ce que l’on sait moins c’est que jusque-là, cette table n’en était pas vraiment une. Elle n’était qu’un assemblage de tréteaux et de planches recouverts d’un tissu hors d’âge facilement démontable. « Il n’y a pas de table, et il n’y en a jamais eu ! » raconte, amusé, Hervé Lemoine, directeur du Mobilier national. Et si aucun designer ne s’était penché sur le sujet, c’est aussi peut être en raison des difficultés techniques qu’une telle table impliquait. Selon les configurations, 40, 30 ou 20 personnes doivent pouvoir s’asseoir autour de cette table et selon le nombre de participants, le salon d’installation au Palais de l’Elysée n’est pas le même. La table doit donc pouvoir être facilement démontable et transportable. Le concours pour le prix Mobilier national -Jeune création ouvert aux étudiants du Campus d’excellence des métiers d’art et du design - Paris, Manufactures des Gobelins a ainsi proposé aux candidats « de concevoir un ensemble de mobilier et luminaires du XXIème siècle pour la salle du Conseil des ministres de l’Elysée ». En cinq mois, il leur a fallu concevoir des éléments facilement installables, permettre un transport dans des monte-charges de faible capacité et occuper une surface minimum pour le stockage. Le défi a été remporté par Etienne Bordes, Misia Moreau, Julien Roos et Lucille Poous, diplômés de l’Ecole nationale supérieure des arts appliqués et des métiers d’art (Ensaama) avec le projet « Medulla » (moelle en latin). « Conçue comme un assemblage de vertèbres, cette table en modules peut être montée et démontée en moins de trente minutes et accueillir aussi bien un Conseil des ministres qu’un Conseil de défense. Chaque module est recouvert de béton taloché supporté par un caisson en bois » détaillent les concepteurs. « Pensée pour faciliter l’usage, notamment lors de l’installation, la table intègre le protocole dans son dessin grâce aux liserés en laiton qui font écho aux ornements de la pièce destinée à l’accueillir. Ces liserés permettent d’aligner rapidement le sous-main, le porte-nom et les autres éléments en se passant du cordeau anciennement utilisé » poursuivent-ils. Pensée par ces jeunes designers, la table a pu voir le jour grâce à onze sous-traitants, des entreprises réparties sur tout le territoire, reconnues pour leurs savoir-faire d’exception. 

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