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La sobriété énergétique pour tous

Le gouvernement a présenté son plan énergétique. Un catalogue de mesures qui concerne les particuliers, les entreprises et l’administration.

“C’est la mobilisation générale qui donnera des résultats” a déclaré solennellement la Première ministre Elisabeth Borne à Paris le 6 octobre dernier pour lancer son grand « plan de sobriété énergétique ». Un plan et des dizaines de mesures destinés à faire face aux tensions sur les réseaux électriques et de gaz et surtout éviter des coupures cet hiver. Un plan qui se présente comme étant basé sur l’engagement volontaire de tous les acteurs de la société plutôt que sur la coercition (Pour le moment ?).

L’objectif du gouvernement est simple et pragmatique : réduire de 10 % la consommation d’énergie de la France en deux ans. Mais cela n’est qu’une « première marche » poursuit la Première ministre, l’objectif à plus long terme est bien de réduire la consommation énergétique de la France de 40 % d’ici 2050 et de viser la neutralité carbone. « La sobriété, c’est un levier essentiel pour sortir rapidement de notre dépendance aux énergies fossiles. La sobriété, c’est du pouvoir d’achat durable. Pouvoir d’achat et transition écologique doivent aller de pair » a expliqué Elisabeth Borne avant de détailler en présence d’une grande partie de son gouvernement, les mesures de ce plan.

Cible numéro un, le chauffage. Dans les bureaux, la température sera ramenée à 19°, réduite à 16° dans les lieux de stockage et même à 8° dans des bâtiments fermés plus de 48 heures (sauf dans les crèches et les établissements de santé). Les Français sont aussi appelés à faire un effort et baisser leur chauffage. Il leur est demandé d’opter pour des thermostats programmables grâce à une aide allant jusqu’à 65 euros. Les ballons d’eau chaude devront être réglés à 55 degrés.

Dans l’administration le télétravail est encouragé. Avec comme finalité une réduction des déplacements et donc de faire baisser la facture de carburant, l’indemnité forfaitaire de télétravail sera augmentée de 15 % à 2,88 euros par jour.

Tous les secteurs sont mis à contribution. La grande distribution devra porter ses efforts sur l’éclairage avec une baisse de 30 % en présence du public et de 50 % avant l’arrivée du public. Pas de renouvellement d’air pendant la nuit. Les publicités et les enseignes lumineuses seront éteintes à la fermeture des centres commerciaux. L’industrie est fortement invitée à faire procéder à des diagnostics énergétiques et à utiliser des éclairages Led. Les recharges des appareils électriques (chariots, véhicules) devront être décalées sur des plages horaires moins chargées. Les hébergeurs de données vont limiter leurs recours à la climatisation.

Même les secteurs des loisirs, de la culture et du sport vont contribuer à l’effort collectif. Extinction des façades des monuments plus tôt comme à Versailles (22 heures), travaux sur le chauffage au Louvre, réduction du temps de chauffe dans plusieurs établissements culturels, diminution des éclairages et du chauffage dans les cinémas. Les parcs d’attraction devront éteindre leurs attractions lors de leur fermeture annuelle souvent d’octobre à avril. Pour les sports, la température de l’eau des piscines sera réduite d’un degré avec des exceptions selon les publics concernés. Les plages d’ouvertures seront réduites. Les gymnases ne devront pas être à plus de 14°. Et l’éclairage avant et après les matchs sera réduit de 50 %. Dans les stations de ski, la vitesse des télésièges sera réduite.

Enfin, le covoiturage sera promu avec la distribution d’une « bonus » pour tout nouveau covoitureur inscrit sur une plateforme à partir du 1er janvier 2023. La prise en charge des frais liés aux services de location de vélos électriques par les employeurs est élargie à des loueurs privés en janvier 2023. Le gouvernement demande à ses agents de réduire leur vitesse à 110 km/h sur autoroute et à 100 km/h sur les voies rapides lorsqu’ils utilisent leur voiture de service. Les formations à l’écoconduites seront multipliées.

Le plan de sobriété avance aussi plusieurs mesures en faveur de la rénovation énergétique. Pour les logements, les aides MaPrimeRenov atteindront 2,6 milliards d’euros en 2023, contre 2 milliards cette année. Pour rénover les bâtiments publics, une enveloppe de 150 millions est annoncée. Pour les administrations et bureaux, une concertation va être lancée pour étendre l’obligation d’installer un système d’automatisation et contrôle des bâtiments (BACS) permettant un pilotage intelligent et une réduction du gaspillage. Des aides sont aussi prévues pour isoler les canalisations et éviter les déperditions de chaleur. 

Les consommateurs souhaitent participer aux efforts de sobriété énergétique mais 59 % disent déjà faire attention et ne pas être en mesure de faire davantage. 10 % des personnes interrogées ont indiqué qu’elles ne changeraient pas leurs comportements ou qu’elles n’avaient pas encore décidé ce qu’elles feraient.
© Baromètre annuel Médiateur national de l’énergie

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