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Le coût des piscines publiques

Les piscines municipales subissent de plein fouet la hausse de l’énergie liée à la crise ukrainienne. Equipements très énergivores, elles ont toujours représenté un coût élevé pour les collectivités locales.

Sans préavis, début septembre la société Vert Marine, gestionnaire de piscines pour le compte d’acteurs publics, décidait unilatéralement de fermer une trentaine d’équipements sur l’ensemble du territoire. Surpris, les élus des villes de Limoges, Versailles, Granville ou Nogent-le-Rotrou ont, pour certains, attaqué cette décision, accusant le gestionnaire de se soustraire à ces obligations contractuelles*. « Le budget annuel de l’énergie explose, pour passer de 15 à 100 millions d’euros » s’est justifiée Vert Marine ajoutant qu’il lui paraissait difficilement possible de répercuter cette hausse sur les communes. « Le poids de l’énergie dans nos dépenses, qui était de 20 %, a atteint les 100 %. Tout notre chiffre d’affaires allait y passer. On a alors fermé ces structures pour conserver notre entreprise » précisait Jean-Pascal Gleizes, le directeur général de Vert Marine.

La fermeture des piscines pour cause de crise énergétique n’est peut-être finalement que le prolongement d’une crise plus lointaine frappant ces équipements sportifs. Depuis plusieurs années déjà, le coût de fonctionnement élevé des piscines est vu comme une épine dans le pied des collectivités. Et la crise du covid est venue s’ajouter à une situation financière déjà tendue : plus de frais engagés pour les mesures sanitaires et moins de recettes dues aux restrictions.

Une piscine coûte cher et ce dès sa construction – 55 % des équipements datent d’avant 1984, époque où l’on se préoccupait peu des économies d’énergie. Son entretien et son fonctionnement alourdissent encore un peu plus une note déjà salée. Selon un rapport de l’observatoire des finances et de la gestion publique locales (OFGL) publié en 2021 (données 2020), l’énergie est le deuxième poste de dépense de fonctionnement derrière le personnel : un plan d’eau consomme en moyenne plus de 3 000 kWh/m2 par an (étude Dalkia, filiale d’EDF). Rappelons qu’un logement dépassant les 450 KW/h par m2 est classé G, la dernière note du diagnostic de performance énergétique. Ce poste peut représenter 10 % de la facture totale pour une seule municipalité et monter à 18 % dans une intercommunalité avec une piscine plus grande et proposant d’autres services comme le hammam et le sauna très énergivores.

Question énergie, paradoxalement dans une piscine, il coûte plus cher de chauffer l’air ambiant que l’eau comme le montre un guide édité en 2021 par EDF et l’Association nationale des élus en charge du sport (« Réussir sa piscine publique ») : cela peut représenter jusqu’à 60 % du poste énergie contre 30 % pour l’eau des bassins et 10 % pour l’eau des douches et toilettes. Finalement, une piscine extérieure coûte moins cher à une collectivité qu’un bassin intérieur.

Face à cette situation, les élus se mettent en quête de tout moyen pour éviter les fermetures sous peine de mécontenter leurs administrés. Pour tenter d’améliorer la performance énergétique des piscines, une des pistes mises en oeuvre est celle du réemploi de la chaleur émise directement par l’équipement. Une méthode employée par la ville de Paris pour réduire ainsi sa consommation d’eau dans plusieurs équipements en cours de rénovation. L’autre piste privilégiée est celle de l’autonomie énergétique en installant par exemple des panneaux solaires sur les toits. Ailleurs, la piste de la géothermie est exploitée comme pour le centre aquatique de Bonneval (Eure-et-Loir) qui se chauffe à 70 % par le sol et à 30 % par le gaz. Finalement, la première des mesures a été de baisser la température de l’eau… 


* Près de 10 % des 3 700 piscines publiques françaises fonctionnent sous le régime de la délégation de service public.

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