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La rentrée des premiers députés

Après une élection aux résultats inattendus, marquée par la percée historique du Rassemblement national et le score décevant de Ensemble !, les premiers députés sont arrivés à l’Assemblée nationale ce matin, accueillis par une foule de journalistes.

“A tout Seigneur, tout honneur”, dit le dicton. C’est probablement ce qu’ont dû ressentir les premiers députés arrivés à l’Assemblée nationale dès lundi matin. Mais une arrivée qui s’est faite au compte goutte, il faut bien le dire. « La plupart arrivent deux ou trois jours après leur élection » commente un fonctionnaire de l’Assemblée chargé de l’accueil des députés et habitué des rentrées parlementaires. Accompagnés d’un huissier, ils ont récupéré leur mallette avant d’effectuer une visite guidée de l’institution. D’après les bruits de couloir, les 89 députés du Rassemblement national et l’essentiel de la NUPES devraient arriver mardi et mercredi en groupe.

Nouveaux visages

Tout comme lors de l’élection de 2017, plusieurs nouvelles têtes ont surgi depuis dimanche. C’est le cas du député Ensemble ! Paul Midy, élu dans la 5ème circonscription de l’Essonne, face à l’ancien député LREM Cédric Villani, passé chez la NUPES il y a quelques mois. Ce jeune polytechnicien de 39 ans a battu son adversaire avec 19 voix d’avance seulement. Militant à l’UMP, entre 2007 et 2012, il intègre l’appareil de LREM en 2019 avant d’en être promu directeur général en 2020. Son entrée de justesse à l’Assemblée nationale est donc pour lui une consécration.

Mais d’autres figures ont aussi émergé plus à gauche, avec l’arrivée de Rodrigo Arenas, ancien président de la FCPE (Fédération des conseils de parents d’élèves). D’origine chilienne, le nouveau député de la 10ème circonscription de Paris est arrivé en France à l’âge de 4 ans, sa famille fuyant la dictature de Pinochet. « C’est une grande émotion, je suis le fruit d’un exil politique, je suis un produit de la République. De pouvoir contribuer à mon pays qui m’accueilli de cette façon-là est un grand honneur. » raconte-t-il. Sans surprises, sa priorité est de mettre l’école au centre de ces cinq prochaines années : « l’école, c’est ce qui permet de changer un pays et d’apporter les réponses sur l’avenir, on est là pour les enfants aujourd’hui. »

Rassembler et construire

Les députés de la majorité n’ont que ces mots à la bouche depuis ce matin, alors même qu’ils sont très loin d’une majorité absolue à l’Assemblée. « On va gouverner avec tous ceux qui sont raisonnables, et qui ont envie de faire avancer le pays, insiste pourtant Paul Midy. Sur chacun des sujets, on va essayer de trouver des majorités d’action. » Un programme qui s’annonce difficile avec une opposition de gauche puissante et qui n’a pas l’intention de laisser la majorité présidentielle prendre les décisions toute seule : « Nous serons très remuants et déterminés à débusquer toutes les horreurs de la macronie », promet la député NUPES de Paris Clémentine Autain. Mais l’union s’annonce difficile pour la NUPES. Dès lundi après-midi, les écologistes, les socialistes et les communistes ont rejeté en bloc la proposition de Jean-Luc Mélenchon de créer un groupe parlementaire NUPES à l’Assemblée, preuve en est que l’alliance est fragile. A peine les élections terminées, les divisions ressurgissent. Même si La France Insoumise (LFI) possède le groupe le plus important à gauche dans l’hémicycle, avec 72 sièges, elle ne peut peser véritablement face à Ensemble !, qui est bien moins composite que la NUPES.

Un point d’accord : la lutte contre le RN

L’inquiétude est grande chez les députés LREM et NUPES, qui étaient les principaux députés présents lors de cette première journée. L’entrée massive et très inattendue d’un grand nombre de députés du Rassemblement national préoccupe les élus de tous les bords : « C’est très compliqué de construire avec l’extrême droite. Mon combat, c’est de faire reculer ces idées extrémistes » lance avec conviction Nadia Hai, ancienne ministre déléguée à la ville réélue dans la 11ème circonscription des Yvelines. Les élus de la NUPES sont tout aussi catégoriques : « la percée du Rassemblement National nous oblige à un débat très rude et frontal avec l’extrême droite » affirmait avec véhémence Clémentine Autain, qui souhaite en faire un des axes majeurs des cinq prochaines années.  Maximilien Nagy

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