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Législatives : Ce qu’il faut retenir du premier tour

Une abstention record, Ensemble ! et la Nupes au coude-à-coude, le RN peut espérer obtenir un groupe à l’Assemblée, LR qui sauve les meubles et le parti Reconquête d’Eric Zemmour éliminé.

Une abstention très élevée. Avec un niveau inégalé de 52,49 %, l’abstention représente le premier parti de France. Le 12 juin, les Français ne se sont clairement pas mobilisés pour ce « troisième tour » de la présidentielle. Une abstention qui a également eu un impact sur les résultats de ce premier tour. Pour être qualifiés, les candidats devaient réunir plus de 12,5 % des voix des inscrits et plus le taux d’abstention est élevé, plus le seuil de qualification est élevé.

En 2017, le taux d’abstention était déjà de 51,3 %. Une tendance abstentionniste aux législatives qui ne cesse de se confirmer d’élections en élections. Il est même nettement supérieur à celui de la présidentielle pourtant élevé pour ce type d’élection : 26,3 %% des électeurs avaient choisi de ne pas se déplacer au premier tour de la présidentielle (28,01 %, deux semaines plus tard pour le second tour).

Nupes et Ensemble (Renaissance, Modem, Horizons et Agir) au coude-à-coude. Selon les résultats officiels transmis par le ministère de l’Intérieur mais contestés par les partisans de Jean-Luc Mélenchon, la majorité présidentielle arrive en tête en recueillant 25,75 % des suffrages contre 25,66 % pour la Nupes, soit une différence de quelque 21 000 voix. Les partisans de cette union de la gauche hétéroclite qui réunit les écologistes, les communistes et les socialistes sous l’égide de la France insoumise ont immédiatement dénoncé une « tromperie » du ministère de l’Intérieur. Selon eux, certains candidats divers gauche n’auraient pas été comptabilisés dans l’alliance Nupes.

Reste que dans l’histoire de la Vème République, c’est la première fois que le parti présidentiel obtient un si faible score. Il devra composer avec des alliés (MoDem, Horizon) qui, indispensables, se montreront sans aucun doute exigeants. Le très grand nombre de duels entre ces deux forces trace les lignes d’une nouvelle bipolarisation politique.

La percée du RN. Le Rassemblement National (RN) obtient le score de 18,8 % au premier tour contre 13,20 % en 2017. Avec 208 candidats en ballotage au second tour (120 candidats en 2017), en cinq ans, le parti de Marine Le Pen a quasiment doublé son nombre de qualifications pour le second tour des législatives. Dans le nord-est de la France, le RN s’implante avec des scores plus élevés qu’en 2017 comme celui de Marine Le Pen qui a obtenu 53,96 % des suffrages sans pour autant être élue faute de la trop faible participation. Le RN termine en première position dans 110 circonscriptions contre seulement une vingtaine en 2017. En 2017, le mouvement de Marine Le Pen avait obtenu 8 députés. A la sortie des urnes de ce premier tour, elle pouvait espérer en avoir entre 25 et 35, ce qui lui permettrait de former un groupe parlementaire à l’Assemblée nationale lui donnant des moyens pour payer des collaborateurs supplémentaires et un temps de parole plus important.

L’échec de Reconquête. Après son échec cinglant à la présidentielle (7 %), Eric Zemmour doit une nouvelle fois s’incliner. Il n’a pas été qualifié au second tour des législatives dans la 4ème circonscription du Var (22,8 %). Il est arrivé en troisième position derrière la députée sortante Renaissance et le candidat RN. Deux autres figures du mouvement, Stanislas Rigault, le président de Génération Z qui se présentait dans la 2ème circonscription de Vaucluse et Guillaume Peltier, député sortant du Loir-et-Cher n’ont pas non plus réussi à se qualifier. Reconquête n’aura aucun élu dans cette assemblée.

LR « résiste ». Le vent du boulet n’est pas passé loin. LR obtient 11,30 % (13,17 % avec les divers droite) au premier tour, ce qui est un beau score en comparaison de celui de sa candidate à la présidentielle, Valérie Pécresse (4,7 %). La droite représente la quatrième force politique du pays en suffrages exprimés, derrière Ensemble !, la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes), et le Rassemblement national (RN).

87 candidats se sont qualifiés au second tour, parmi lesquels 56 sortants (contre 199 duels en 2017). « L’ancrage local » vanté par LR n’aura pas suffit à sauver des figures comme Julien Aubert dans le Vaucluse et Guillaume Larrivé dans l’Yonne. Au soir du premier tour LR a perdu 28 vingt-huit circonscriptions pourtant acquises. En 2017, LR comptait 101 députés. Moins nombreux mais présents, voire indispensables, les députés LR pourraient alors servir de force d’appoint pour Renaissance (ex-LREM) pour voter certaines lois.

Cinq élus au premier tour. Ils ne sont que cinq candidats à avoir été élus au premier tour en 2022, quatre candidats Nupes (Sophia Chikirou, Paris ; Alexis Corbière, Seine-Saint-Denis ; Danièle Obono, Paris ; Sarah Legrain, Paris) et un d’Ensemble ! (Yannick Favennec, Mayenne). Ils étaient cinq en 2017 mais 36 en 2012 et 110 en 2007. 

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