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Baisse de moral pour les salariés français

2,5 millions de salariés sont en burnout sévère après deux années de crise sanitaire constate le dernier baromètre du Cabinet Empreinte Humaine qui pointe une dégradation de la santé psychologique des salariés*.

On pourrait croire que tout va mieux mais il n’en est rien. Après (ou pendant selon) la pandémie, les dégâts sur le moral des Français continuent à se ressentir, « les indicateurs de l’état psychologique des salariés demeurent très inquiétants » indique le cabinet Empreinte Humaine qui enquête sur le sujet depuis le début de la crise sanitaire, « la détresse psychologique des salariés français se dégrade même depuis 2021, atteignant 41 % (+3 points) dont 13 % élevée (+1 point) ». Les salariés sont 50 % à s’isoler et à se couper du monde, et 40 % à perdre souvent patience et à être facilement irritable. Ils sont enfin 1/3 à être moins réceptif aux idées de leurs collègues, et 1/4 à être agressif pour tout et rien. Ce sont au total 34 % (+1 pt) des salariés qui sont en burnout dont 13 % en burnout sévère soit 2 500 000 personnes détaille le cabinet spécialisé dans la prévention des risques au travail. L’enquête menée par OpinionWay montre que les populations les plus touchées et à être en situation de détresse psychologique sont les jeunes (54 % des moins de 29 ans), les femmes (47,5 %) et les managers (44 %). Les managers sont même 38 % à être en situation de burnout dont 16 % en burnout sévère. Les télétravailleurs ne sont pas non pus épargnés puisque le sondage révèle qu’ils sont 36 % à se déclarer en situation de burnout dont 13 % de sévère. Le 9ème baromètre d’Empreinte Humaine pointe cette fois-ci la situation particulièrement exposée de la fonction RH depuis le début de la crise. Les professionnels des ressources humaines sont ainsi 64 % à être en situation de détresse psychologique et 63 % en situation de burnout dont 34 % de burnout sévère. « Cette étude a eu lieu au moment de la vague Omicron et du renforcement de certaines mesures comme le télétravail. Les niveaux de détresse psychologique sont toujours très élevés. La chronicité de cet état engendrant nécessairement des conséquences en termes de santé : burnout, dépression, arrêts maladie, relations dégradées dans l’entreprise / l’organisation, de turn over et intention de quitter… Avec cette 9ème vague, on note que la fonction RH est la plus exposée aux problématiques de santé psychologique : risques juridiques (obligation de prévention), mises en oeuvre des protocoles sanitaires, perte de repères, mises en place de multiples changements, confrontation à l’éclatement des collectifs, gestion de la détresse psychologique de salariés, encadrement du télétravail, gestion de conflits etc… » commente Christophe Nguyen, psychologue du travail et président d’Empreinte Humaine.

Après deux ans de pandémie, cinq vagues de protocoles sanitaires en entreprise et la banalisation du « stop and go » du télétravail, une fatigue pandémique s’est installée note le cabinet. Lors de la phase d’enquête réalisée entre fin janvier et début février, 67 % des salariés se déclaraient fatigués des discussions sur la Covid-19 dans les médias (la guerre en Ukraine est venue modifier les programmes) et 54 % se déclaraient fatigués des changement successifs de réglementations et de recommandations autour du Covid. Les salariés sont enfin 35 % à déclarer ne plus avoir envie de lutter contre la maladie. Une situation sans doute prise en compte par le gouvernement qui a décidé la levée du passe vaccinal et la fin du port du masque dans les lieux fermés et en entreprises au 14 mars. L’approche des élections ont sans aucun doute été aussi un bon accélérateur pour ce choix.

La crise et les réponses apportées par le gouvernement et les entreprises ont aussi permis aux salariés de faire entendre une nouvelle petite musique sur leurs attentes en matière de qualité de vie au travail pour cette année. Les salariés français souhaitent avant tout une meilleur équilibre entre leur vie professionnelle et personnelle avant même une discussion sur les salaires et les primes.

« Les attentes en matière de Qualité de Vie au Travail se confirment dans le domaine de l’équilibre des vies. La crise a replacé le besoin impérieux d’avoir une vie personnelle investie. La souffrance économique, le pouvoir d’achat, le salaire et des primes sont devenus prioritaires également. L’inflation et la crise Ukrainienne vont sans nul doute renforcer ce facteur. La reconnaissance au travail, autre que salariale, reste toujours une préoccupation majeure tout comme les bonnes relations avec les collègues (que la crise a mis à mal). Les démarches des organisations portant sur les « à-côtés » comme les programmes de nutrition, le sommeil, les massages ou autres sont clairement décriés et inadaptés quant aux besoins des salariés. Il faut arrêter de perdre du temps. De nombreuses études scientifiques montrent que ces actions ne sont pas efficaces pour la santé psychologique au travail, les salariés le savent également. » pointe Christophe Nguyen. 


*La 9ème vague du Baromètre « Impact de la crise sanitaire sur la santé psychologique des salariés » OpinionWay pour Empreinte Humaine, a été réalisée en ligne. Le recueil a été fait du 27 janvier au 11 Février 2022 auprès d’un panel représentatif de 2001 salariés représentatif et constitué selon la méthode des quotas, au regard des critères de sexe, d’âge, de secteurs d’activités, de nature d’employeur et de taille d’entreprises.

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