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De la bouteille à la canette…

Le marché du vin en canette est en croissance. Il répond aux attentes de néo-consommateurs au mode de vie plus festif et nomade.

Située au cœur du vignoble bordelais, à Léognan, Cacolac, la célèbre marque de boisson lactée et chocolatée va ouvrir à proximité de son site historique une nouvelle usine de conditionnement de vin en canette d’ici à l’été 2022, pour un coût de 5 millions d’euros. Si l’information a de quoi surprendre, il ne faut pas s’y méprendre, Cacolac est un acteur historique du vin en canette. Depuis 2012, la marque bordelaise produit en effet quelques 5 millions de canettes de vin par an. Ce nouveau bâtiment sera « exclusivement consacré aux prestations de remplissage pour les alcools et notamment le vin, sur lequel il y a une grosse demande » explique Christian Maviel, le PDG de l’entreprise familiale. Cette nouvelle usine devrait lui permettre de porter à 25 millions puis 40 millions le nombre d’unités produites par an. Car il s’agit de répondre à une demande en hausse, essentiellement à destination de l’étranger. Si en France, on est plus réticent, la tendance semble toutefois évoluer favorablement.

Un marché essentiellement à l’international

Une étude réalisée cet été par Norstat pour Ball Corporation (fournisseur d’emballages en aluminium) montre que près de la moitié des Français a déjà consommé du vin en canette ou envisage de le faire. 48 % des jeunes de 18 à 24 ans ont bu du vin en canette – ils sont 51 % au Royaume-Uni et 68 % aux Etats-Unis. Mais plus on avance en âge moins on consomme de vin en canette. Les millennials français (25 à 40 ans) ne sont déjà plus que 43 % à avoir bu du vin en canette. Pour les 45-54 ans, on passe à 35 % et 20 % pour les 55 ans et plus. Autre information : la tendance dépend des régions. Les Parisiens et les Nordistes sont plus sensibilisés à ce type de consommation que les habitants de l’Est et de l’Ouest. Et pour ce qui est du goût et des couleurs, le rosé est le plus consommé en canette (28 %) suivi par le vin pétillant (25 %), le blanc (18 %) et enfin le rouge (16 %). Cette enquête révèle également que la tendance dépend de la région. En effet, les Nordistes ainsi que les Parisiens seraient plus sensibles au packaging en aluminium que les habitants de l’Est et de l’Ouest. Côté couleur, sans surprise c’est le vin rosé qui est le plus consommé en conditionnement aluminium (28 %), puis le pétillant (25 %), le blanc (18 %) et enfin le rouge (16 %).

Reste que « pour l’instant, le marché se situe majoritairement aux Etats-Unis, où les consommateurs s’affranchissent plus facilement du contenant reconnaît Christian Maviel. Ils recherchent la praticité de l’emballage et n’ont pas le même rapport au produit que le consommateur français où le poids de la tradition est plus fort. En Europe, il y a une demande qui émerge également depuis trois-quatre ans, en Angleterre et dans les pays scandinaves essentiellement » poursuit le PDG de Cacolac, interrogé par 20 Minutes. « Ce nouveau format, particulièrement développé dans les pays anglo-saxons et asiatiques, permet aux vignerons français de trouver de nouveaux débouchés à l’export et pour mieux valoriser leurs vins » ajoute pour sa part, Cédric Segal, Directeur général de la société Star Beverages qui produit et conditionne environ 2 millions de canettes par an sur son site de Beaucaire (30).

Si en Europe, le marché de la canette augmente de 10 à 15 % chaque année (1), en France, les professionnels constatent un engouement certain pour le produit, même s’il est vrai que cette innovation œnologique peut déranger, et n’est pas forcément dans la culture française – on pense au bouchon synthétique qui a encore du mal à s’imposer dans les esprits des puristes.

Un produit écologique

La cible du vin en canette visée est avant tout celle d’une jeune population peu coutumière du produit mais dont les attentes sont fortes, notamment en termes de qualité. « Profondément nomade, le vin en canette invite à la découverte du vin français à travers un contenant ludique et écologique. Cette nouvelle expérience de consommation propose des vins accessibles, frais, et fruités à la dégustation » souligne Emmanuel Castaño, Chef de produit export de Maison Le Star spécialisé dans le négoce traditionnel des vins de Bordeaux et producteur bordelais avec 6 Châteaux et près de 500 hectares de vignes. Référencée chez Carrefour, Maison Le Star écoule près de 300 000 canettes de vin par an en France sur 1 million produites (2). « C’est aussi pour provoquer une entrée dans ce monde du vin » admet un viticulteur bordelais qui s’est lancé dans l’aventure. Ces néo-consommateurs consomment alors le vin en canette essentiellement l’été, lors de pique-nique, d’apéros (ce qui pourrait expliquer que le rosé est le plus vendu) ou pour des repas sur le pouce (sandwich et snacking). Cela correspond à un mode de vie festif et nomade prisé des jeunes actifs.

Autres atouts de ce packaging, le fait que la canette se prête bien au frigo – rosé encore – et que l’emballage en aluminium soit recyclable à l’infini, ce qui n’est pas pour déplaire à la jeune génération très attentive à ce sujet. Avec son format réduit, entre 250 ml et 187 ml, selon les fournisseurs, la consommation immédiate et raisonnée d’une canette éviterait aussi le gaspillage.

Son format compact, léger et tendance se prête ensuite particulièrement aux modes de transport (train, avion, bateau, etc.) ou encore aux mini-bars des grands hôtels. « Nous avons réfléchi ce contenant à travers un mot d’ordre : la praticité. L’emballage se veut léger, incassable, facile à transporter et prêt à l’emploi pour des moments de partage et de découverte entre amis ou en famille » résume Emmanuel Castaño.

Enfin et parce que « le vin est un produit particulièrement sensible comme le rappelle Cédric Segal, la canette est le conditionnement idéal puisqu’elle protège parfaitement son contenu de l’air, de la lumière et de l’humidité ». Fini le vin bouchonné ! Bref, à entendre les professionnels du secteur on n’y trouverait que des avantages ! Reconnaissons toutefois que ce mode de consommation ne correspond pas à tout le monde ni à tous les vins. Mais que l’on se rassure, personne n’entend vouer aux gémonies les vénérables bouteilles en cave. Au chapitre vin, versez toujours ! 

1. Sources : Euromonitor International et Ball Packaging Europe, 2012.

2. Après avoir lancé en 2014 le premier rosé pamplemousse en canette, Maison Le Star annonce pour février 2022 la toute première canette française de vins pétillants.

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