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Un accord contre la déforestation signé à Glasgow

Lors de la COP26, les dirigeants de plus de 100 pays ont signé un accord pour mettre un coup d’arrêt à la déforestation dans le monde. L’initiative va bénéficier d’un financement public et privé de 19 milliards de dollars.

A Glasgow, à la COP26, ils sont une centaine de dirigeants de pays représentant 85 % des forêts du monde à avoir pris l’engagement de lutter contre la déforestation. Parmi les signataires, on compte de grandes nations forestières comme le Canada, la Colombie, la Russie, l’Australie, la République démocratique du Congo (RDC), la France et même le Brésil (60 % de la forêt amazonienne), très souvent pointé du doigt dans la déforestation de ses forêts tropicales au profit du bois d’œuvre ou de la culture des cultures de palmiers à huile, de soja ou pour y pratiquer l’élevage. La Chine et les Etats-Unis, gros consommateurs de bois sont également signataires. Donnée un premier temps comme signataire de l’accord, l’Indonésie a formellement démenti qu’elle s’était engagée à mettre un terme à la déforestation d’ici 2030. Le vice-ministre des Affaires étrangères Mahendra Siregar a estimé que l’engagement de mettre fin à la déforestation était « faux et trompeur », précisant que le communiqué sur cet accord avait été publié avant la fin des discussions. Reste malgré tout que pour Boris Johnson, « Il s’agit de la plus grande avancée en matière de protection des forêts du monde depuis une génération ». Dans un communiqué, le Premier ministre anglais a même salué un engagement « historique ». Ce nouvel accord vient se substituer à la déclaration de New-York de 2014 dans laquelle des dizaines de dirigeants et de chefs d’entreprises avaient déjà pris l’engagement de réduire la déforestation d’ici 2020 et y mettre fin d’ici 2030. Cité par Bloomberg, le directeur scientifique des Royals Botanic Garden, n’a d’ailleurs pas manqué de relever ce paradoxe : « L’arrêt de la déforestation a déjà été promis mais a échoué de façon gigantesque » a-t-il alerté ; « c’est aujourd’hui notre dernière fenêtre d’opportunité » a-t-il aussi prévenu en marge du sommet de la COP26.

Boris Johnson a pourtant assuré que ce nouvel accord visait plus loin. Notamment parce qu’il bénéficie d’un engagement financier public et privé « pour la protection et la restauration des forêts » de 19,2 milliards (16,5 milliards d’euros) sur plusieurs années. Pour lutter contre la déforestation, douze pays dont la France se sont d’ores et déjà engagés à donner ensemble 10,3 milliards d’euros de fonds publics entre 2021 et 2025. 6,24 milliards d’euros d’investissements privés devraient venir compléter ce budget. Dans le détail, 1,3 milliard de dollars ont été promis pour la protection du bassin du Congo qui abrite la plus grande forêt tropicale du monde après l’Amazonie. En parallèle de ces annonces, une trentaine d’institutions financières représentant plus de 8700 milliards de dollars d’actifs mondiaux (Aviva, Schroders, Axa…) ont déclaré qu’elles allaient renoncer à leurs investissements dans les activités liées à la déforestation.

Et parce qu’« une zone forestière équivalent à 27 terrains de football disparaît chaque minute », « avec ces promesses sans précédent, nous aurons une chance de mettre fin à la longue histoire de l’Humanité en tant que conquérante de la nature pour en devenir le gardien » s’est félicité un Boris Johnson lyrique. « Les forêts, poumons de notre planète, absorbent à peu près un tiers du CO2 émis dans le monde par combustion d’énergies fossiles chaque année, mais nous sommes en train de le perdre » a tenu à rappeler le Premier ministre britannique.

Pour autant, si plusieurs ONG ont salué cet engagement international, nombreuses sont celles à regretter l’absence d’aspect contraignant de l’accord. Greenpeace a également jugé sévèrement cette initiative estimant que l’échéance de 2030 est trop lointaine.

Selon les chercheurs, 1,8 million de kilomètres carrés de forêts ont été perdus dans le monde depuis les années 1990. 

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