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Les Français font plus confiance aux régions qu’à l’Etat

Un sondage Ifop* réalisé pour la Fondation Jean Jaurès et Régions de France à l’occasion de son congrès montre que les Français font plus confiance aux régions qu’à l’Etat. Ils veulent aussi que l’on donne plus de pouvoirs aux régions.

L’abstention record aux dernières régionales hante encore toutes les mémoires. On voudrait en trouver les raisons. A la demande de Régions de France, l’Ifop a interrogé les Français sur les raisons de leur abstention mais aussi sur celles de leur participation à ce vote. Des raisons qui diffèrent selon que l’on soit métropolitains, Corses ou d’Outre-mer. Ainsi, pourquoi se déplacer alors que ces élections « ne changent rien à leur situation personnelle » (41 %) estiment les abstentionnistes métropolitains. En Corse et en Outre-mer, par contre, l’abstention est justifiée simplement « parce qu’ils n’ont pas vu de différence entre les projets des différentes listes » (43 % et 41 %). « L’Hexagone est dans une logique de vanité : je ne vote pas parce que ça ne change rien pour moi » pense pouvoir dire Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l’Ifop.

Question inversée et posée aux électeurs qui sont allés mettre un bulletin dans l’urne. 75 % des votants déclarent l’avoir fait « parce qu’ils ont toujours voté, par devoir civique ». Des chiffres qui révèlent toutefois une certaine absence de conviction. En Corse, on se sent plus impliqué. 58 % des votants de Corse qui se sont déplacés l’ont fait « parce que ces élections ont un impact sur la situation de leur région ». Dans les régions d’Outre-mer, les votants admettent un intérêt dans la gestion de leur région (57 %)

Au-delà de ce retour sur les Régionales, le sondage montre que les Français, contrairement ce que pourrait laisser entendre l’abstention de la dernière élection connaissent plutôt bien leur région, ses compétences et même le nom du président. « Alors que la question posée concernait la notoriété spontanée, le taux moyen de bonnes réponses est élevé – et même supérieur à 50 % dans de nombreuses Régions » se félicite Régions de France dans un communiqué.

Pour autant, il ressort de l’enquête que la Région n’est pas l’échelon territorial auquel on s’identifie naturellement. Sans surprise, on s’identifie d’abord à sa commune (45 %). Une exception toutefois avec les habitants de l’île de beauté qui se sentent d’abord Corse (34 %). En Outre-mer, on se déclarent d’abord habitants de France (46 %).

Très largement, les sondés disent avoir globalement plus confiance à la région qu’à l’Etat : 74 % en métropole, 70 % en Corse et 66 % pour les habitants des DROM.

Peut-être est-ce parce que l’on a plus confiance dans les régions que dans l’Etat que l’on demande aussi plus de pouvoirs pour ces mêmes régions. Deux tiers des Français considèrent que l’Etat ne laisse pas assez de pouvoirs aux Régions, aux départements et aux communes montre le sondage. Il sont ainsi 54 % de l’ensemble des habitants de l’Hexagone à souhaiter que l’on donne plus de pouvoir à leur Région ; 62 % de l’ensemble des habitants de Corse souhaitent donner plus de pouvoir à la Collectivité et 56 % de l’ensemble des habitants des DROM souhaitent donner plus de pouvoir à leur Région / Collectivité.

La demande de régionalisation est visible dans les domaines de la préservation de l’environnement, du retour à l’emploi des chômeurs ou de l’accompagnement des projets de développement des entreprises ou même de l’équité de l’accès aux soins. « Quarante ans après les premières lois de décentralisation, les Français considèrent que le compte n’y est pas » décrypte Frédéric Dabi.

Enfin, si l’on en croit les réponses des sondés, donner plus de pouvoirs aux régions, serait aussi une façon de lutter contre l’abstention. Ils sont en effet entre 65 et 78 % à assurer qu’ils iraient voter si davantage de pouvoirs étaient donnés aux Régions.

Pour Gilles Finchelstein, Directeur Général de La Fondation Jean-Jaurès cette demande de régionalisation est même « une nécessité en termes de démocratie ». Il apparaît selon lui que l’abstention aux régionales « n’était pas une abstention de défiance mais une abstention d’indifférence, notamment liée à la difficulté à saisir l’enjeu politique »

*Sondage mené auprès de trois échantillons : 3011 personnes représentatif de la population métropolitaine (hors Corse) âgée de 18 ans et plus ; 601 personnes représentatif de la population de la Région Corse âgée de 18 ans et plus ; et 803 personnes représentatif de la population des Départements et Régions d’Outre-mer âgée de 18 ans et plus. Selon la méthode des quotas : sexe, âge, profession de la personne interrogée, catégorie d’agglomération, Région.

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