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Cordouan : vive le “roi des phares” !

Le phare de Cordouan vient d’être inscrit sur la prestigieuse liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Une récompense justifiée pour ce monumental phare surnommé le « Versailles de la mer ».

Sur cette liste élitiste de l’Unesco, on compte déjà la Grande Muraille de Chine, le Taj Mahal, le Grand Canyon… Et depuis cet été on y trouve le phare de Cordouan, inscrit au titre de bien culturel présentant un intérêt exceptionnel pour l’héritage commun de l’Humanité. Un titre qui vient récompenser un monument « unique et singulier ». Se dressant fièrement dans l’estuaire de la Gironde, le « roi des phares » ou « phare des rois », est une histoire longue de près de 400 ans. Ses origines remontent au XIVème siècle avec une première tour à feux érigée sur l’île de Cordouan. Au XVIème siècle, pour pallier aux trop nombreux naufrages qui se produisent dans l’estuaire de la Gironde, Henri III, dernier roi Valois ordonne l’érection d’un phare. Le projet démesuré est confié à l’architecte Louis de Foix. Maintes fois retardé par les guerres de religion, la difficulté et les coûts faramineux d’un tel chantier en pleine mer, la construction s’éternise. Henri IV encourage fermement la poursuite des travaux et entend faire de Cordouan, le symbole de la puissance royale. « Le phare se pare de sculptures, de boiseries et accueille même une chapelle royale » expliquent les historiens. Le phare est achevé en 1611, 27 ans après le début des travaux. Louis de Foix qui aura consacré sa vie et sa fortune ne verra jamais son œuvre achevée. Haut de 37 mètres, le phare est alors une tour ronde de trois étages. Rongé par le temps et les assauts des flots, Cordouan souffre. Dans les années 1780, on confie à l’architecte Joseph Teulère le soin de réparer et même de surélever de 20 mètres le phare. La mission est remplie avec succès et donne au phare la physionomie qu’on lui connaît aujourd’hui encore. De par son caractère unique et sa localisation, Cordouan devient alors « le terrain d’expérimentation rêvé des ingénieurs » qui s’évertuent à faire progresser les systèmes d’éclairages des phares. En 1823, Augustin Fresnel y expérimente un prototype de lentille à échelons et ce nouveau système révolutionne l’éclairage moderne des phares. La « lentille de Fresnel » équipe la plupart des phares dans le monde aujourd’hui.

Cette inscription au Patrimoine mondial de l’Unesco n’aurait jamais abouti sans la forte mobilisation de tous les acteurs fruit d’une démarche collective lancée en 2016 associant l’Etat, le Simiddest, le syndicat mixte pour le développement durable de l’estuaire de la Gironde, les collectivités territoriales, des personnalités et des milliers de bénévoles.

Monument incontournable du paysage estuarien, le phare, toujours en fonction grâce à la présence permanente des gardiens, accueille chaque année près de 24 000 visiteurs d’avril à octobre qui sont transportés sur le site par bateaux. 

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