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Le télétravail c’est aussi pour les fonctionnaires

Un accord-cadre encadrant le télétravail dans les trois fonctions publiques est entré en vigueur le 1er septembre. Conclu en juillet entre les organisations syndicales, les employeurs publics et le ministère, l’accord prévoit que les fonctionnaires pourront télétravailler jusqu’à trois jours par semaine.

“Une révolution”, « une avancée sociale majeure », un accord « historique », la ministre de la transformation et de la Fonction publique Amélie de Montchalin est dithyrambique lorsqu’il s’agit d’évoquer cet (son) accord sur le télétravail dans la fonction publique. Un accord signé à l’unanimité qui tombe à point nommé alors que les entreprises sont aussi depuis le 1er septembre, libres de décider de leur rythme de télétravail. Et justement pour la ministre, cet accord-cadre tendrait notamment à démontrer, s’il le fallait, que la fonction publique n’est pas « figée, suiviste ou en retard ».

L’accord qui concerne les trois fonctions publiques prévoit que sur la base du volontariat et avec l’accord du chef de service, un agent public puisse bénéficier jusqu’à trois jours par semaine de télétravail, avec une compensation financière de 220 euros par an maximum. Contrairement au monde de l’entreprise, cet accord est contraignant pour les employeurs. Selon les chiffres du ministère « près de la moitié » des 2,5 millions d’agents pourra bénéficier de la mesure, leur métier étant « télétravaillable ». Ne sont « évidemment » pas concernés les agents dont la présence face au public est indispensable comme les enseignants, le personnel médical ou les policiers. « Cet accord historique est aussi un progrès social pour les femmes enceintes, pour les proches aidants » qui pourront demander à bénéficier de plus de journées de télétravail se félicite la ministre.

Consciente des critiques à venir, Amélie de Montchalin a rapidement tenu à préciser que la mesure « n’est pas un prétexte pour faire du flex office ». « Chacun pourra garder un bureau individuel. Il n’y a pas d’agenda caché pour chercher à faire des économies sur l’immobilier » s’est-elle empressée d’ajouter. Reste que l’accord prévoit le développement de « tiers-lieux » publics équipés pour les fonctionnaires qui ne le seraient pas ou qui ne disposeraient pas de bonnes conditions de travail chez eux.

« Ce qui était impossible avant la crise est devenue possible » raconte la ministre qui voit dans la pandémie un effet accélérateur. « Les Français ont vu que les services publics ont tenu et sont restés ouverts, alors que beaucoup d’agents travaillaient chez eux estime la ministre convaincue. Près de 80 % des agents des administrations centrales étaient en télétravail, 50 % dans les services déconcentrés » affirme-t-elle encore. Mais il n’est pas certain que sur le terrain le ressenti ait été le même. Quoiqu’il en soit pour la ministre, « C’est une avancée majeure et novatrice, qui prend en compte l’expérience du télétravail pendant la crise sanitaire, avec ses avantages et ses inconvénients, souligne Amélie de Montchalin. En un an nous avons fourni un effort massif et inédit pour équiper nos agents avec des ordinateurs portables, des systèmes de partage de documents et de visioconférence. Ce qui était impossible avant est devenu possible ».

Il reste cependant deux obstacles à surmonter : convaincre les managers et surtout le public. « Ma première bataille depuis que je suis ministre, c’est de convaincre les managers, comme les agents, de remettre de la confiance dans les relations au travail. Travailler aujourd’hui, ce n’est pas nécessairement depuis son bureau, sous le regard du chef. Si un poste ou une mission est télétravaillable, l’employeur se doit de l’accepter » précise la ministre qui, pour faciliter le télétravail s’est déjà attelée au chantier de simplification des procédures internes. 

SNCF : Un abonnement pour les télétravailleurs
Avec le Covid, les voyages d’affaires sur les lignes TVG ont fortement diminué faisant perdre de l’argent à ce segment majeur de la SNCF (Perte de 50 % de ses voyageurs d’affaires en juin). Pour tenter d’y remédier le groupe ferroviaire a lancé cet été un tout nouvel abonnement « pour accompagner le développement des nouveaux usages et nouveaux modes de vie qui ont émergé avec la crise sanitaire, dont l’accentuation du travail à distance ». « Mon forfait annuel télétravail » s’adresse aux télétravailleurs et aux navetteurs, ceux qui ont déjà un abonnement mais qui vont réduire leurs déplacements. Valable du lundi au jeudi - le vendredi est le jour le plus télétravaillé – ce forfait prévoit 250 trajets par an, soit deux ou trois allers-retours par semaine, à un prix « très attractif », équivalent à 40 % de réduction par rapport à un abonnement classique annuel. L’abonnement qui devait être pris avant le 9 août n’a recueilli qu’« un millier d’abonnés ».

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