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L’impact de la crise sanitaire sur l’absentéisme en entreprise

Le Covid-19 est la cause principale des absences au bureau sur la période de janvier à mai 2021.

Les données présentées par Malakoff Humanis montrent que le nombre de salariés en arrêt de travail (hors fonction publique) a augmenté de 30 % entre janvier et mai 2021, passant de 10 % des salariés en janvier à 13 % en mai. La Covid est la première cause d’arrêt tout au long de la période (46 % des arrêts : 12 % pour les cas diagnostiqués Covid et 34 % pour les arrêts dérogatoires (1)). « Le pic a été atteint en avril 2021 avec 52 % des arrêts liés à la Covid, dont 15 % de cas diagnostiqués » précise Malakoff Humanis dans un communiqué.

Hors Covid, les principaux motifs d’arrêt maladie sont les accidents ou traumatismes (21 %) et les troubles psychologiques (dépression, anxiété, stress, épuisement professionnel…) qui représentent 19 % des arrêts. Viennent ensuite les maladies graves et les troubles musculosquelettiques (12 % chacun). En moyenne, 28 % des arrêts sur la période sont liés à des causes personnelles (maladie ordinaire, chirurgie, maladie grave ou chronique, troubles psychologiques…). Cette part a baissé, passant de 34 % en janvier à 24 % en mai, une baisse portée par la diminution des interventions chirurgicales, cause de 2 % des arrêts en mai contre 10 % en janvier.

L’enquête montre encore que le nombre d’arrêts de travail par mois a augmenté de janvier à mai, passant de 1,7 à 2,2 arrêts en moyenne par salarié, « engendrant des perturbations pour les entreprises ». Par ailleurs, en mai, 40 % des salariés concernés ont été arrêtés à deux reprises ou plus, contre 34 % en janvier. Ce sont chez les managers que la proportion d’arrêts maladies a été la plus importante : 17 % contre 11 % pour les non-managers. Ces arrêts sont davantage liés à des motifs professionnels : 32 % vs 26 % pour l’ensemble des salariés.

L’étude permet également de voir que le renoncement aux arrêts maladie diminue. 8 % des salariés ont continué à travailler bien que leur médecin leur ait prescrit un arrêt de travail. Ils étaient 19 % en septembre 2020 souligne Malakoff Humanis. Hors arrêts Covid, 40 % des arrêts sur la période sont des arrêts courts (3 jours ou moins), et 16 % sont des arrêts longs (supérieurs à un mois). A titre de comparaison, les arrêts longs représentaient 12 % des arrêts maladie en 2020, et 9 % en 2019. Enfin, 30 % des arrêts pour troubles psychologiques d’origine professionnelle sont des arrêts longs.

C’est dans le secteur de l’industrie et dans les entreprises de taille intermédiaire (50 à 249 salariés) que les salariés ont été les plus nombreux à s’arrêter. Les arrêts pour causes professionnelles ont été plus nombreux au sein des plus grandes entreprises (37 % dans les entreprises de 250 à 999 salariés et 34 % dans les entreprises de plus de 1 000 salariés) et dans certains secteurs de l’industrie (automobile, agro-alimentaire, pharmacie). Les arrêts pour motifs psychologiques ont été plus nombreux dans les plus grandes entreprises, dans l’industrie pharmaceutique et dans les services aux entreprises.

Malakoff Humanis fait enfin le constat d’une dégradation de la santé mentale due à la crise sanitaire. « La crise sanitaire, les confinements successifs, le télétravail contraint sont autant de facteurs qui ont bouleversé l’organisation du travail et mis à l’épreuve la santé mentale des salariés. Les données présentées ici mettent en avant, non pas une explosion des risques psychosociaux, mais plutôt une fragilisation générale de l’état psychologique des salariés » explique la mutuelle. Si 65 % des salariés estiment être en bonne santé, près d’un salarié sur dix évalue négativement sa santé mentale aujourd’hui. Et 41 % des personnes interrogées estiment que la crise sanitaire a eu un effet plutôt négatif sur leur santé mentale. Ce sentiment est plus marqué chez les salariés ayant vécu une situation d’isolement social (35 % des salariés déclarent se sentir isolés), une situation financière compliquée (32 %), un deuil (26 %), une situation difficile sur le plan familial ou du logement. A titre d’exemple, 19 % des salariés qui connaissent ou ont connu une situation d’isolement social au cours des douze derniers mois qualifient leur état de santé mentale comme mauvais (vs 9 % pour l’ensemble des salariés). Les femmes sont également plus concernées par l’impact négatif de la crise sur la santé mentale (47 % vs 41 % pour l’ensemble des salariés), de même que les cadres (46 %), et les parents isolés (48 %). « La crise a par ailleurs amplifié des états ou situations qui peuvent avoir un impact négatif sur la santé mentale des salariés : 29 % des salariés ont ressenti davantage de stress, et 14 % déclarent avoir développé des habitudes addictives (tabac, alcool…) » ajoute Malakoff Humanis. 


1. Arrêt de travail dérogatoire pour isolement, dispositif Covid-19 de chômage partiel pour garde d’enfants, arrêt de travail dérogatoire pour personne vulnérable.

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