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Origine du Covid : la Chine pointée du doigt

Le président des Etats-Unis, Joe Biden accuse la Chine de dissimuler des « informations cruciales sur les origines de la pandémie ».

Peu de temps après son arrivée à la Maison-Blanche, le nouveau président Joe Biden demandait à ses agences de renseignement de « redoubler d’efforts » pour fournir un rapport détaillé sur l’origine du virus de Covid-19. Après avoir pris connaissance de ce document classé top secret mais dont le résumé a été déclassifié, le président des Etats-Unis n’a pas hésité longtemps à pointer du doigt la Chine, accusée de cacher « des informations cruciales sur l’origine de la pandémie de Covid-19 ». « Depuis le début, des responsables gouvernementaux en Chine œuvrent pour empêcher les enquêteurs internationaux et les acteurs mondiaux de santé publique d’y accéder » a asséné le Chef d’Etat. Une assertion qui sont dans la droite ligne des remarques de l’Organisation Mondiale de la santé (OMS) qui a, à plusieurs reprises, demandé à la Chine de fournir toutes les informations utiles et à autoriser une nouvelle enquête internationale sur son territoire après celle de janvier 2021. Refus sans appel de la Chine.

Ainsi, faute de transparence chinoise, dans ce rapport, le renseignement américain n’arrive pas à être catégorique et ne fait qu’émettre une série de suppositions sur l’origine de ce nouveau virus apparu fin 2019 en Chine. Les quatre agences de renseignement et le Conseil national du renseignement écartent assez rapidement la piste d’un virus créé pour être une « arme biologique » et il n’a « probablement » pas été conçu « génétiquement » ajoutent les auteurs. Reste que ces agences sont hésitantes sur le point de départ de la transmission : Doit-on parler d’une exposition naturelle à un animal infecté (on est passé du pangolin à la chauve-souris) ou d’un accident de laboratoire ? Pour le renseignement américain, la piste la plus « probable » mais avec toutefois « un bas degré de confiance » semble être celle de la transmission naturelle par un animal. « La communauté du renseignement des Etats-Unis juge que les responsables chinois n’avaient pas connaissance en amont du virus avant le début de la pandémie » est-il écrit dans une version résumée et rendue publique du rapport pour justifier cette option. Pour autant, l’unanimité ne se fait autour de cette hypothèse. Une autre agence estime pour sa part et avec « un niveau de confiance modéré » que la thèse d’une fuite accidentelle du laboratoire de virologie de Wuhan n’est pas totalement exclue. L’accident se serait « probablement » produit après l’infection d’un employé ayant procédé à des manipulations et expérimentations sur un animal ou sur des prélèvements infectés. Pour appuyer ses dires, cette agence américaine évoque le « risque inhérent » des recherches menées sur le coronavirus à Wuhan.

Enfin, « des analystes de trois agences » estiment ne pas être en mesure de se prononcer catégoriquement sur l’une ou l’autre des hypothèses. « Sans de nouvelles informations » de la Chine, les agences se sont déclarées « incapables de prodiguer une explication plus définitive » sur l’origine du SARS-CoV-2. « A ce jour, la Chine continue de rejeter les appels à la transparence et de cacher des informations alors même que le bilan de cette pandémie continue de grimper » s’emporte Joe Biden dans son communiqué. « Nos efforts pour comprendre l’origine de cette pandémie ne faibliront pas » a-t-il crânement ajouté.

A la suite de ce communiqué de la Maison-Blanche, la réponse de l’ambassade chinoise à Washington ne s’est pas faite attendre. Elle accuse la communauté du renseignement des Etats-Unis de « manipulation politique ». « Le rapport [… ] se fonde sur une présomption de culpabilité de la part de la Chine, et seulement pour faire de la Chine un bouc émissaire » dénonce-t-elle.

Lors de son enquête en janvier 2021, l’OMS avait dans son rapport « de première phase » exonéré la Chine de toute responsabilité estimant « extrêmement improbable » l’accident de laboratoire. Les experts de l’OMS, largement appuyés par des chercheurs chinois, privilégiaient la piste d’une transmission du virus à l’homme par une chauve-souris.

Accident de laboratoire ou transmission naturelle par un animal ? La communauté scientifique est aussi très divisée sur le sujet. Alors que la thèse de l’accident a été un temps privilégiée, celle de l’animal infecté semble reprendre le dessus. Tandis que mi-mai des scientifiques écrivaient qu’il ne fallait pas ignorer la piste de l’accident, très récemment d’autres chercheurs jugeaient qu’il n’existe actuellement aucune preuve que le SARS-CoV-2 tire son origine d’un laboratoire. Qui croire ?

Pourtant trouver l’origine du virus qui a fait plus de 4,7 millions de morts dans le monde permettrait sans aucun doute de se préparer à affronter une prochaine et probable pandémie. 

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