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Le français bientôt langue officielle du Québec

Dans la loi sur les langues officielles, le Premier ministre du Canada veut que le français soit reconnu comme seule langue officielle du Québec.

L’annonce faite par le Gouvernement canadien de Justin Trudeau de modifier la loi de 1969 sur les langues officielles en a surpris plus d’un. Beaucoup ont vu dans ce choix, une manoeuvre politique. Jusqu’ici, la loi actait que l’anglais et le français prévalent comme langues officielles au sein de l’Etat fédéral canadien. Un bilinguise farouchement défendu au cours de ces années par tous les gouvernements libéraux, dont celui du père du Premier ministre actuel Pierre Elliott Trudeau.

Alors opportunisme électoraliste ou réalisme ? Personne aujourd’hui ne peut nier que le français est en perte de vitesse au Canada et même au Québec. Fort de ce constat, Justin Trudeau, lors de son discours du Trône (discours qui ouvre chaque nouvelle session parlementaire, et qui permet au gouvernement de présenter les grandes lignes de sa politique) a alors admis officiellement avoir « la responsabilité de protéger et de promouvoir le français non seulement à l’extérieur du Québec mais également au Québec ». Mais cette question de la défense du français n’arrive pas par hasard sur le devant de la scène politique. Des élections fédérales doivent se tenir dans quelques mois. A la demande du parti conservateur, la Chambre des communes avait organisé un débat sur le recul du français au Québec. Au Québec même, le Premier ministre Legault s’est lancé dans un vaste projet de modernisation de la loi 101, aussi communément appelée Charte de la langue française. Ce texte a adopté en 1977 décrit les droits linguistiques des citoyens québécois. Par effet domino, le Premier ministre Legault projetait de faire inscrire deux nouveaux articles dans la Loi constitutionnelle de 1867 visant à faire reconnaître que les Québécois forment une nation et que le français est la langue officielle du Québec Mais comme l’explique le chroniqueur du Figaro Mathieu Bock-Côté, « ce geste plus symbolique qu’autre chose » est surtout là « pour éviter d’avoir à affronter le premier ministre québécois François Legault lors de ce scrutin, les fédéraux cherchent à occuper le terrain linguistique ».

Dans le projet de réforme Trudeau, dans les tiroirs depuis six ans assure le gouvernement et dont un document de travail a été présenté en février dernier par la ministre du développement économique et des langues officielles Mélanie Joly, le texte à venir propose de « renforcer la langue française en décrétant que les employés travaillant pour des entreprises à charte fédérale comme les banques et les sociétés de télécommunications avaient le droit de travailler en français au Québec ». Il est aussi prévu que les entreprises qui comptent 50 employés ou plus auront l’obligation de communiquer avec ces employés en français s’ils en expriment le désir. Le texte prévoit encore que les juges de la Cour suprême se verront imposer le bilinguisme. La loi future s’appliquera non seulement au Québec mais également dans les régions à fortes minorités francophones comme le Nouveau-Brunswick et l’est et le nord de l’Ontario. « Le français doit être davantage protégé parce qu’il fait face à une érosion et à un déclin. Nous nous engageons donc à en faire plus et nous allons en faire plus » a longuement expliqué la ministre Mélanie Joly qui a dû répondre aux vives critiques des souverainistes du Bloc québécois. « 50 ans plus tard, le fédéral va reconnaître que le français est la langue officielle du Québec, soit un demi siècle en retard » a ironisé Claude DeBellefeuille, whip de la formation politique.

Le projet de loi devait être déposé une semaine seulement avant la fin de la session parlementaire. Ce qui n’a pas manqué d’agacer l’opposition. « La session parlementaire tire à sa fin et les libéraux veulent déclencher des élections le plus tôt possible. Dans ce contexte, il est clair qu’un projet de loi, même déposé cette semaine, n’aurait pas le temps d’être adopté et les libéraux le savent très bien. Si cet enjeu avait été réellement important pour eux, ils auraient déposé un projet de loi bien avant » s’est emporté le député conservateur Alain Rayes, propos rapporté par le magazine québécois L’Actualité qui accuse les Libéraux de se servir du « dossier des langues officielles comme outil électoral et pour servir leurs propres intérêts »

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