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Mobilités : “Renverser les habitudes, faire avancer les solutions et ne laisser personne sur le bord du chemin”

Par Etienne Lengereau, Maire de Montrouge, Vice-Président du territoire Vallée Sud Grand Paris en charge des transports et des mobilités, Conseiller métropolitain délégué au déploiement de Métropolis

J’entends de nombreuses voix s’élever, notamment au Parlement (1), pour contester l’utilité de la métropole du Grand Paris et réclamer son évaporation au profit soit des territoires qui la composent soit de la région dont elle constitue la zone dense. Pourtant s’il est une politique qui justifie pleinement à mon sens cette métropole et qui légitime son action, c’est bien celle de la lutte contre la pollution de l’air.

Il n’existe plus grand monde aujourd’hui pour contester l’objectif d’une métropole débarrassée du carbone et des particules fines. Nous les maires de la métropole sommes pleinement engagés dans ce combat pour à la fois renverser les habitudes, faire avancer les solutions et ne laisser personne sur le bord du chemin. Nous savons tous que les grands Parisiens aspirent à vivre dans une métropole respirable et partagent pour la plupart la nécessité de mettre en oeuvre des politiques volontaristes et ambitieuses pour y parvenir dans les meilleurs délais.

C’est pourquoi la métropole du Grand Paris a eu raison de s’emparer il y a trois ans du projet de mise en place d’une zone à faible émission (ZFE) comme il en existe déjà dans plus de 200 villes en Europe. Par son périmètre et le nombre des habitants concernés, cette ZFE est l’une des plus vastes d’Europe et du monde. Elle concerne en effet 79 communes sur près de 500 km2 et quelque 5 millions d’habitants. Elle vise à éradiquer les véhicules thermiques dont la circulation sera interdite en 2030 à l’intérieur du périphérique métropolitain que constitue l’A86. L’éviction des véhicules polluants au sein de la zone dense de la métropole se fera par étape afin de permettre aux automobilistes de remplacer progressivement leurs anciens véhicules en véhicules propres.

La prise de conscience de ces enjeux par les maires des 79 communes concernées s’est accélérée du fait de la crise sanitaire, et aucune voix ne s’est élevée contre la décision de l’Etat de rendre obligatoire la mise en œuvre cette ZFE en décembre dernier.

Pour autant, nous devons veiller à ne pas stigmatiser ceux qui utilisent encore des véhicules anciens et polluants, mais au contraire les aider à franchir le pas. Il est clair que ce sont les ménages les plus modestes comme les petites entreprises les plus fragiles qui seront les premiers concernés, car ils n’ont pas pour la plupart les moyens de financer l’achat de véhicules neufs ou récents. Il n’est pas question de promouvoir une politique punitive, mais au contraire de proposer des aides sonnantes et trébuchantes pour remplacer les véhicules anciens et polluants. C’est pourquoi il est urgent que le micro-crédit et les prêts à taux zéro soient mis en place pour accompagner chacun, et surtout les plus modestes. Les aides existent et sont en place, il importe d’en informer chacun et d’accompagner le mouvement.

Par ailleurs, et parce que la stratégie de la Métropole du Grand Paris se veut globale et cohérente, nous travaillons pour que de réelles alternatives soient offertes à tous ceux qui feront le choix d’un véhicule propre. Donner la capacité à chacun de recharger son véhicule électrique sur la voie publique devient donc un enjeu concret que la métropole a décidé de prendre à bras le corps. Car le temps presse : le parc de véhicules électriques est en très forte croissance (2) et les prix d’achat vont continuer de baisser. Pour aller vite et fort sur les infrastructures de recharge, la métropole propose aux maires une solution efficace, rapide et avantageuse. Elle a choisi, au terme d’un appel à concurrence, le meilleur consortium privé pour déployer dans les meilleurs délais 5000 bornes de recharge électrique. Baptisé Métropolis, cette offre est immédiatement opérationnelle et présente de nombreux avantages : les tarifs correspondent à la consommation d’énergie effective, les bornes sont inter-opérables et une redevance de 5000 euros est versée pour chaque borne de recharge lente aux communes. Enfin le transfert de compétence n’est pas obligatoire, ce qui permet aux collectivités de conjuguer si elles le souhaitent l’offre métropolis à celles du Sipperec ou du Sigeif sur leur territoire. C’est pourquoi j’invite mes collègues à s’emparer de cette offre et à la déployer sans délai sur leur territoire au bénéfice de leurs concitoyens (3).

Les grands Parisiens attendent de nous des actes et des résultats concrets en matière d’environnement et ils ont raison : nous sommes fiers que notre métropole du Grand Paris soit au rendez-vous de la qualité de l’air avec des propositions et des solutions concrètes pour chaque commune membre. 


1. Cf les deux rapports récents de deux députés et de deux sénateurs sur le devenir du Grand Paris.


2. En 2020 le parc de véhicules électrique a doublé en France.


3. A ce jour 25 % des communes de la métropole ont déjà choisi Métropolis.

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