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La relance de l’économie par l’écologie

Pour surmonter la crise économique liée à la pandémie de Covid-19, le Gouvernement a fait le choix de relancer l’économie par l’écologie. Sur l’enveloppe totale de 100 milliards du plan de relance, 30 milliards d’euros sont dédiés au financement de la transition écologique dans toutes ses dimensions : rénovation énergétique des bâtiments, verdissement des transports publics et privés, biodiversité et eau, décarbonation de l’industrie et de l’énergie, transition agricole, économie circulaire et circuits courts.

“C’est un pas de géant pour la transition économique en France. Par son ambition, par sa cohérence, et par sa solidité, il nous fait basculer dans l’économie de demain, décarbonée et économe en ressource” s’est félicitée, la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili à l’annonce, en septembre dernier du plan de relance gouvernemental. Gouvernement qui a très clairement annoncé la couleur en affirmant avoir fait le choix de « relancer l’économie par l’écologie ». Sur 100 milliards d’euros, 30 milliards sont destinés au financement de la transition écologique. Le plan est financé à 40 % par l’Union européenne.

L’aspect transition écologique du plan de relance s’est vu assigner deux objectifs ambitieux : décarboner notre économie en réduisant nos émissions de carbone de 40 % d’ici 2030, par rapport à 1990 et soutenir nos secteurs d’avenir en misant sur les technologies vertes (hydrogène, recyclage, biocarburants…).

Plus précisément, le volet « écologie et transition énergétique » du plan de relance est divisé en plusieurs postes de dépenses.

Le poste « infrastructures et mobilités vertes » ou plus simplement « transports » avance plusieurs pistes pour un engagement financer de plus de 8 milliards. Le ferroviaire, bien doté aura une enveloppe de 4,7 Mde qui sera dépensée dans le développement du fret, des petites lignes, des trains de nuit mais aussi dans la rénovation du réseau. Une somme importante sera également consacrée à la recherche et développement d’avions électriques ou volant à l’hydrogène. Les véhicules, privés ou publics ne sont pas oubliés avec une aide de 1,9 milliard pour la conversion vers « des véhicules propres ». 100 millions vont être mis dans l’installation de bornes électriques, avec un objectif de 100 000 bornes d’ici la fin 2021 mais aussi dans le développement de voies réservées au covoiturage. Enfin, les « mobilités du quotidien » sont largement soutenues avec plus d’un milliard d’euros dont une part ira au développement du vélo (pistes cyclables, passerelles d’enjambement de routes, entretien) et une autre part qui sera injectée dans le domaine des transports en commun (développement de métros, tramways, bus en sites propres, essentiellement dans la perspective du Grand Paris et des JO 2024). Voies fluviales et ports auront aussi leur enveloppe qui servira à la rénovation des canaux, à l’électrification des quais et au verdissement des ports. Pour le Gouvernement, « ces mesures touchent tous types de transports, individuels comme collectifs, afin d’avoir un impact positif pour le plus grand nombre d’utilisateurs ».

Autre gros volet, celui de l’énergie avec une très nette volonté d’impliquer le pays dans la recherche et l’innovation dans les technologies vertes. Alors que la consommation d’énergie représente près de 70 % des émissions françaises de gaz à effet de serre, pour le gouvernement, « la relance doit être l’occasion pour la France de développer massivement les énergies renouvelables, de se positionner à la pointe des technologies vertes de production d’hydrogène renouvelable et bas-carbone et d’investir pour valoriser la transition vers des véhicules propres ». « L’objectif est de contribuer à la neutralité carbone avant 2050 et de créer de la valeur sur le territoire » insiste l’exécutif.

L’accent est notamment mis sur l’hydrogène vert avec 2 milliards promis entre 2021 et 2022 pour le développement de la filière et 7 milliards de plus d’ici 2030. Cette stratégie nationale passera par plusieurs leviers dont le soutien apporté aux projets portés par les entreprises et les collectivités dans les territoires « afin de favoriser l’émergence d’une offre française de solutions hydrogène ». Le nucléaire est aussi soutenu dans le cadre du plan de relance.

Le plan de relance va investir dans la rénovation énergétique des bâtiments qui ont représenté en 2019, 18 % des émissions françaises directes de gaz à effet de serre. Le plan de relance prévoit d’investir 6,7 milliards d’euros dans la rénovation des logements privés mais aussi des bâtiments publics (écoles, mairies, universités, tribunaux…) et du parc social ainsi que dans l’efficacité énergétique des bâtiments tertiaires des PME et TPE. « Jusqu’à 55 000 créations d’emplois sur 2 ans sont attendues grâce à cet investissement massif » souligne le Gouvernement qui insiste sur les enjeux de la rénovation énergétique. Enjeux qui sont à la fois climatiques (la rénovation permet de contribuer à la baisse des émissions de CO2), environnementaux (réduction de l’exploitation des ressources, lutte contre l’étalement urbain et l’artificialisation des sols), sociaux (traitement de 5 millions de passoires thermiques, réalisation d’économie d’énergie et donc d’économies sur les factures), sanitaires (baisse de risques liés au froid et à l’insalubrité (1)) et enfin économiques : la relance du secteur du BTP est créatrice d’emplois d’avenir non délocalisables, dans tous les territoires.

Toujours côté bâtiments, un volet est consacré à la relance de la « construction durable » avec la volonté de « favoriser la sobriété foncière en matière de construction de logements grâce à une utilisation plus efficiente du foncier déjà urbanisé ou ouvert à l’urbanisation ». Les communes seront accompagnées dans leur effort de construction en percevant une aide financière mais qui sera conditionnée au développement de projets sobres en foncier.

La relance passera aussi par l’économie circulaire, qualifiée de « secteur d’avenir » par l’exécutif. Elle devrait, selon lui, « changer l’ADN de notre économie pour qu’elle soit durablement écologique, sobre en ressources, adaptée à notre époque et respectueuse du vivant et de notre planète ». L’enjeu de son développement : sortir d’un modèle « produire-consommer-jeter ». Le plan de relance entend ainsi faire du tri, de la réparation, du réemploi et du recyclage des jalons structurants du développement de l’économie circulaire, « secteur générateur de croissance et d’emplois non délocalisables » (2). Aussi, le plan de relance va porter notamment ses efforts sur le réemploi et le recyclage en visant tout particulièrement le recyclage des plastiques et la réduction de ceux à usage unique mais aussi en modernisant les centres de tri et en veillant au développement du tri et de la valorisation des déchets « grâce à un soutien apporté aux collectivités et aux entreprises du secteur ».

L’eau, la biodiversité, la lutte contre l’artificialisation des terres sont aussi un volet de ce plan de relance. Les mesures envisagées s’inscrivent dans la continuité du Plan biodiversité et dans le sens de nombreuses propositions de la Convention citoyenne pour le climat.

Au final, « toutes ces mesures s’inscrivent dans le cadre de notre objectif stratégique : moderniser l’économie française pour qu’elle soit plus durable, plus économe de nos ressources naturelles et plus compétitives »


(1) Le coût médical de la précarité énergétique est estimé à 650 millions par an.


(2) La collecte, le tri et le recyclage des déchets permettent la création de 8 emplois pour 1000 tonnes de déchets qui ne sont pas pris en décharge.

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