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Investissements étrangers : la France en perte de vitesse

Le dernier baromètre EY met en avant le report généralisé des IDE en Europe. En 2020, en France, ils devraient reculer de 35 à 50 %*

En mai 2020, dans son baromètre de l’attractivité, le cabinet EY montrait que la France, avec 1 197 projets d’implantations d’entreprises étrangères sur notre sol devançait pour la première fois le Royaume-Uni et l’Allemagne et devenait ainsi la première destination européenne des IDE. En février, le sondage « Perception » d’EY confirmait cette tendance : « 32 % des dirigeants estimaient que l’attractivité de la France était en amélioration et 50 % la voyaient se stabiliser, malgré les remous sociaux de 2018 et 2019 ».

Mais cette époque est bel et bien révolue. La pandémie de Covid-19 est venue rebattre les cartes et modifier les engagements des entreprises étrangères. « On ne peut pas parler de panique, mais d’un énorme coup d’arrêt pour 2020 » admettait déjà en début d’année Marc Lhermitte, associé EY. La crise sanitaire a forcément amené les chefs d’entreprises étrangers à revisiter les plans d’investissements. Si en mai, le baromètre EY laissait à penser que 65 % environ des investissements annoncés en 2019 seraient maintenus en 2020, 25 % reportés ou fortement révisés et 10 % annulés, le dernier baromètre rendu public en novembre est plus pessimiste. Ils sont cette fois-ci 74 % à prévoir d’annuler, réduire ou reporter leurs projets en Europe en 2021. Ils sont d’ores et déjà 42 % à anticiper dès cette année une réduction de leurs volumes d’investissement. Dans l’hexagone, les investissements étrangers devraient reculer de 35 à 50 % en 2020 faisant chuter la France de la 1ère à la 3ème place des destinations européennes pour les IDE, derrière l’Allemagne et la Grande-Bretagne. « Tout ça se joue dans un mouchoir de poche » tempère Marc Lhermitte qui estime que ce sont les plans de relance qui font la différence. Et à ce petit jeu-là, celui de l’Allemagne convainc plus que celui de la France, avec un dispositif jugé plus « crédible et attractif ». « Le plan français ne rassure pas complètement sur la relance des 3 à 6 prochains mois, alors qu’il est massif sur la transformation du pays dans 3 à 5 ans » commente Marc Lhermitte.

Pour autant, depuis que l’Europe a présenté son plan de relance de 750 milliards d’euros, un dirigeant sur cinq (21 %) estime qu’elle est devenue plus attractive. Ils étaient 8 % seulement sept mois plus tôt. Malgré tout, Marc Lhermitte reste « confiant pour la France ». Il juge même que « le match n’est pas joué. Je pense que le gouvernement, entre plan d’urgence et plan de relance, a bien séquencé la réponse aux entreprises. L’année 2021 sera l’année de vérité » conclut l’associé chez EY.

Enfin, alors que beaucoup misaient sur un « effet relocalisation », les espoirs sont quelque peu douchés par l’étude EY qui indique que seuls 24 % des dirigeants sont séduits par l’idée de relocaliser leur production en Europe. Ils étaient 37 % en avril dernier. La reprise rapide en Asie les faisant hésiter à prendre des décisions trop hâtives qui pourraient s’avérer au final risquées et coûteuses. 


* Baromètre de l’Atractivité de la France 2020 - Novembre 2020.

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