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De l’absentéisme des agents territoriaux

Les absences de courtes durées des agents territoriaux sont moins nombreuses depuis le retour en 2018 du jour de carence révèle le Panorama 2020 de Sofaxis, l’assureur spécialisé des collectivités territoriales*.

“L’absentéisme reste parfois trop élevé dans la Fonction publique par rapport au privé” témoigne Caroline Cayeux, maire de Beauvais dans ce baromètre annuel de Sofaxis. Une surprise ? Pas vraiment. La présidente de Villes de France en profite aussi pour rappeler que « l’absentéisme dans les collectivités locales a un impact direct sur l’organisation et l’efficacité des services, et est annonciateur de surcoûts – liés aux charges et à la masse salariale - pour la ville et donc pour le contribuable local ».

Profitant du fait que l’on vient de vivre une période d’élections municipales, Sofaxis a choisi d’enquêter sur l’ensemble de la précédente mandature (2014-2020) pour en tirer un bilan en matière d’absences au travail pour raison de santé mais aussi pour en tirer des leçons pour les années à venir. Cette mandature a cela d’intéressant aussi qu’elle a connu plusieurs grandes réformes législatives de transformations majeures pour les collectivités (1). Des réformes qui, semble-t-il, n’ont pas eu un impact significatif sur les jours d’absences dans les collectivités. Sauf lorsqu’il a été question de la réintroduction de jour de carence. Autour de ce dernier élément, Sofaxis distingue deux périodes. Entre 2014 et 2017, « les absences au travail ont évolué à la hausse (+11 %). D’année en année, les agents ont été plus souvent absents, plus nombreux à s’absenter et sur des durées d’arrêt toujours plus longues » constate l’assureur. Quant à la seconde période qui correspond à la fin du mandat, elle a été « un marqueur d’une rupture dans l’évolution des absences » constate Sofaxis. La raison est toute simple et s’appelle : le jour de carence en maladie ordinaire, réintroduite en 2018. Mesure qui « a eu un impact particulièrement important sur les absences au travail pour raison de santé ». « Elle a limité la quantité d’arrêts et d’agents absents pour de courtes périodes, et a permis d’agir sur les conséquences organisationnelles des absences courtes et répétées » poursuit l’enquête. Toutefois, il faut noter des disparités importantes selon la nature des absences : « alors qu’en maladie ordinaire, la fréquence et l’exposition affichent une décroissance, en accident du travail et en maladie professionnelle, l’ensemble des indicateurs est en augmentation ».

La fin du dernier mandat a aussi été particulièrement marquée par la crise sanitaire. Sans pouvoir encore en tirer un bilan complet, mais en comparant cette année avec 2019, l’enquête distingue quelques tendances notamment pour les principales natures d’absences. Ainsi, les chiffres montrent que dès le mois de mars, le nombre d’absences a très fortement augmenté en semaine 12 (première semaine du confinement), avant de progressivement diminuer les semaines suivantes jusqu’au début du déconfinement. Pour Sofaxis « une part importante d’arrêts pour garde d’enfants explique en partie ce phénomène ». Ensuite, on constate, sans surprise, une forte baisse du nombre d’absences pour des accidents du travail pendant toute la durée du confinement : « Les agents, moins nombreux en situation de travail, ont logiquement été moins exposés au risque d’accident sur cette période ».

L’enquête annuelle constate que les absences au travail pour raison de santé en 2019 ont connu une certaine stabilité sur deux ans, « après une longue période de progression constante ».

En 2019, le taux d’absentéisme s’établit à 9,2 % en 2019 (hors congé maternité). Comme chaque année, la maladie ordinaire est la première cause d’absence et représente une part supérieure à la moitié du taux d’absentéisme global. La durée moyenne d’arrêt s’établit à un peu plus de 47 jours en 2019 et varie selon les différentes natures d’absences au travail. La gravité continue sa progression régulière entamée depuis plusieurs années. La fréquence (nombre d’arrêts) et l’exposition (nombre d’agents absents) restent stables en 2019 par rapport à 2018. Elle est de 59 jours pour 100 agents (72 en 2017).

Sofaxis indique pour terminer que « le coût moyen des absences par agent employé demeure à un niveau élevé mais stable (2 152 e en 2019 contre 2 134 e en 2018) »

(1) La loi du 27 janvier 2014 de modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles dite « loi MAPTAM » ; la loi portant sur la nouvelle organisation territoriale de la république (NOTRe) ainsi que la loi n° 2015-29 du 16 janvier 2015 relative à la délimitation des régions ; la réactualisation du texte concernant la mise en oeuvre des communes nouvelles ayant entraîné la reconfiguration de certains territoires.

* Panorama 2020 – Qualité de vie au travail et santé des agents dans les collectivités territoriales.

Pour consulter l’étude : www.sofaxis.com

La taille de la collectivité détermine le niveau d’absence
L’enquête de Sofaxis montre que les absences varient au regard de l’effectif employé. Il apparaît ainsi que dans les plus petites collectivités avec moins de personnels, la fréquence des absences est moins importante que dans les collectivités de plus grande taille, « mais les durées d’arrêt y sont plus longues ». « Le fait qu’une absence ait un impact immédiat sur l’activité et le service rendu aux usagers explique cet écart » écrit Sofaxis. « Les agents des plus petites structures ont tendance à retarder leurs absences, qui peuvent alors générer des conséquences plus graves au moment où elles surviennent. Dans les plus grandes collectivités, l’organisation permet souvent d’avoir un plus grand nombre d’agents dans les équipes. Cela peut permettre de palier une éventuelle absence par un report ou une réaffectation des tâches sur l’effectif présent ».

A noter comme facteur important en matière d’absences au travail pour raison de santé, l’avancée en âge combinée à la pénibilité des métiers exercés génèrent des absences au travail qui ont tendance à progresser.
À l’image de la population globale, « la population territoriale vieillit » souligne Sofaxis qui donne quelques chiffres : La part la plus importante des personnels est constituée d’agents de plus de 45 ans pour près des deux tiers (63 %). A eux seuls, les plus de 50 ans concentrent 44 % des effectifs et les plus de 55 ans représentent plus d’un quart de l’ensemble avec 26 %. À l’inverse, les agents les plus jeunes sont largement minoritaires, les personnels de moins de 30 ans comptent seulement pour 4,5 % de l’ensemble des effectifs CNRACL.
Un « vieillissement » qui n’est évidemment pas sans conséquence en termes d’absence : près d’un agent absent sur deux a plus de 50 ans (48 %) et 77 % d’entre eux ont plus de 40 ans. A l’inverse les moins de 30 ans représentent 5 % des absents. Et qui va aussi s’amplifier. « Il faut s’attendre à une hausse de la gravité des arrêts, d’autant que les métiers territoriaux, souvent pénibles physiquement et/ou psychologiquement, sont exercés en milieu contraint (manutention de charges, postures pénibles, vibrations, bruits, agents chimiques, écart de température...) » indique Sofaxis qui s’inquiète aussi du coût des arrêts « qui a connu une progression de +10 % entre 2014 et 2019 ». « L’enjeu de l’employabilité durable des agents devient ainsi clé » conclut l’assureur qui juge nécessaire et urgent « d’anticiper les problématiques d’usure professionnelle afin d’endiguer l’inaptitude et d’agir en prévision des carrières professionnelles à long terme ».

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