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Une désertification médicale qui s’accentue

Une récente étude de l’AMF et de la Mutualité française montre que la désertification médicale ne cesse de s’accentuer*. Pour y faire face, le président de l’Association des Maires de France, François Baroin demande un « Big bang médical territorial ».

“L’offre de soins est mal répartie sur le territoire et elle se rétracte inexorablement” a alerté Séverine Salgado, directrice santé à la Mutualité française lors de la présentation du premier baromètre santé réalisé conjointement par la Mutualité française et l’Association des Maires de France (AMF). Un constat qui en appelle un autre : « 11,1 % des Français habitaient dans un désert médical en 2019 » (année sur laquelle porte l’étude), soit 7,4 millions de Français (5,7 millions en 2016, 8,6 %). « Si nous ne faisons rien, la situation va se détériorer » s’inquiète Séverine Salgado. Pourtant et alors même que l’accès aux soins ne relève pas d’une compétence obligatoire pour les municipalités, pour assurer cette égalité de soins et l’adapter aux besoins de la population, les maires à leur niveau s’impliquent, cherchent des solutions assure l’Association des Maires de France. Mais cela ne suffit pas. En 2019, on dénombrait en moyenne 151 médecins généralistes pour 100 000 habitants, avec des écarts importants selon les territoires. Il y a ainsi des départements moins bien dotés comme l’Eure (94), la Seine-et-Marne (96), le Cher (107), l’Yonne (114) et des départements mieux dotés comme La Réunion (170), Les Bouches-du-Rhône (181), Paris (242)... et les Hautes-Alpes (248). « A l’inégale répartition des médecins sur le territoire viennent s’ajouter à la fois l’augmentation de l’âge moyen des médecins et la hausse de la consommation de soins du fait du vieillissement de la population » complètent les auteurs de l’étude. En 2019, les chiffres montrent qu’un médecin généraliste sur trois à plus de 60 ans, « or, ce sont dans les départements où la densité médicale est la plus faible que les médecins sont les plus âgés » soulignent-ils avec inquiétude. « Ces deux effets pourraient entraîner à court terme des tensions grandissantes en termes d’accès aux soins » insistent-ils.

« Nous savions le désert médical, nous savions aussi la dégradation dans certaines régions » admet sans difficulté François Baroin qui demande alors « un Big bang médical territorial » pour y répondre. Selon lui, il faudrait de « nouveaux véhicules législatifs pour que les maires ou les intercommunalités puissent être des acteurs du financement de la médecine généraliste, hospitalière » a-t-il suggéré.

Pour sa part et parce que « la santé ne peut être réduite à un schéma national et vertical se déclinant partout de la même manière », le président de la Mutualité française propose « une nouvelle alliance entre l’Etat et ses territoires »

* Baromètre santé-social – Territoires et Mutuelles engagés pour répondre aux attentes des Français - décembre 2020

Selon le dernier baromètre d’opinion de la Drees paru en avril 2019, « moins de la moitié des Français sont satisfaits de la qualité de soins offerts par les urgences hospitalières » nous relate aussi l’étude de l’AMF qui estime que « cette insatisfaction peut être mise en relation avec les délais d’attente aux services d’urgence liés à la forte augmentation de leur fréquentation ». « En Île-de-France, la durée médiane d’attente est ainsi de 2 heures 40 et se situe entre 4 et 8 heures pour 25 % des patients, voir plus de 8 heures pour près de 10 % d’entre eux (source : les urgences hospitalières : des services toujours trop sollicités », rapport public annuel de la Cour des comptes, février 2019).

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