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Le retour de l’Alsace

En fusionnant le Haut-Rhin et le Bas-Rhin, la Collectivité européenne d’Alsace est née ce 1er janvier 2021. Avec les compétences des deux départements qu’elle conserve, la CEA en acquiert de nouvelles.

Avec la disparition de la région Alsace le 1er janvier 2015 et la création de la Région Grand Est, le cœur alsacien pleurait mais jamais les Alsaciens n’ont renoncé à faire renaître institutionnellement leur région. Et depuis ce 1er janvier 2021, c’est chose faite : « l’Alsace est de retour ! » s’est réjoui Frédéric Bierry tout juste élu président de la toute nouvelle Collectivité européenne d’Alsace (CEA)*, ce « super département » fruit de la fusion du Haut-Rhin et du Bas-Rhin. « La nouvelle Collectivité européenne d’Alsace est née du refus d’une loi stupide, la loi NOTRe qui a fait disparaître notre région historique d’Alsace » a-t-il lancé lors de son discours inaugural, « et nous avons collectivement travaillé inlassablement au rassemblement de l’Alsace ».

Techniquement et administrativement, la Collectivité européenne d’Alsace continue toujours de dépendre de la Région Grand Est, dirigée par Jean Rottner (LR), « elle élargit son pouvoir d’agir avec des compétences supplémentaires » a toutefois tenu à indiquer Frédéric Bierry. Ainsi si « cette collectivité d’un nouveau type » conserve les compétences des deux départements, Haut-Rhin et Bas-Rhin (gestion des collèges, aide sociale et seniors, service d’incendie et de secours...), elle agrège aussi de nouvelles compétences comme la coopération transfrontalière avec ses voisins Allemands et Suisses, le réseau routier (hors autoroutes concédées), le bilinguisme français/allemand avec une dimension plurilinguisme avec les dialectes alsaciens et le tourisme (coordination de l’action des collectivités territoriales et des établissements publics dans ce domaine). « En ces temps d’incertitudes sociétales, nous devons rapidement (...) montrer [aux citoyens] que la CEA s’inscrit concrètement dans leur quotidien, qu’elle est à leur côté et capable de répondre à leurs attentes » a expliqué le président de la nouvelle collectivité. « Autant qu’une renaissance historique la CEA est d’abord un outil pour remettre l’Alsace au premier plan en termes d’attractivité et d’emploi, tout en offrant un service public au plus près des territoires à ses habitants » a encore précisé Frédéric Bierry. Décidément en forme, le président de la CEA a averti que « le temps de la reconquête, de la renaissance institutionnelle de l’Alsace ne s’arrêtera pas là » assurant même qu’il se saisirait de « toutes les opportunités pour récupérer des compétences » nouvelles face à la Région Grand Est qui n’entend pas de son côté se laisser faire.

Invitée à s’exprimer à la tribune lors de la séance inaugurale, la préfète de la Région Grand Est, Josiane Chevalier a dit « sa fierté que le gouvernement ait su répondre au désir d’Alsace en écoutant les territoires » tout se disant certaine que la CEA trouverait « sa juste place » dans une « région Grand Est compétitive ». « La Collectivité européenne d’Alsace doit permettre de placer l’Alsace au premier plan avec près de 2 millions d’habitants et deux milliards de budget » a enchérit Frédéric Bierry qui veut faire de la CEA « une locomotive économique » de la France.

Pour autant, si aujourd’hui tout le monde se félicite de cette création, une question reste en suspens : celle du siège de la CEA. Strasbourg ou Colmar ? Si les présidents des deux départements se sont pour l’instant accordés sur une répartition entre Strasbourg comme siège administratif et Colmar comme siège politique, en coulisse la guerre fait rage. « L’idéal aurait été qu’effectivement le siège administratif et politique soit à Colmar » murmure Rémy With, l’ancien président du Conseil départemental du Haut-Rhin, élu après le départ au gouvernement de Brigitte Klinkert. Pour sa part, Frédéric Bierry explique qu’il faut « veiller bien sûr que Strasbourg, qui est aujourd’hui capitale européenne, soit confortée dans ce rôle ». La décision devrait être prise après les élections régionales et départementales. On le voit, rien n’est encore réglé. Sauf le salaire des 6000 agents territoriaux qui seront harmonisés (vers le haut). 

* Il a été élu par 75 voix et quatre bulletins blancs sur 79 votants.

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