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Avec ou sans accent ?!

L’Assemblée nationale a adopté en première lecture la proposition de loi de Christophe Euzet (Agir, Hérault) visant à sanctionner « les discriminations par l’accent ».

La séance du 26 novembre à l’Assemblée a été marquée par la diversité. La diversité des accents qui font le charme des provinces françaises mais dont trop souvent on se moque et qui peuvent parfois être un facteur discriminant dans certaines fonctions, notamment celles impliquant une expression publique. Sûr de ce constat, le député Christophe Euzet (Agir, Hérault) allié de la majorité présidentielle a décidé de déposer une proposition de loi visant à promouvoir la France des accents mais surtout à sanctionner les discriminations fondées sur l’accent au même titre que la race, le sexe ou le handicap. La peine prévue pour ces discriminations s’élève à trois ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende. Rien que cela. Au cours de cette séance publique, plusieurs députés ont alors déclaré avoir souffert de leur accent au cours de leur vie personnelle et/ou professionnelle. Comme la députée de Polynésie française, Maina Sage (Agir) qui y voit là une « forme de racisme ». Patricia Mirallès, fille de rapatriés d’Afrique du Nord s’est quant à elle souvenue avec émotion « des moqueries » subies et supportées.

« Entre démarche directement assumée et non dits porteurs d’effets équivalents, ce sont ainsi de nombreux métiers et fonctions impliquant la prise de parole publique qui se retrouvent concernés : journalisme, audiovisuel, monde du spectacle, du cinéma, du théâtre, conciles intellectuels, haute fonction publique, monde universitaire, monde politique etc... Or la sous représentation de la diversité de prononciations est, en toutes ces matières, édifiante et l’uniformité apparaît bel et bien comme une règle indérogeable » a rappelé Christophe Euzet citant de nombreux exemples à travers l’histoire ancienne et beaucoup plus récente. Pour mettre fin à cette situation devenue à ses yeux intolérable, il fallait bien une loi. Soutenu par le gouvernement et un garde des Sceaux « archi convaincu », le texte a été adopté par 98 voix pour et 3 contre. Pendant la discussion, une voix discordante s’est toutefois faite entendre, celle à l’accent béarnais fortement marqué de Jean Lassalle. « Je ne demande pas la charité, je ne demande pas à être protégé parce que je suis comme je suis » a expliqué très simplement le député des Pyrénées-Atlantiques qui n’a pas voté le texte. La députée de Béziers, Emmanuelle Ménard a pour sa part trouvé « inconvenant » que l’on puisse rapprocher une discrimination par l’accent à celle du handicap.

Avant le vote et dans son explication de texte, Christophe Euzet avait toutefois tenu à bien spécifier que son texte ne visait en rien « l’humour »

Selon le classement mondial 2020 des intonations les plus séduisantes réalisé par le magazine Time Out et relayé par nos confrères de Ouest-France, le 26 novembre dernier, l’accent français a été détrôné par l’accent anglais (25 %). L’intonation italienne (15 %) arrive en troisième position juste derrière la France (16 %).

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