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“PLFSS 2021 : l’ambition qui confirme la règle”

Par Olivier Véran, Ministre des Solidarités et de la Santé

Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale est cette année proprement exceptionnel, parce que la période que nous traversons est elle-même exceptionnelle. Pour faire face à l’épidémie de Covid-19, des efforts sans précédent ont été consentis, qui traduisent par des engagements concrets les valeurs auxquels nous sommes attachés. La santé pour tous, les solidarités pour chacun, voilà qui n’est pas un slogan ou une incantation, mais bien une exigence que nous avons portée depuis le début de la crise sanitaire.

L’équilibre des comptes sociaux était proche et je conçois l’amertume suscitée par cet emballement aussi soudain qu’imprévisible. Mais il était impératif de ne laisser personne au bord du chemin, d’accompagner nos concitoyens les plus vulnérables et de soutenir les entreprises. Les dispositifs mis en place sont des dispositifs coûteux, dont le but est d’éviter une déroute économique et une véritable catastrophe sociale. Il le fallait. Nous les assumons pleinement, et continuerons de les assumer alors que l’épidémie menace encore notre pays.

La mise en œuvre du Ségur de la santé

De la même manière, le Gouvernement assume des mesures ambitieuses, qui se trouvent au cœur du PLFSS. C’est d’abord le cas du Ségur de la santé et des revalorisations historiques qui ont été signées au mois de juillet, après des semaines de concertation et de négociations avec les organisations syndicales.

Les soignants, dans les établissements de santé et dans les EHPAD, étaient trop peu payés. Depuis longtemps, ils formulaient la demande légitime d’une plus grande reconnaissance. Les soignants ont été entendus. Ces revalorisations étaient absolument indispensables et je suis très fier de les avoir portées. Tout au long du Ségur de la santé, nous avons parlé sans fausses pudeurs de la fiche de paie, et cette fiche de paie des soignants aura une tout autre allure dorénavant.

Les revalorisations n’étaient pas l’alpha et l’oméga du Ségur de la santé, et nous avons engagé des transformations profondes, dans l’organisation territoriale des soins comme dans les modes de financement de l’hôpital, qui trouvent toute leur place dans le PLFSS.

Le grand âge et l’autonomie

Au chapitre des grands défis de notre système de Sécurité sociale, je ne peux pas ne pas évoquer la création d’une cinquième branche de la Sécurité sociale, parce que nous faisons face à un mur démographique auquel il faut se préparer. J’ai aujourd’hui à mes côtés une ministre déléguée à l’autonomie, Brigitte Bourguignon, pour mettre sur les rails une réforme du grand âge qui sera une réforme majeure et même, c’est ma conviction, la grande réforme sociale de ce quinquennat.

La crise sanitaire et le confinement ont révélé avec force les lacunes de notre système d’accompagnement des personnes âgées, en confirmant la nécessité de repenser le maintien à domicile autant que l’accueil dans les Ehpad. Ce sont 2,5 milliards qui sont désormais budgétés à cette fin, dont 1,4 milliard au titre des revalorisations du Ségur. Le PLFSS marque bien un tournant dans notre approche du grand âge et de l’autonomie, en déployant des moyens sans précédent pour donner à nos ambitions de la force et de la crédibilité.

La petite enfance

Enfin, le gouvernement s’est engagé depuis bientôt deux ans dans une approche radicalement nouvelle de la petite enfance et de l’aide à la parentalité. Les 1000 premiers jours de l’enfant, c’est non seulement le nom d’une politique de la petite enfance réinventée, mais c’est aussi le paradigme que se fixe la société française pour lutter sans trembler contre les inégalités de destin.

L’extension à 28 jours du congé paternité porte avec beaucoup de détermination par Adrien Taquet doit ainsi permettre aux parents de mieux accueillir l’enfant et nous savons combien les premiers jours et les premières semaines sont cruciaux. Cette extension du congé paternité permet à la France d’occuper une position médiane dans le classement européen en la matière et 28 jours, pour qui a vécu ce bouleversement qu’est l’arrivée d’un enfant, je crois que c’est une durée à la fois nécessaire et équilibrée.

Je suis aussi le ministre de l’équilibre des comptes de la Sécurité sociale

Qui dit PLFSS de gestion de crise ne dit pas aveuglement sur la nécessité de trouver de nouvelles régulations pour nos dépenses sociales. La situation de nos comptes sociaux ne me satisfait pas. Je suis aussi le ministre de l’équilibre des comptes de la Sécurité sociale.

Nous avons pris nos responsabilités à chaque instant depuis le début de cette crise. Mais prendre ses responsabilités, c’est aussi préparer l’avenir sereinement en ne repoussant pas sur les générations futures les déséquilibres d’aujourd’hui. Le choix de rembourser notre dette sociale est confirmé. Mais la sortie de crise ira avec la nécessité de refonder notre système de régulation, en inventant de nouveaux outils. Le retour à l’équilibre implique des choix, des choix de long terme, que l’on ne peut pas faire sans une large concertation et une vraie réflexion.

Dans le cadre de l’agenda social, le Premier ministre nous a demandé de réfléchir au financement de la protection sociale, à la dette sociale, aux retraites, au grand âge. Sur ce dernier point le rapport Vachey nous donne des pistes. J’ai également confié au Haut conseil pour l’avenir de l’assurance maladie une mission importante sur la rénovation de l’ONDAM.

L’ambition inédite du PLFSS 2021 se justifie pleinement par les circonstances que nous connaissons, face à une épidémie qui n’a pas fini de nous menacer. Nous concilions cette ambition avec l’esprit de responsabilité budgétaire, pour protéger nos concitoyens aujourd’hui, pour protéger nos concitoyens demain. 

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