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Un traitement médiatique du Covid jugé “anxiogène”

En pleine épidémie de Covid-19, quelles sont les attentes du public envers le journalisme ? C’est la question posée par l’institut de sondage Viavoice pour les Assises internationales du journalisme qui se sont tenues fin septembre*. Le jugement est sévère et révèle une grande défiance à l’égard des médias.

Trop c’est trop. Les Français semblent avoir de plus en plus de mal avec le traitement de l’épidémie de Covid par les médias. « C’est l’incapacité des médias et des journalistes à favoriser l’apaisement, la protection pourtant attendue par les Français qui semble catalyser les critiques » souligne Stewart Chau, consultant de Viavoice.

L’enquête montre en effet qu’un Français sur deux considère que le traitement de la pandémie est « anxiogène ». 45 % des personnes interrogées jugent même qu’il a été « excessif » et près d’un tiers « catastrophiste » (28 %). 19 % la pensent même « mensongère ». Les Français pointent largement l’incapacité des médias à les apaiser durant la crise. Ils sont 43 % à estimer qu’ils ont même alimenté la peur du virus. Plus regrettable encore, ils sont 32 % à penser que les médias ont utilisé cette peur pour faire de l’audience (44 % chez les 65 ans et +). Seuls 13 % des répondants ont reconnu que le travail des médias et des journalistes les avait aidés à maîtriser et combattre la peur de la pandémie.

Mais le chiffre à retenir est peut être celui-là : 60 % des Français pensent que la place accordée à la pandémie dans les médias est « trop importante ». Ils sont même 65 % chez les plus de 65 ans et 66 % chez les CSP+. Dans les médias, la Covid a été omniprésente. Jusqu’à une certaine forme d’écœurement ? La question se pose.

Interrogés également sur la place donnée aux experts dans les médias, les Français se déclarent majoritairement satisfaits (34 % l’ont même trouvé « nécessaire »), ils sont toutefois 19 % (29 % chez les 65 ans et+) à l’avoir trouvé « trop importante » et 11 % « démagogique ».

Viavoice a également demandé aux Français leur opinion sur la volonté affichée des médias et des journalistes depuis le début de l’épidémie de se rapprocher de leurs publics (auditeurs, lecteurs, téléspectateurs) « en essayant de leur donner plus et mieux la parole ». Si 37 % l’ont trouvé « nécessaire », 29 % l’ont cependant trouvé « démagogique » (35 % chez les 65 ans et +).

Quant aux réseaux sociaux très fréquentés pendant cette période, l’information que l’on a pu y trouver a été jugée « Utile aux grands médias, pour les aider à voir ce qu’ils ne voient pas » par 12 % des Français, « Complémentaire à l’information donnée par les grands médias » par 32 % des sondés et « contradictoire avec l’information donnée par les grands médias » par 34 % d’entre eux.

Après les critiques, qu’attendent finalement les Français des journalistes et des médias alors que la pandémie est loin d’être finie ? Ils sont 51 % à déclarer attendre « des informations constructives, qui proposent des solutions pour se protéger de la maladie » et 47 % des expertises de chercheurs spécialistes des questions sanitaires. Mais ils sont aussi 28 % à vouloir des débats contradictoires entre les experts quand ceux-ci ne sont pas d’accord. La peur inconsciente d’une désinformation existerait-elle chez certains de nos compatriotes ?

Reste qu’en dépit de leur regard critique sur le traitement de la pandémie, 67 % des Français jugent que l’information qui leur a été proposée par les journalistes a été « utile » pour leur vie quotidienne, 23 % « très utile » et 7 « indispensable » (14 % « néfaste », 12 % « peu utile » et 4 % « inutile »). 


* Étude réalisée par Viavoice pour les Assises internationales du journalisme de Tours, en partenariat avec France Télévisions, France Médias Monde, Le Journal du Dimanche et Radio France.


Interviews réalisées en ligne, du 4 au 8 septembre 2020 auprès d’un échantillon de 1 000 personnes représentatif de la population française de 18 ans et plus.

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