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Diversité à la télévision : un décalage visible

Le baromètre 2019 de la diversité à la télévision réalisé par le CSA montre la difficulté – réticence – des chaînes à mettre en avant la diversité.

Cette année, pour son baromètre annuel de la diversité – baromètre qui existe depuis 2009, le CSA a scruté à la loupe les programmes télé d’une vingtaine de chaînes de télévision pendant deux semaines (1450 heures visionnées) pointant 37 800 personnes. Le constat est sans appel : la sous-représentation de la diversité est flagrante. Et ce quel que soit le critère choisi (origine, sexe, catégorie socioprofessionnelle, handicap, âge, situation de précarité ou lieu de résidence). Pour le président du CSA Roch-Olivier Maistre, ces résultats sont « décevants, tout simplement inacceptables en 2020 ».

Une sous-représentation voire même une régression. Comme c’est le cas avec la diminution de la part des personnes perçues comme « non-blanches » à la télévision : En 2019, 15 % de personnes sont perçues comme « non-blanches » en 2019 contre 17 % en 2018 et 16 % en 2016. Cette baisse peut toutefois être légèrement compensée par le rôle jugé comme « positif » par les personnes perçues comme « non-blanches » (21 %, +3 points par rapport à 2018).

Grosse déception aussi dans le cas de la présence – « quasi-absence » - à l’écran des personnes en situation de handicap : Seulement 0,7 % des individus indexés en 2019 sont en situation de handicap, « une proportion identique à 2018 ». En conférence de presse, la secrétaire d’État chargée des Personnes handicapées, Sophie Cluzel a déploré cette situation. Prenant en exemple la série « Vestiaires » sur France 2 ou le téléfilm « Apprendre à t’aimer » sur M6, la Secrétaire d’Etat à démontrer que parler de handicap à la télévision, « cela fait de l’audience ».

Le baromètre montre encore « une stagnation des résultats concernant la présence des femmes à la télévision et une présence moins importante lorsqu’elles cumulent plusieurs critères de discrimination ». Ainsi, seulement 39 % de femmes sont présentes à la télévision alors qu’elles représentent 52 % de la population française selon l’INSEE (ce taux de présence était le même en 2018). Et la sous-représentation des femmes est encore plus marquée lorsqu’elles sont également en situation de précarité ou de handicap.

Une représentation des territoires peu conforme à la réalité

Que dire encore de ces 0,4 % « seulement » de personnes indexées résidant dans les territoires d’Outre-mer (en excluant France Ô du champ de l’indexation) alors que, selon les données de l’INSEE, les départements et territoires d’Outre-mer représentent 3,26 % de la population française.

L’enquête montre aussi que la majeure partie des personnes représentées à la télévision habitent dans les centres historiques des villes : ces personnes représentent 52 % des personnes indexées soit 7 points de plus qu’en 2018. A remarquer également que 7 % de personnes indexées résident dans les grands ensembles de banlieues populaires dans les programmes, toutefois, « la représentation des habitants des banlieues est moins stéréotypée et plus diverse à la télévision qu’en 2018 ».

Décalage toujours entre la réalité « de terrain » et la présence dans la petite lucarne des personnes les plus jeunes qui représentent seulement 11 % des personnes à la télévision alors qu’elles représentent, selon les données de l’INSEE, 24,6 % de la population (mais une représentation fidèle dans les fictions) ; et les personnes les plus âgées, de 65 ans et plus, qui ne sont présentes qu’à hauteur de 6 % sur les écrans alors que, selon les données de l’INSEE, elles représentent près de 21 % de la population (mais une représentation fidèle dans les programmes d’information).

Enfin, le baromètre montre un décalage persistant de la représentation des catégories socioprofessionnelles (CSP) avec la réalité. Les catégories socioprofessionnelles supérieures (CSP+) sont toujours surreprésentées (73 %) au détriment des catégories socioprofessionnelles inférieures (CSP-), représentées à hauteur de 12 %, et des inactifs (15 %), alors que, selon les chiffres de l’INSEE, les CSP+ et CSP - représentent, respectivement, 28 % et 27 % de la population et les inactifs 45 % Seulement 0,8 % des personnes indexées sont perçues comme étant en situation de précarité.

Présente lors de la conférence de presse, la Ministre de la Culture, Roselyne Bachelot a demandé aux chaînes d’« agir sans plus attendre pour parvenir à des résultats plus concrets, plus substantiels » en s’appuyant notamment sur les créateurs de « tous horizons »

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