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Insécurité et délinquance en 2019 : des chiffres et des maux

Initialement prévu en mars 2020 mais repoussé suite à la crise sanitaire, le Bilan statistique « Insécurité et délinquance » pour l’année 2019* a finalement été rendu public fin septembre par le service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI). Il permet de dresser un tableau de bord de la délinquance enregistrée par la police et la gendarmerie.

Publié dans un contexte exceptionnel, la 4ème édition bilan statistique de l’insécurité et de la délinquance montre globalement une hausse des faits de délinquance en 2019. Comme pour ce qui est du nombre de victimes d’homicides qui a progressé de 4 % en un an, soit 880 victimes dénombrés (+ 35 victimes par rapport à 2018), dont 4 en lien avec un attentat terroriste. Comme en 2018, les coups et blessures volontaires sur personnes de 15 ans ou plus enregistrent une forte hausse en 2019 (+8 %), résultant essentiellement de celle des violences intrafamiliales enregistrées (+ 14 % en 2019). Pour le service du Ministère de l’Intérieur, « cette hausse peut s’expliquer notamment par un effet positif du Grenelle des violences conjugales, lequel a pu inciter les victimes à davantage déposer plainte et favoriser un meilleur accueil par les services de sécurité ».

Hors violences intrafamiliales, l’augmentation des coups et blessures volontaires (260 000 victimes) est limitée à +4 %. A l’exception de l’Aude, des Hautes-Alpes et de la Somme, la hausse est généralisée sur le territoire. Toutefois, ces chiffres sont à relativiser en raison notamment de nombreux faits pour lesquels les victimes n’ont pas souhaité porter plainte.

Augmentation également du nombre de violences sexuelles enregistrées de 12 % (53 000 victimes) après une année 2018 marquée déjà par une hausse (+19 %). « Si l’accélération de la hausse se maintient voire s’amplifie pour les viols enregistrés (+19 %), la hausse est en revanche plus faible qu’en 2018 pour les autres agressions sexuelles (+8 %) » signale le service du ministère. A l’exception des Alpes de Haute Provence et du Cantal, la hausse est généralisée. Pour le SSMSI, cette augmentation de la part des victimes ayant porté plainte en 2019 pour des faits remontant à plus d’un an peut s’expliquer par « le contexte de l’affaire Weinstein et des différents mouvements sur les réseaux sociaux pour la libération de la parole des victimes ». Toutefois, reconnaît le SSMSI, tout cela reste « sous-évalué ». D’après une enquête de victimation « Cadre de vie et sécurité » (CVS), sur la période 2016-2018 réalisée par l’Insee, « un peu moins d’une victime de violences sexuelles sur six a déposé plainte dans un commissariat ou une brigade de gendarmerie ».

Les vols sans violence contre des personnes enregistrés « repartent à la hausse en 2019 (+3 %) après un très léger repli en 2018 » constate le service statistique. Les escroqueries et infractions assimilées sont, elles, en forte progression en 2019 (+11 %), « alors que la tendance à la hausse était moins marquée en 2017 et 2018 ».

Petite note positive avec une légère baisse (-2 %) des vols avec violence enregistrés, et ceci dans la plupart des régions à l’exception notable des Pays de la Loire qui a connu « une forte hausse ». « Ce type de délinquance concerne surtout les jeunes : en tant que victimes, avec un pic entre 18 et 24 ans ; mais aussi en tant qu’auteurs présumés (8 sur 10 ont moins de 30 ans) » précise le SSMSI.

Les vols liés aux véhicules continuent à diminuer globalement en 2019 : « la baisse est très légère mais poursuit donc, dans une certaine mesure, la tendance observée les années précédentes ».

Les cambriolages de logements sont stables en 2019 même si précise le service statistique « l’évolution n’est pas uniforme sur le territoire : baisse pour le Centre-Val-de-Loire, la Normandie, la Bretagne et la Corse mais hausse pour les Hauts-de-France et la Bourgogne-Franche-Comté ».

A noter encore que les destructions et dégradations volontaires de biens diminuent très légèrement en 2019 (-1 %), « alors que 2018 avait été marquée par une très forte progression en fin d’année, dans un contexte de manifestations sociales ». Une baisse visible sur tout le territoire à l’exception de l’Île de France, de la Corse et de la Nouvelle Aquitaine.

Les territoires ultramarins restent globalement plus exposés que la métropole aux infractions violentes mais présentent des dynamiques variées en 2019. 


* « Insécurité et délinquance en 2019 : bilan statistique » - année 2019 – Parution du 30 septembre 2020


https://www.interieur.gouv.fr/Interstats/Publications/Hors-collection/Insecurite-et-delinquance-en-2019-bilan-statistique


Polices municipales
L’association Villes de France publie dans un contexte sécuritaire dégradé son 5ème « Panorama des polices municipales ». Police municipale qui, « incarnant l’autorité publique, est souvent en première ligne pour répondre, dans les villes, aux besoins quotidiens de sécurité » rappelle Caroline Cayeux, la maire de Beauvais et présidente de Villes de France.
Principal enseignement de ce panorama, le renforcement de l’armement des policiers municipaux qui sont « de plus en plus fréquemment équipés d’armes létales ». Dans 62 % des cas (31 villes sur 50 répondantes), les policiers municipaux des Villes de France sont équipés d’armes à feu (Il s’agit le plus souvent de pistolets semi-automatiques 9 mm, un calibre identique à celui des forces de l’ordre), au lieu de 50 % au niveau national. Plusieurs villes dont les agents ne sont pas pour l’instant équipés d’armes de poing indiquent avoir une réflexion ou un projet d’acquisition en cours. Aujourd’hui, plus des trois quarts des policiers municipaux des Villes de France disposent à minima d’armes non létales comme les pistolets à impulsion électrique et les lanceurs de balles. Dans le même temps, les moyens mis à disposition des policiers municipaux - caméra-piéton, vidéo-protection sur le domaine public, géolocalisation - ont également été étoffés. « Le contexte terroriste, la dégradation de la situation sécuritaire des villes moyennes ainsi qu’une demande, toujours plus forte, de sécurité et de tranquillité publique, ont conduit les villes à renforcer l’armement des policiers municipaux » justifie Caroline Cayeux qui souhaite que l’Etat « précise sa vision et sa doctrine d’emploi de l’ensemble des acteurs de sécurité ». « Et si la police municipale doit continuer à agir en complémentarité de la Police nationale et de la Gendarmerie, elle ne doit pas s’y substituer et devenir une « réserve d’ajustement » de la police d’Etat, comme c’est trop souvent le cas » ajoute-t-elle.

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