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Le groupe EDS à l’Assemblée : la fin d’une histoire

Constitué en mai dernier, le neuvième groupe parlementaire à l’Assemblée, le groupe Ecologie Démocratie Solidarité (EDS) a été dissous le 17 octobre.

Cinq mois. L’existence du neuvième groupe à l’Assemblée (le dixième étant « Agir ensemble ») n’aura duré que cinq petits mois. Lancé en fanfare le 19 mai dernier, EDS a vu le nombre de ses membres passer de 17 à 15 - seuil minimum pour former un groupe à l’Assemblée - puis à 14 en quelques semaines seulement. Le départ de la députée Jennifer de Temmerman le 16 octobre a scellé le sort d’EDS. La députée du Nord qui avait quitté LREM pour EDS a rejoint le groupe « Libertés et Territoires », « un groupe qui axe ses priorités sur les territoires » a-t-elle justifié dans un communiqué. Depuis plusieurs semaines, la députée des Hauts-de-France faisait part de ses divergences trouvant que « le projet initial a trop dérivé vers la gauche, les ego et les projets personnels ont pris le dessus pour certains ». Dans son viseur, les ambitions régionales de Matthieu Orphelin, co-président d’EDS.

Le groupe EDS qui entendait « bousculer l’Assemblée sur les sujets sociaux, écologiques et démocratiques » et affirmait haut et fort n’être « ni dans la majorité ni dans l’opposition » était composé de députés venant d’horizons variés : des dissidents de LREM (Guillaume Chiche, Emilie Carriou ou Cédric Villani) mais aussi l’ancienne ministre socialiste de l’Ecologie Delphine Batho. Ces dernières semaines, le groupe avait fait entendre sa voix sur divers sujets comme l’allongement de la durée d’IVG - contre l’avis du gouvernement -, le bien-être animal ou encore le retour des néonicotinoïdes. Une voix bruyante et discordante qui gênait LREM. « Ça nous enlève une concurrence pénible et assez perverse. Je n’imagine pas qu’il y ait qui que ce soit qui pleure la disparition du groupe EDS » persifle un cadre de LREM cité par le Monde à l’annonce de la dissolution. Au sein d’EDS, on dénonce une « manoeuvre politique ». « A l’Assemblée, ils sont nombreux à ne pas vouloir d’un groupe qui porte l’écologie. Certains nous ont toujours considérés comme leurs adversaires parce que ce sont des thèmes qu’ils n’arrivent pas à porter » soupire Matthieu Orphelin.

Ces dix groupes politiques à l’Assemblée – une première sous la Vème République, laissaient circonspect son président Richard Ferrand. « Tous ne sont pas très politiques », ce sont plutôt « des groupements d’autoentrepreneurs » expliquait-il devant l’Association des Journalistes parlementaires le 30 septembre dernier. « Est-ce véritablement utile à l’enrichissement de notre vie démocratique ? Je constate en tout cas que cela ne raccourcit pas les débats » ajoutait-il.

La fin du groupe signifie également pour ses membres, la fin de dotations et d’un temps de parole important dans l’hémicycle. Sept de ses collaborateurs ont été également licenciés. Très courtisés par d’autres groupes comme Libertés et Territoires ou les Socialistes, les ex-membres d’EDS ne désespèrent pas de voir se reformer le groupe. 

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