Print this page

Sénat : “Une majorité de droite et du centre confortée”

©Sénat/S.Kerlidou

Les élections sénatoriales du 27 septembre dernier ont permis, sans surprise, à la droite et au centre de renforcer leurs positions. Le parti du président se maintient tout juste, les écologistes font une percée et le RN sauve son siège.

Au lendemain des élections sénatoriales, qui ont vu la droite et le centre conserver et même renforcer leur majorité au Palais du Luxembourg, le président des Républicains (LR), Christian Jacob ne boudait pas son plaisir. « Alors que depuis huit ans », la droite « avait perdu deux présidentielles, deux législatives » et connu « un échec sanglant aux européennes », ces élections sénatoriales permettent à la droite de « renouer avec la victoire ». Le soir même, le président du Sénat Gérard Larcher saluait « une majorité de droite et du centre confortée ». En 2020, a poursuivi Christian Jacob, « nous avons gagné les municipales. C’est-à-dire que sur les élections territoriales, les Français ont fait confiance aux candidats de droite, et notamment aux candidats Les Républicains, et les élections sénatoriales, c’est le prolongement : on gagne dix sièges au Sénat, ce n’est pas rien, ce n’est pas anecdotique, c’est ce qui va nous permettre de nous préparer aux autres échéances territoriales, aux départementales et aux régionales » de 2021.

Selon les dernières projections, le groupe LR dont 76 sièges étaient renouvelables sur ses 144 en gagnerait 6. Leur président au Sénat, Bruno Retailleau, réélu sans difficulté chez lui en Vendée (à plus de 70 %) a alors pu faire remarquer : « Il y a six ans, je devais toujours justifier l’existence du Sénat. Aujourd’hui, tout le monde a compris son importance dans le débat politique ». A signaler aussi le carton plein des Républicains dans les Alpes-Maritimes qui emportent la totalité des 5 sièges de sénateurs en jeu.

Pour sa part, l’Union centriste gagne deux sénateurs passant de 51 à 53 élus. Pour le sénateur de Paris Pierre Charon il est clair que « la majorité sénatoriale conforte aujourd’hui son avance pour que vive le bicamérisme. Nous sommes le seul contre-pouvoir en France ».

Autre marqueur de cette élection, la poussée des écologistes. La victoire aux municipales à Lyon, Bordeaux, Strasbourg et dans plusieurs autres grandes villes permet quasi mécaniquement aux Verts d’envoyer au Palais du Luxembourg de nouveaux élus qui viendront rejoindre les 5 déjà en place. A plus de dix, les Verts vont alors pouvoir reconstituer un groupe politique au Sénat – de 2012 à 2017, les écologistes avaient formé le premier groupe Vert au Sénat -. Un groupe c’est « une promesse de temps de parole accru et de moyens humains supplémentaires » s’est félicitée l’écologiste Esther Benbassa.

Le Parti socialiste (71 sièges, 35 renouvelables) tient sa place et reste le premier groupe d’opposition. Quant aux communistes, les voilà renforcés « avec deux sénateurs supplémentaires, ce qui est une bonne nouvelle pour nos concitoyens » a souligné le secrétaire national du PCF Fabien Roussel qui y voit là « un bon signe que la vraie gauche, la gauche authentique et sincère, se renforce ». Fort de ces résultats, le patron des sénateurs socialistes Patrick Kanner promet alors que « les trois groupes de gauche vont peser ».

Pour ce qui est de LREM (23 sièges sortants dont 10 renouvelables), le score est décevant. Un temps, la majorité présidentielle avait cru pouvoir prendre un peu l’ascendant au Palais du Luxembourg mais les circonstances et les résultats des municipales ont sans aucun doute joué contre lui. Le parti macroniste ne fait que se maintenir. Son chef de file en Côte d’Or François Patriat ne l’a d’ailleurs emporté que de justesse. Deux ministres candidats Sébastien Lecornu (Outre-mer) dans l’Eure, et Jean-Baptiste Lemoyne (Tourisme) dans l’Yonne ont été élus. Une première pour Sébastien Lecornu. Jean-Baptiste Lemoyne avait quant à lui déjà été élu en 2014... sous l’étiquette LR. Les deux devraient cependant rester au Gouvernement cédant leurs places à leurs suppléants. François Patriat et Sébastien Lecornu n’avaient pourtant pas ménagé leurs efforts pour tenter d’amener à eux des élus LR. Sans succès. Au lendemain des sénatoriales, Christian Jacob n’a d’ailleurs pas manqué de railler ces manœuvres estimant qu’ils devaient « arrêter avec ces petites combines » et cette « petite politique politicienne ». Il a aussi ironisé sur l’élection de M. Lecornu qui « a été sévèrement secoué dans son département, il est arrivé en deuxième position face aux Républicains arrivés en tête ».

Enfin, en dépit de sa défaite aux municipales à Marseille, le sénateur RN Stéphane Ravier a déjoué les pronostics en se faisant réélire au Sénat faisant de lui le seul représentant RN au sein de la Haute Assemblée. Autre surprise, l’entrée au Sénat du nationaliste Corse Paul Toussaint Parigi élu en Haute Corse. 

Le renouvellement par moitié du Sénat a lieu tous les trois ans. En 2020, 172 sièges sur 348 étaient renouvelables. 63 circonscriptions en métropole et outre-mer étaient concernées. En métropole, il s’agit des départements (classés dans l’ordre minéralogique) de l’Ain (n°1) à l’Indre (n° 36), ainsi que du Bas-Rhin (n°67) au Territoire de Belfort (n°90) et en outre-mer, la Guyane, les îles Wallis et Futuna, Saint-Barthélemy, Saint-Martin et la Polynésie française sont concernés. Le nombre de sénateurs par circonscription est établi en fonction du nombre d’habitants : de un sénateur pour les Alpes-de-Haute-Provence à 8 pour les Bouches-du-Rhône.

1376 K2_VIEWS