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“Le réseau des écoles françaises à l’étranger en danger”

Alors que la quasi-totalité des 522 établissements du réseau d’enseignement français à l’étranger sont restés fermés pendant la pandémie de Covid-19, les sénateurs demandent un plan d’urgence pour leur venir en aide et répondre aux difficultés financières des familles.

Avec la pandémie du Covid 19, « l’avenir de l’outil d’influence qu’est le réseau d’enseignement français à l’étranger » est aujourd’hui clairement en jeu. C’est la conclusion d’une étude publiée le 24 avril dernier par Robert del Picchia (LR, Français établis hors de France) et André Vallini (SR, Isère), co-rapporteurs de la Commission des Affaires étrangères et de la Défense du Sénat qui ont appelé à « un plan d’urgence de grande envergure ».

L’étude des sénateurs démontre que de nombreuses familles des 370 000 élèves des écoles et lycées français à l’étranger « font aujourd’hui face à de grandes difficultés, avec très peu de visibilité sur l’évolution de leur situation financière ». Les sénateurs estiment alors « urgent de leur proposer des aménagements des droits de scolarité » mais aussi « de prendre des mesures pour préserver les équilibres financiers des établissements et, surtout, de rétablir la confiance au sein du réseau en réaffirmant l’engagement de l’État à maintenir la pérennité et la qualité de l’enseignement français à l’étranger ».

Prévoyant, le 22 avril 2020, le Sénat adoptait deux amendements de Robert del Picchia, dans le cadre de l’examen en première lecture du projet de loi de finances rectificative pour 2020 : l’un pour abonder l’enveloppe des aides à la scolarité ; l’autre pour augmenter le budget de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE) afin de lui permettre de faire face à la crise. Et si ces deux amendements ont été finalement retirés du texte final adopté en CMP, le Secrétaire d’État auprès du Ministre de l’A ction et des Comptes publics, Olivier Dussopt, s’est cependant engagé à en tenir compte. Le Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, avait pour sa part annoncé un plan d’urgence lors de son audition en visioconférence par la commission le 15 avril 2020. « La commission sera attentive aux suites qui seront données à ces engagements » ont d’ores-et-déjà prévenu les rapporteurs.

Robert del Picchia et André Vallini estiment en effet qu’il faut aller plus loin : « le risque d’un net recul des effectifs à la rentrée prochaine est réel » assurent-ils. Certaines associations de parents d’élèves l’évaluent même à 10 % à 15 %. "Il est urgent de procéder à un diagnostic précis de la situation. Aucun établissement scolaire ne doit fermer à la rentrée prochaine !" insiste fermement Robert del Picchia qui rappelle combien ce plan est très attendu par la communauté de l’enseignement français à l’étranger. Un aménagement du dispositif des bourses scolaires a d’ores et déjà été mis en place : il doit être complété par des mesures d’aides aux familles de nationalité étrangère. « Une modulation des taux de participation des établissements au budget de l’AEFE et la préservation des fonds de roulement des établissements sont indispensables » ajoutent les rapporteurs. « Une attention doit être portée à tous les établissements, notamment ceux de petite taille ».

« À défaut d’un plan d’urgence, le repli guette l’enseignement français à l’étranger, confronté à une forte concurrence, remettant en cause l’objectif d’un doublement des effectifs à l’horizon 2030 » conclut non sans inquiétude André Vallini. 


522 établissements d’enseignement français à l’étranger dans 139 pays scolarisent 370 000 élèves, 35 % sont des élèves français résidant à l’étranger et 65 % des élèves étrangers dont les familles ont fait le choix d’une éducation française pour leurs enfants. Ce réseau sans équivalent participe à la présence de la France à l’international. L’Agence pour l’Enseignement français à l’étranger (AEFE) est l’opérateur public sous tutelle du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères en charge de l’enseignement français à l’étranger. Les structures associatives comme la Mission laïque française (MLF) ou l’Association franco-libanaise pour l’éducation et la culture (AFLEC) et également des groupes privés sont aussi des acteurs de l’enseignement français à l’étranger.

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