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Assemblée nationale : Effritement de la majorité LREM

Coup sur coup, deux nouveaux groupes issus des rangs de la majorité et de LREM ont été créés à l’Assemblée nationale faisant perdre sa majorité absolue au parti du président.

Le 19 mai dernier l’Assemblée nationale voyait naître un 9ème groupe parlementaire. Lancé par Matthieu Orphelin (proche de Nicolas Hulot), Paula Forteza et Cédric Villani, des dissidents LREM, le nouveau groupe intitulé « Ecologie, démocratie solidarité » est composé de 17 députés macronistes et anciens macronistes, 10 d’entre eux avaient déjà quitté LREM ou sont issus d’autres partis comme l’ex-ministre PS Delphine Batho, les 7 autres, démissionnaires de LREM sont Emilie Cariou, Guillaume Chiche, Yolaine de Courson, Cédric Villani et Aurélien Taché (aile gauche de LREM) ; Annie Chapelier et Hubert Julien-Laferrière étaient eux encore apparentés LREM.

Avec sa création EDS faisait du même coup et à cette date déjà perdre de justesse sa majorité absolue (289 sièges) au groupe des Marcheurs à l’Assemblée nationale, tombé à 288 membres. Mais pour l’épauler et peu inquiète, la majorité présidentielle savait pouvait compter sur le MoDem et les députés d’Agir. Sans compter que la majorité devait être vite retrouvée avec l’arrivée annoncée de la suppléante d’Olivier Gaillard (ex-LREM) élu maire. Pour autant, le coup de ce 9ème groupe, certes symbolique, était une (première) semonce pour les Marcheurs.

Se présentant comme « indépendant » et assurant n’être « ni dans la majorité ni dans l’opposition », EDS entend ainsi prêcher à l’Assemblée « une ambition forte de transformation sociale et écologique ». « Nous pouvons faire mieux à l’Assemblée nationale » écrivent sûrs d’eux les dissidents dans un communiqué. Ils promettent également qu’ils « pousseront et soutiendront toutes les décisions à la hauteur des enjeux », mais qu’ils sauront aussi « s’opposer dans tous les autres cas ». Et parce qu’« après le Covid-19, plus rien ne doit être comme avant », le nouveau groupe annonce être dans une « démarche ouverte » tout en appelant d’autres élus à les rejoindre. « Plan de réindustrialisation pour une souveraineté et une autonomie retrouvées », « réelle transparence de la vie publique », recherche d’un système de santé « robuste » ou réflexion approfondie autour de « la fiscalité du capital et du patrimoine », engagement en faveur de l’égalité homme-femme sont quelques-unes des « 15 premières priorités » de ce 9ème groupe.

Avec neuf groupes, jamais l’Assemblée n’avait compté autant de groupes parlementaires. Mais nous n’avions encore rien vu. Le 26 mai a été créé un 10ème groupe ! « Agir ensemble » est composé de 17 députés Agir et LREM. Son président Olivier Becht indique que son groupe « à la sensibilité libérale, humaniste, sociale et européenne » se situe « dans la majorité ». On compte dans ses rangs, 7 membres issus de LREM et 10 du groupe UDI-Agir présidé par le centriste Jean-Christophe Lagarde : Olivier Becht, Pierre-Yves Bournazel, Paul Christophe, M’Jid El Guerrab, Christophe Euzet, Agnès Firmin Le Bodo, Thomas Gassilloud, Antoine Herth, Dimitri Houbron, Philippe Huppé, Aina Kuric, Jean-Charles Larsonneur, Vincent Ledoux, Patricia Lemoine, Lise Magnier, Laure de La Raudière et Valérie Petit.

« Nous souhaitons soutenir l’action du président de la République et être un pilier de la majorité » assure Olivier Becht. « La création du groupe « Agir ensemble » vient incarner et donner une voix à une sensibilité politique libérale, humaniste, sociale et européenne qui doit pouvoir s’exprimer pleinement au sein de la majorité actuelle » indique le nouveau groupe dans un communiqué.

Le groupe des Marcheurs à l’Assemblée qui comptait 313 députés à la fin de l’été 2017 voit encore sa majorité s’effriter, en tombant à 282 élus. 

Pour rappel :
« Les groupes sont constitués au minimum de 15 députés réunis en fonction de leurs affinités politiques. La constitution d’un groupe donne lieu à une déclaration politique signée par ses membres et remise à la Présidence, déclaration dans laquelle le groupe peut faire état de son appartenance à l’opposition. Les groupes ne se déclarant pas d’opposition, à l’exception de celui dont l’effectif est le plus nombreux, sont appelés « groupes minoritaires ».
Les groupes politiques jouent un rôle majeur dans le fonctionnement de l’Assemblée nationale. Ainsi :
• les présidents de groupe siègent à la Conférence des présidents ;
• les commissions sont composées en proportion de l’importance numérique des groupes ;
• le temps de parole est distribué en fonction de l’effectif des groupes. »
© Assemblée nationale

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